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Qui est Robert Paturel, le nouvel homme fort de la contestation policière ?

Ancien formateur du Raid, ce franc-tireur annonce qu'il sera le porte-parole du mouvement, en dehors de toute appartenance à un syndicat. Mais son profil agace certains policiers.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Robert Paturel, lors d'une séance de dédicace au Shooting and Games Show, le 9 septembre 2011 à Paris. (MAXPPP)

C'est la nouvelle voix de la contestation policière. Robert Paturel a passé vingt ans comme formateur au Raid, où il a même inventé la "méthode tonfa", dans les années 1980. Sa carrière inspire le respect de ses pairs, mais ses opinions politiques, elles, sont plus discutées. Mi-octobre, le "Gorille" publie un billet dans la revue d'extrême droite Présent, pour soutenir les policiers attaqués à Viry-Châtillon (Essonne). "N'attendez pas de griller dans une voiture !" écrit-il. Au cours d'un entretien au site Breizh info, l'ancien formateur livre un discours proche des théoriciens du "grand remplacement" : "Il faut que les gens sachent que les musulmans seront majoritaires dans 30 ans. (...) Et cette fois nous serons bien contraints de filer doux ou de disparaître."

Certains agents préfèrent donc se montrer prudents, alors que le mouvement a déjà été accusé d'être infiltré par l'extrême droite par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Contacté par franceinfo, Robert Paturel assure défendre un mouvement apolitique. "Je comprends que ça suscite des remous, mais il y a des journaux qui me proposent d'écrire ce que je pense", répond l'ancien du Raid.

Les gens pensent ce qu'ils veulent, mais je ne suis encarté avec personne. Je ne dis pas que je suis contre les idées d'extrême droite, j'écoute un peu tout le monde. Des fois, je me sens plutôt de gauche, d'autres, plutôt de droite. Je veux rester un électron libre.

Robert Paturel

à franceinfo

Difficile de connaître son influence réelle sur le mouvement, lui qui se défend de lancer des appels à manifester. "Je me garderais bien de lancer un appel à la mobilisation. Je suis un porte-parole. Mon rôle est de collecter les revendications et de m'entretenir avec les autorités." Pour le moment, Robert Paturel est absent des rassemblements, car il dispense des formations de boxe de rue à La Réunion, à l'invitation d'une entreprise de sécurité. Mais l'ancien du Raid motive les troupes, sur les réseaux sociaux, et s'adresse aux plus réticents : "Je m'adresse aux jeunes policiers qui ne me connaissent pas, je comprends que vous soyez réticents, mais je vous assure que j'ai absolument rien à gagner dans l'affaire."

Qui l'a sollicité ? Mystère

Robert Paturel est accompagné par l'avocat Laurent-Franck Liénard, un spécialiste de la question de la légitime défense, qui prodigue déjà ses premiers conseils : "Il faut adopter une tenue éloignée de celle des casseurs que l'on voit dans toutes les manifs." Ce dernier a notamment défendu la mère d'Aurélie Fouquet, policière tuée par le braqueur Redoine Faïd. Le tandem porte plusieurs revendications, dont la mise en place de peines plancher pour les agresseurs de policiers. "Ce n'est même pas une loi à changer. A Viry-Châtillon, c'est une tentative d'assassinat. Il faut appeler un chat un chat." LCI, BFMTV... Robert Paturel est déjà très sollicité par les médias. "Il sera porte-parole du mouvement. On lui a proposé, il a accepté", annonce ainsi Dominique Rizet, dès lundi matin.

Mais qui l'a sollicité ? Mystère. "Je ne vais pas donner les noms, c'est un ensemble", répond-il, en citant les nombreux commentaires enthousiastes postés sur les réseaux sociaux. Comme Rodolphe Schwartz, Robert Paturel adopte un discours musclé et refuse d'associer les syndicats. Un discours qui rencontre un certain écho parmi les agents. "Je ne sais pas ce qui s'est passé avec les syndicats, se défend Robert Paturel. Les gens qui ont organisé ce mouvement n'en veulent pas." Ceux-ci fulminent en coulisses, furieux d'être ainsi débordés. "Je n'aime pas ces types, lâche un responsable, leurs opinions nous décrédibilisent." Alors que François Hollande doit rencontrer les organisations représentatives, mercredi, le "Gorille" espère lui aussi bénéficier de l'oreille attentive des autorités.

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