Chambon-sur-Lignon se prépare à une nouvelle épreuve
Au mois de novembre 2011, le corps d’Agnès, 13 ans, était retrouvé carbonisé dans une forêt de Haute-Loire. C’est Matthieu, un jeune homme de 17 ans sous contrôle judiciaire, en garde à vue depuis la veille qui a mené les gendarmes dans cette forêt. En 2013, il est jugé par la Cour d’assises des mineurs de Haute-Loire et est condamné à la prison à perpétuité. Son avocate a fait appel et Matthieu est jugé une nouvelle fois à partir de ce lundi, cette fois devant les assises de Riom (Puy-de-Dôme).
"Ca fait remonter pleins de choses et est-ce que c'est vraiment utile?" (une habitante de Chambon-sur-Lignon)
Me Isabelle Mimran a choisi de faire appel car pour elle, la peine infligée à son client "n'a pas de sens. Cela signifie qu'on le considère comme un monstre qu'il convient d'éliminer, qu'on a fait d'ores et déjà une croix sur la perspective de ce garçon de se soigner et de s'améliorer ". Nos confrères de France Bleu Saint-Etienne Loire se sont rendus ce weekend dans la ville où le drame s'est déroulé, Chambon-sur-Lignon. L'ancienne présidente de l'association des parents d'élèves du collège Cévenol où était scolarisée Agnès ne veut pas entendre parler de ce procès en appel. "J'ai épaule plusieurs élèves qui ont témoigné au premier procès et je n'ai pâs envir de suivre ce procès à nouveau ", confie-t-elle, "c'est quelque chose de difficile à vivre et je n'ai pas du tout envie de me replonger dans ces moments qui sont difficiles ".
Cette affaire a détruit "beaucoup de choses ", selon Martine, une habitante, "le collège Cévenol " en premier lieu, qui a fermé ses portes cette année, "il avait certes des problèmes de manque d'élèves mais" l'affaire "a été la goutte d'eau qui a fermé une page d'histoire ".
Dysfonctionnements
Le procès devrait durer dix jours et le verdict est attendu le 10 octobre. Le jeune homme sera jugé pour deux affaires : celle d’Agnès et celle de Julie, une camarade de 15 ans qu’il avait violé dans le Gard. Les débats concernant Julie seront tenus à huit clos, sur demande de la famille, et ceux d’Agnès seront publics. La famille d’Agnès entend dénoncer "les dysfonctionnements de l'institution judiciaire ". Elle a d'ailleurs assigné l'Etat pour faute lourde devant le tribunal de Paris.
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En effet, lors du premier procès, de nombreux dysfonctionnements ont été démontrés, notamment dans le suivi de l’accusé, ce qu'avait confirmé le ministre de l’Intérieur de l’époque, Claude Guéant. Après une première détention pour le viol de Julie, un pédopsychiatre montpelliérain et une expertise psychiatrique avaient conclu à la non-dangerosité de Matthieu. C'est ainsi qu'il est remis en liberté et qu'avec l’accord du juge des libertés, son père le scolarise au Cévenol où il tend un piège à Agnès. Le suivi psychologique effectué en Haute-Loire est minimal car la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ne le rencontre qu’une fois et ne suit pas son évolution. Enfin, la direction du collège Cévenol affirme qu’elle n’a jamais été mise au courant de la nature des faits reprochés à Matthieu.
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