Réforme de la police judiciaire : une centaine de policiers réunis à Paris pour éviter que la "PJ disparaisse"
Ils dénoncent la réforme défendue par le ministère de l'Intérieur, qui prévoit de réunir tous les services de la police sous l'autorité d'un seul directeur départemental. Ils craignent une perte de compétence.
La contestation a gagné la capitale. Plusieurs centaines de policiers se sont rassemblés devant le siège de la police judiciaire à Paris, mardi 11 octobre à la mi-journée. Ils protestent contre une réforme de la police judiciaire portée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, et qui prévoit de placer tous les services de police d'un département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières et police judiciaire - sous l'autorité d'un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.
Ils se sont rassemblés devant le "Bastion", le prestigieux siège de la PJ parisienne, situé au 36 rue du Bastion dans le 17e arrondissement. Un numéro symbolique pour ce service de la police, puisque les locaux historiques étaient situés au 36 quai des Orfèvres. Les policiers ont notamment entonné La Marseillaise et brandi des portraits de Georges Clémenceau, fondateur des brigades du Tigre, ancêtres de la PJ.
Tous sont venus malgré les menaces de sanctions brandies par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "La plus grande sanction qu'on pourrait avoir, c'est que la PJ disparaisse, qu'elle soit fondue dans la globalité de la direction d'un département", répond Caroline, commandant de police à la PJ d'Evry, au sud de Paris. "S'il doit y avoir des sanctions, je pense que le nombre de personnes qu'il y a ici montre que c'est quelque chose qui est infime pour nous par rapport à ce qu'on risque demain si la réforme passe", poursuit-elle.
Les magistrats solidaires des policiers
Les policiers de la PJ parisienne sont les plus nombreux dans ce rassemblement, qui fait suite à de nombreuses manifestations partout en France. Pourtant, ils ne sont pas concernés, car ils dépendent de la préfecture de police de Paris qui échappe à la réforme. Mais ils sont là en soutien à leurs collègues, tout comme des magistrats du palais de justice de Paris, situé juste à côté. "Dans police judiciaire, il y a judiciaire, ça concerne donc la justice", justifie Matthieu Bonduelle, juge d'instruction. "En réalité, le sujet, pour nous, magistrats, c'est le même que pour les enquêteurs qui sont mobilisés", ajoute-t-il.
"Le problème, c'est quelles seront les priorités de demain ? Pourra-t-on encore faire des dossiers de criminalité organisée, des dossiers de délinquance financière ?"
Matthieu Bonduelle, juge d'instructionà franceinfo
Les enquêtes de la PJ concernent des dossiers "qui prennent du temps, qui ne sont pas très rentables, ni en termes d'affichage, ni en termes de statistiques", ajoute Matthieu Bonduelle, mais ils sont "très importants". "Je ne dis pas évidemment que la voie publique n'a pas son importance, mais ce qui est en jeu là, c'est de savoir qui pourra continuer de faire du judiciaire, c'est-à-dire des investigations au long cours ?", interroge encore le magistrat.
Policiers et magistrats s'affichent donc main dans la main pour dénoncer une perte de compétences et de moyens de la police judiciaire. C'est là leur principale crainte avec cette réforme, qui ne sera finalement pas finalisée avant l'été prochain.
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