"On a la trouille des réactions", confie un couple de femmes avant l'ouverture du débat sur l'élargissement de la PMA
Sarah et Jennifer s'apprêtent à partir en Espagne pour une tentative d'insémination. En parallèle, elles suivront les débats sur le projet de loi de bioéthique en France.
Sarah et Jennifer avouent avoir "un peu la trouille de voir quelles sont les réactions". Ce couple de trentenaires va suivre avec intérêt les débats sur le projet de loi de bioéthique, et notamment l'élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes célibataires. À partir du mardi 27 août, les 72 députés de la commission spéciale vont procéder à deux semaines d'auditions avant d'examiner le texte à partir du 10 septembre.
Une logistique lourde
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, estime que l'élargissement de la PMA pourrait concerner 2 000 femmes par an qui souhaitent concevoir un enfant. C'est le cas de Sarah et Jennifer, qui s'apprêtent à partir en Espagne pour une troisième tentative d'insémination, les deux premières ayant échoué. "C'est la course. Il va falloir s'absenter du travail, prendre un hôtel et des billets d'avion. On est généralement au courant deux jours avant l'intervention", explique l'une d'elle qui parle d'une logistique "lourde".
Si le geste médical est simple et rapide une fois sur place, les médecins observent les hormones jusqu'à la dernière minute pour décider de la date d'intervention. Cette attente rend les préparatifs compliqués, d'après elles. Le coût de la procédure accentue les difficultés.
C'est un business florissant en Espagne.
Sarah et Jenniferà franceinfo
"Une insémination artificielle, qui est l'acte le plus facile, coûte 1 400 euros, sans compter les frais de déplacements annexes, explique une de ces femmes, et si cela ne marche pas, la fécondation in vitro (FIV) revient à presque 8 000 euros." Pour elle, "les cliniques espagnoles bénéficient des Françaises qui viennent payer cher".
Le retour de la Manif pour tous ?
En France, si la loi passe, les couples de femmes ne concevront plus d'enfant dans l'illégalité, le statut de mère sera donné plus facilement à celle qui n'a pas porté l'enfant et les frais médicaux seront remboursés par la Sécurité sociale. Sarah et Jennifer vont suivre les débats sur la loi bioéthique, même si elles les "appréhendent beaucoup". "Quand on se souvient de la Manif pour tous, j'ai un peu la trouille des réactions, si elles sont vives, agressives, douloureuses pour nous", confient-elles.
La loi, si elle est votée en France, ne sera pas appliquée avant au moins un an. Sarah et Jennifer poursuivent leur processus de PMA en Espagne et elles espèrent qu'un jour leur deuxième enfant sera conçu en France.
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