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"J'ai dû lui expliquer qu'ici, c'était très compliqué" : un jeune issu de l'immigration quitte la France, dégoûté des discriminations

Regards mal placés, sous-entendus racistes... Un ingénieur de 27 ans, d'origine maghrébine, explique comment l'expérience du racisme au quotidien l'a convaincu de quitter la France. 

Article rédigé par franceinfo - Mahaut Landaz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
En 2013 (dernière année pour laquelle les données sont disponibles), 198 000 personnes nées en France ont quitté le territoire. (Photo d'illustration) (NEW)

En raison de la teneur homophobe de certains propos, pouvant tomber sous le coup de la loi, tenus sur Twitter par l'une des personnes interrogées dans cet article, nous avons décidé de supprimer son témoignage. 

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Une décision radicale, mais mûrement réfléchie. Karim, 27 ans, a décidé de quitter la France pour l'Angleterre. Combien sont-ils dans son cas ? Difficile de le savoirEn 2013, dernière année pour laquelle les données sont disponibles, 198 000 personnes nées en France ont quitté le territoire. Un chiffre en augmentation de 25% par rapport au précédent décompte, en 2011. Mais impossible de connaître la part de jeunes issus de l'immigration. 

Karim est ingénieur. Il gagne bien sa vie. Mais les discriminations, l'impression de ne pas être à leur place, ont fini par avoir raison de leur volonté de rester en France.  

Plus surveillé au supermarché

Karim s'apprête à s'installer à Londres. Ras le bol de ce "climat", symbolisé par la "disqualification de Mennel Ibtissem de 'The Voice' ou encore le déchaînement contre Maryam Pougetoux, la responsable de l'Unef voilée". Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, abonde dans le même sens. 

Cette polémique sur Mennel est effrayante. Ça envoie le message que quels que soient les signaux qu'on donne, il y aura toujours des gens qui exploiteront des failles pour théoriser le fait que les Arabes et les Noirs ne s'intégreront jamais.

Dominique Sopo, président de SOS Racisme

à franceinfo

Avec son accent du Sud, Karim affirme d'abord "ne pas avoir d'exemples personnels de discriminations racistes". Mais le ton change lorsqu'on demande au jeune Marseillais s'il avait eu l'impression d'être traité différement lorsqu'il se rendait dans un magazin, en étant plus surveillé que la moyenne. "Ah oui, bien sûr, mais ça c'est le quotidien !" Il explique ainsi qu'à 12 ans, il ne pouvait pas entrer seul au supermarché par exemple. 

Une intériorisation de la stigmatisation

Une forme d'exclusion qui peut pousser à un mouvement de repli communautaire. Karim explique ainsi que "si on montre qu'on est pratiquant, on est perçu comme potentiellement dangereux". Pendant un entretien d'embauche à Londres, il demande à son interlocuteur s'il est possible de prévoir un endroit pour prier.

Il a rigolé, il ne comprenait pas que je lui pose la question ! J'ai dû lui expliquer qu'en France c'était très compliqué, voire impossible.

Karim, ingénieur informatique

à franceinfo

De ce récit ressort également l'intériorisation de cette stigmatisation. Karim, raconte ainsi avoir été "surpris" d'être contrôlé par une femme voilée à l'aéroport de Londres. Une intériorisation qui n'a rien "d'extraordinaire" pour le président de SOS Racisme. "C'est une manière de repousser le stigmate qu'on perçoit sur soi-même. Et aussi un mécanisme qui permet de dire inconsciemment 'Je ne suis pas ces jeunes-là, intégrez-moi, voyez bien, je les déteste autant que vous'", estime pour sa part Dominique Sopo. 

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