Colère des policiers : le mouvement à la recherche d'un second souffle
Les syndicats de policiers sont reçus à l'Élysée par François Hollande mercredi. Après une semaine de contestation, le mouvement commence à montrer des signes d'essoufflement.
François Hollande reçoit les syndicats de police mercredi 26 octobre à 18 heures pour tenter de reprendre la main et redonner un côté officiel et organisé à la grogne des policiers. Après une semaine de contestation, le mouvement tente, lui, de trouver un second souffle, notamment parce qu'il a du mal à s'organiser.
Un problème de leadership a été soulevé dès jeudi dernier, avec un premier coup dur médiatique autour de Rodolphe Schwartz, le porte-parole auto-proclamé. L'homme, qui court après les micros et les caméras, n'est pas policier et se révèle très marqué politiquement à l'extrême-droite. Beaucoup de policiers ont très mal vécu ce qu'ils considèrent comme une tentative de manipulation.
Des rassemblements moins suivis par les policiers
"Parfois, on se demande comment se mobiliser. Il y a des appels qui tournent sur les réseaux sociaux mais sans savoir qui se trouvent derrière", témoigne un policier de l'Essonne, qui a le sentiment d'une désorganisation au fil des jours. "C'est difficile de se mobiliser tous les jours parce qu'on a aussi une vie privée."
Le résultat est flagrant dès le week-end suivant, ainsi que lundi soir : les rassemblements nocturnes attirent beaucoup moins de monde. Depuis, de nouveaux porte-paroles, plus respectables, ont été désignés : un ancien policier du Raid et l'avocat Me Laurent-Franck Lienard. Difficile de savoir néanmoins comment ils ont été choisis puisqu'il n'y a eu aucun vote, ni de consultations organisées.
Les syndicats à la rescousse
Le soupçon de récupération politique reste bien présent au sein du mouvement. Lundi dernier, les policiers se sont retrouvés place de l'Opéra à Paris. Ils se sont arrêtés devant la statue de Jeanne d'Arc pour chanter la Marseillaise, un acte hautement connoté : c'est l'une des traditions annuelles du Front National.
Pour Jean-Claude Delage, le secrétaire général du syndicat Alliance police, cela ne fait aucun doute : le mouvement est noyauté depuis le début par le Front National. Mais il reste persuadé que la plupart des policiers sont de bonne foi : "Les policiers qui sont dans la rue, je les respecte. Leurs revendications, je les reprends et je vais les porter devant le président de la République et le Premier ministre."
"Regardez où les gens défilent. Interrogez-vous un peu, plutôt que de donner la parole à des gens qui ne représentent pas la police nationale
Le responsable syndical met clairement en cause une sur-médiatisation du mouvement depuis une semaine : "Ce n'est pas le mouvement syndical qui est discrédité, c'est parfois vous qui êtes en train de le discréditer. Quand on discrédite le mouvement syndical, on discrédite la démocratie."
Mercredi soir à l'Elysée, les syndicats vont devoir prouver qu'ils sont capables d'être plus efficaces. Ils y vont avec la volonté d'imposer l'incarcération systématique pour les agresseurs de policiers et l'assouplissement des règles de légitime défense.
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