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Affaire Chambon-sur-Lignon: comment évaluer la "dangerosité" d'un criminel ?

Incompréhension après la mort de la jeune Agnès au Chambon-sur-Lignon. Son assassin présumé, après un premier viol un an plus tôt, avait été jugé "réinsérable et non dangereux", par les experts. Comment "mieux" évaluer la dangerosité ? Le garde des Sceaux Michel Mercier annonce un projet de loi.
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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En France, il n'existe pas un, mais deux types de méthodes pour évaluer la dangerosité d'un délinquant ou d'un criminel : l'expertise clinique et l'expertise actuarielle.

L'expertise clinique se fonde sur un entretien avec la personne. Il s'agit de recueillir son témoignage, de l'entendre évoquer son passé, les faits pour lesquels il est mis en cause, et son interprétation, selon une grille de questions, comme celle-ci parue dans le Bulletin de psychiatrie en 2009. L'expertise actuarielle elle se fonde sur les probabilités. La personne est donc soumise à un long questionnaire, dont les résultats sont croisés avec des données statistiques relevées sur des populations criminelles ciblées. Et les experts, selon un barême pré-établi, en déduisent un risque ou non de récidive.

Dangerosité "psychiatrique" ou "criminologique" ?

Conflit de méthodes. La première est aujourd'hui la plus répandue, mais jugée désuète et trop subjective par les tenants de la seconde. Celle-ci en revanche est validée aux Etats-Unis, au Canada ou en Belgique, mais encore très marginale en France, où la méthode paraît trop systématique. A chaque score correspondrait un risque plus ou moins élevé de récidive. 

Reste qu'aucune méthode n'est parfaite. Que "dangerosité psychiatrique " ne signifie pas forcément "dangerosité criminologique ". Que la définition d'ailleusr de la dangerosité d'un individu n'est pas très précise dans la législation française, comme le signale un rapport réalisé à la faculté de médecine de Poitiers. Et que certains experts eux-mêmes déplorent l'absence de filière propre à la psycho-criminologie.

Le sujet est, en tout cas, de nouveau sur la table : Michel Mercier, le Garde des Sceaux a annoncé ce matin que la question de "l'évaluation de la dangerosité " des délinquants sera incluse dans une projet de loi "présenté au Conseil des ministres la semaine prochaine ". 


Faut-il réformer l'expertise criminelle ? L'avis de Jean-Pierre Bouchard, psychologue et criminologue (avec Bernard Thomasson)

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