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Charlie Hebdo : de l'attentat à la neutralisation des terroristes

Le procureur de la République François Molins a donné une conférence de presse vendredi soir et refait le film des évènements. De nouveaux éléments ont été livrés comme la relation très proche entre les épouses du preneur d'otages de l'épicerie casher et l'un des frères Kouachi.
Article rédigé par Cyril Destracque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
  (La prise d'otage de cette supérette casher de Paris a débuté peu avant 14h © Maxppp)

 L'attentat contre Charlie Hebdo 

"Dans les locaux de l'hebdomadaire satirique, on a retrouvé 31 étuis de calibre 7.62, 5 ogives et 25 douilles" a expliqué François Molins, le procureur de Paris en charge de l'enquête, soulignant au passage l'extrême violence de l'attaque. Parmi les 10 personnes blessées,  l'une d'entre eux est "toujours entre la vie et la mort" a indiqué le magistrat. Dans le véhicule abandonné par les terroristes, on a retrouvé "10 cocktails Molotov, un drapeau djihadiste, un gyrophare et pare-soleil police, mais  aussi et surtout une carte d'identité au nom de Saïd Kouachi et, sur un des cocktails Molotov, une empreinte digitale de Chérif Kouachi.  

Les auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo 

"Saïd Kouachi n'a jamais été poursuivi ni condamné. Il avait été entendu sur l'affaire des filières irakiennes mais il n'avait jamais été mis en examen ". Son frère, Chérif, lui, par contre est connu. Il a été condamné à de la prison en 2008 et a été mis en examen et placé sous mandat de dépôt pour une complicité dans l'évasion d'un détenu mais n'a jamais été renvoyé aux assises, "faute de charges suffisantes" . Il avait fait un séjour au Yémen en 2011.  

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François Molins a, par ailleurs, souligné que "500 appels avaient été échangés entre l'épouse de Shérif Kouachi et celle de Amédy Coulibaly, Ayat Boumediene" toujours en cavale vendredi soir. Ce qui, aux yeux du magistrat, atteste de "liens constants et soutenus entre les deux couples"

La traque des frères Kouachi 

Différents membres de la famille des Kouachi ont été interpellés mercredi soir entre 23 h et minuit pour association de malfaiteurs en vue de préparer ou de commettre des actes terroristes. Jeudi matin, on retrouve la trace des deux frères Kouachi dans une station-service à Villers-Cotterêts où ils braquent le gérant en exhibant des armes. Ils se sont fait remettre de la nourriture sous la menace. Vendredi matin, vers 8H, à Nanteuil-le-Haudouin, dans l'Oise, deux hommes armés surgissent d'un bois et braquent une automobiliste en lui disant "qu'ils sont là pour venger le prophète" .  Ils abandonneront le véhicule dans la zone artisanale de Dammartin-en-Goële à l'occasion d'un échange de tirs avec les gendarmes. Au cours de l'échange, l'un des frères Kouachi, Saïd, a été "légèrement blessé à la gorge"   avant que tous deux se réfugient dans une imprimerie voisine et "prennent en otage le gérant." Leur véhicule Clio lui sera retrouvé embourbé dans un village à quelques kilomètres de là. Le gérant est relâché à 10h20 et laisse les terroristes dans l'entreprise avec un jeune salarié "caché sous un lavabo dans la salle de restauration"

L'accident de Montrouge 

Jeudi matin, peu avant 8h, une policière municipale s'écroule au sol en intervenant sur un banal accident de circulation. Un homme armé de Kalachnikov a fait feu sur elle. Une cagoule est découverte sur les lieux des faits. Elle porte l'ADN de Coulibaly mais on les enquêteurs le découvriront plus tard. Après qu'un portrait-robot a été établi. Deux suspects sont placés en garde à vue. Des fausses pistes.  

La prise d'otage de la supérette Casher 

Paris, vendredi, 13h55. Un homme armé entre dans un supermarché casher porte de Vincennes. C'est Amedy Coulibaly qui revendique son acte auprès d'une chaîne de télévision "en reprochant à la France de s'attaquer à l'Etat islamique".  Après contact avec les frères Kouachi, il était "chargé de faire des policiers" selon les mots du terroriste rapportés par François Molins. L'assaut  est lancé à 17h. Amedy Coulibaly est tué. 4 corps sont retrouvés dans la supérette. "Compte tenu de l'état des corps et des déclarations du terroriste aux médias" , à ce stade de l'enquête, le procureur estime que les otages ont été tués par le terroriste. Dans le magasin, on a découvert deux fusils mitrailleurs. Une quinzaine de bâtons d'explosifs avaient été disposés dans la boutique "piégée ". 

L'assaut à Dammartin-en-Goële

Vendredi, peu avant 17h, les frères Kouachi qui n'ont pas répondu aux appels des négociateurs du RAID entrouvrent la porte de l'imprimerie CTD, de "15cm environ" précise François Molins, sortent munis de fusils d'assaut  et ouvrent le feu sur les forces de l'ordre. Dans un premier temps, le GIGN riposte avec des grenades à effet de souffle mais les deux terroristes continuent de tirer.  Le GIGN est "alors contraint de les neutraliser" précise le procureur de Paris. L'assaut est terminé. En inspectant les locaux, on retrouvera "un lance-roquette avec une roquette engagée dans le chargeur, 10 grenades fumigènes, deux fusils mitrailleurs et deux pistolets automatiques." 

L'enquête continue 

Ce vendredi soir, il y avait encore 5 personnes en garde à vue. "Toutes les procédures vont être jointes étant donné l'entente entre ces trois terroristes pour commettre toutes ces actions criminelles. L'enquête va devoir déterminer le financement de ces actions criminelles, la provenance de ces armes et toute assistance dont ils auraient pu bénéficier."  Une cellule interministérielle reste activée pour les victimes et les membres de leur famille. Toute information peut lui être transmise au 01 45 50 34 60. 

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