PMA : "Il faut que toutes les questions puissent être posées pour nous puissions légiférer en toute sérénité"
Agnès Firmin Le Bodo, députée de Seine-Maritime (groupe Les Constructifs), préside la commission spéciale de l'Assemblée nationale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique.
"Il faut que nous puissions légiférer en toute sérénité afin de faire un projet de loi et l'améliorer s'il doit l'être", a observé mardi 27 août sur franceinfo Agnès Firmin Le Bodo, députée du groupe Les Constructifs de Seine-Maritime. Elle préside la commission spéciale de l'Assemblée nationale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique. Ce texte en cours de préparation sera examiné fin septembre par les députés.
Deux points liés à la PMA ont "animé" le débat en sein de la commission ce mardi matin, a indiqué la députée : le droit des enfants de connaître l'identité du donneur à leur majorité et la question du stock existant de gamètes.
franceinfo : Est-ce bien nécessaire de répéter une nouvelle fois les arguments ? Ce projet de loi peut-il encore bouger ?
Agnès Firmin Le Bodo : Les discussions et les travaux ont déjà eu lieu, maintenant les questions que peuvent poser mes collègues parlementaires sont sur la base du texte de projet de loi qui a été soumis fin juillet. C'est l'intérêt du travail éducatif et c'est ce pourquoi les députés existent, c'est aussi pour faire évoluer les projets de loi, soit par le biais d'amendements, soit aussi par le gouvernement qui pourra éventuellement y déposer des amendements.
Les enfants auront le droit à la majorité de connaître l'identité du donneur en cas de PMA. Pour le porte-parole des familles homoparentales, c'est une avancée mais aussi une rupture d'égalité si cela est limité aux couples homosexuels. Pourquoi seuls les enfants issus de ces couples auraient-ils ce droit ?
Cela fait partie des débats qui nous ont animé un bon moment ce matin. Le texte permet à l'enfant issu d'un don de pouvoir accéder à l'origine de son donneur. Une partie des personnes auditionnées ce matin souhaitent que cette question soit aussi ouverte aux couples hétérosexuels, ce qui ne semble pas être le cas d'autres. C'est pour ça qu'il faut continuer à auditionner. C'est une bonne question, une partie des gens auditionnés ce matin ont donné cette réponse. J'ai mon avis à titre personnel, je pense qu'il faut pouvoir l'ouvrir à tout le monde mais ce n'est que mon avis. Il faut que tout le monde puisse s'exprimer et qu'on puisse trouver un équilibre dans le texte qui permette à chacun de pouvoir bénéficier s'il le souhaite, à 18 ans, de l'accès à ses origines.
Le stock existant de gamètes va t-il être détruit ?
La destruction du stock existant est un vrai sujet qui suscite beaucoup d'émotion. La ministre hier a déjà donné une partie de la réponse en disant que le stock ne sera détruit que lorsqu'il y aura eu reconstruction de celui-ci. C'est un sujet qui nous a animé ce matin, la majorité des associations était plutôt défavorable voire très défavorable à la destruction du stock existant.Je ne sais pas si c'est ce qui va se passer, c'est un sujet qui va animer nos débats dans les heures et jours à venir et peut-être que des amendements vont être déposés dans ce sens.
Ne redoutez-vous pas des manifestations comme lors du débat sur le mariage pour tous ?
Le climat n'est pas tendu, donc il n'a pas besoin d'être apaisé. Il faut que nous travaillions dans des conditions tout à fait apaisées et sereines. Il faut que toutes les questions puissent être posées pour avoir des réponses et que nous puissions légiférer en toute sérénité afin de faire un projet de loi et l'améliorer s'il doit l'être. Je crois que notre rôle et notre devoir de parlementaire est de faire en sorte de pouvoir débattre, que toutes les questions puissent être posées, que chacun puisse vraiment s'exprimer dans le respect et dans l'écoute de tous mes collègues parlementaires. Je ne dis pas qu'il n'y aura pas de cristallisation, le rôle qui sera le mien sera de faire en sorte que ces débats puissent se passer en toute sérénité. Nous nous le devons à nous-mêmes mais aussi à nos concitoyens.
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