"Les autorités françaises ont imposé des restrictions excessives et illégitimes du droit de manifester", accuse Amnesty International
Dans son rapport annuel publié ce mercredi 24 avril, l'ONG Amnesty International accuse les autorités françaises d'avoir "imposé à de nombreuses reprises des restrictions excessives, disproportionnées et illégitimes du droit de manifester".
L'ONG évoque les arrestations "d'un grand nombre de manifestants" au cours de l'année passée. Elle rappelle que certains se sont "vu confisquer des équipements de sécurité, banderoles, haut-parleurs, casseroles et autres ustensiles, de façon tout à fait arbitraire". Amnesty critique les interdictions de manifestations prises par certaines autorités locales "invoquant des risques de troubles à l'ordre public" lors de la mobilisation contre la réforme des retraites, mais aussi depuis l'attaque du Hamas contre Israël.
"En octobre, le ministre de l'Intérieur a adressé un message aux préfets leur demandant d'interdire toute manifestation organisée en solidarité avec la Palestine, ce qui constituait une atteinte disproportionnée et discriminatoire au droit de réunion pacifique", fustige l'organisation. Amnesty dénonce l'utilisation de "la force, notamment [du] matraquage aveugle" pour "disperser des manifestations" contre le projet de mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) ou contre la réforme des retraites.
Racisme "institutionnel et systémique"
Amnesty International affirme avoir constaté l'an dernier de "nombreux actes de vandalisme et violences à caractère raciste, xénophobe ou anti-LGBTI". Elle déplore notamment les actes de vandalisme "contre des centres d'accueil" LGBT+, contre "des mosquées, des synagogues et des cimetières", ou encore les tags "nazis ou antisémites" qui ont été inscrits sur plusieurs bâtiments scolaires ces derniers mois. L'ONG considère que "les cas se sont multipliés à la suite de la flambée de la violence en Israël et dans la bande de Gaza".
Elle déplore par ailleurs un "racisme systémique" et une "discrimination religieuse" persistante en France, "notamment à l'égard des femmes et jeunes filles musulmanes". L'ONG cite notamment l'interdiction, à la rentrée scolaire 2023, du port de l'abaya et du qamis dans les établissements scolaires publics. L'organisation regrette ainsi qu'en une semaine "des dizaines de jeunes filles musulmanes s'étaient vu refuser l'accès à leur établissement scolaire, en violation de leurs droits à l'éducation et à la non-discrimination".
Amnesty International dénonce de manière plus générale un "racisme institutionnel et systémique" qui peut transparaître à travers "les contrôles d'identité discriminatoires à l'égard des hommes et des jeunes gens noirs ou arabes". L'organisation considère que "le Plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations liées à l'origine", présenté en janvier par le gouvernement, n'a pas répondu à ce problème, "ni même reconnu son existence".
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