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Ce que l'on sait de l'évasion d'un détenu fiché S de la prison de Brest

L'homme est toujours recherché, jeudi. Un complice présumé a été placé en garde à vue.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La maison d'arrêt de Brest (Finistère), le 11 août 2002. (FRED TANNEAU / AFP)

Un détenu en cavale et un complice en garde à vue. L'homme qui s'est évadé de la prison de Brest, mercredi matin, est toujours recherché, jeudi 17 mai. Agé de 21 ans, il a réussi à fuir lors d'un transfert vers un hôpital, à bord d'un véhicule qui l'attendait à proximité. L'un de ses complices s'est rendu et se trouve en garde à vue.

Qui est le détenu ?

Un Breton de 21 ans. Anthony Pondaven, 21 ans, est originaire de Landerneau, près de Brest. Ce Breton se trouvait, au moment de son évasion, en détention provisoire depuis le 13 novembre, pour "vol par escalade dans un entrepôt", selon le parquet de Brest. Sa détention devait se prolonger jusqu'en juillet. 

Vol, dégradation et outrage. Le fugitif compte 23 mentions à son casier judiciaire pour des faits de vol, dégradation et outrage notamment, a précisé le procureur de la République de Brest, Jean-Philippe Récappé, à l'AFP. Incarcéré à plusieurs reprises à Brest, notamment alors qu'il était encore mineur, l'homme a également été emprisonné à Nantes.

Fiché S. Il s'agit donc d'un détenu de droit commun, mais qui est "potentiellement radicalisé", selon la direction de l'administration pénitentiaire. Cet homme "fait l'objet d'une fiche S parce qu'il a une tendance à la radicalisation [islamiste] et qu'il est suivi pour ça", selon le procureur. Il n'a cependant jamais été condamné pour des faits de terrorisme ou d'apologie du terrorisme, a-t-il ajouté, assurant dans la soirée qu'il était toujours activement recherché. Il s'est radicalisé "à travers les fréquentations qu'il avait en détention", selon Thierry Labrot, du syndicat UFAP de Brest.

Comment s'est-il évadé ?

Un transfert médical. Convoqué pour un examen ophtalmologique aux urgences, le détenu a été transféré, escorté par trois agents pénitentiaires non armés, vers l'hôpital Morvan, à Brest. C'est le médecin de la prison qui avait demandé cette consultation médicale, précise France Bleu Breizh Izel. Le détenu avait été informé la veille de ce rendez-vous. En descendant du véhicule, l'homme a fait semblant de refaire ses lacets, puis a forcé le passage pour fuir en courant. Selon le syndicat FO pénitentiaire, un agent est parvenu "à le plaquer une première fois au sol, mais le détenu s'est relevé et a rejoint un véhicule". 

Deux complices. Une Peugeot 306 dans laquelle "au moins deux hommes" l'attendaient. Le véhicule a démarré en trombe, arrachant le portail de l'hôpital. Jeudi matin, le fugitif est toujours activement recherché par les forces de l'ordre. La Direction interrégionale de la police judiciaire et la brigade des fugitifs ont été saisies.

Où en est l'enquête ?

Le parquet de Brest a ouvert une enquête pour évasion avec violence. 

Des téléphones portables retrouvés dans sa cellule. Plusieurs téléphones portables ont été découverts dans la cellule du fugitif, selon les informations de France 3

Un complice en garde à vue. Un complice du détenu est en garde à vue, jeudi, d'après les informations de France Bleu Breizh Izel. Le Télégramme précise que l'homme est "le chauffeur de la voiture" qui a permis l'évasion et qu'il s'est présenté lui-même au commissariat.

Y a-t-il eu des dysfonctionnements ?

"Une enquête interne a été diligentée et une demande d'explication a été formulée auprès des trois agents qui composaient l'escorte de ce détenu", selon les informations de France 3. Car cette évasion soulève plusieurs questions.

Le détenu informé trop tôt de son transfert ? "Le premier dysfonctionnement, c'est que le détenu a été informé bien trop tôt qu'il allait sortir en extraction médicale", estime Emmanuel Baudin, secrétaire général FO Pénitentiaire, à franceinfo. Selon lui, "il a pu prévenir ses complices puisqu'il avait un téléphone portable comme tous les détenus en France". C'est pourquoi "la procédure est qu'on prévient le détenu 10 à 15 min avant de l'extraire", rappelle-t-il.

Des agents sous-équipés ? Les agents pénitentiaires qui accompagnaient le détenu pendant son transfert n'étaient pas armés. Ils étaient équipés "d'un sifflet et d'un gilet pare-balles", selon Emmanuel Baudin. En outre, "il y a encore quelques années, tous les détenus qui sortaient en extraction médicale avaient des entraves, ce qui les empêchait de courir. Ce genre d'évasion n'était pas possible", a-t-il expliqué.

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