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Conditions d'accueil, droit d'asile, couverture santé... Ces sujets qui divisent la classe politique dans le débat sur l'immigration

Les députés débattent lundi 7 octobre à propos de la politique migratoire de la France, un sujet qui divise, à l'Assemblée comme dans la société.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les débats sur l'immigration à l'Assemblée nationale, le 7 octobre 2019. (CAPTURE D'ÉCRAN / FRANCEINFO)

Quel cap pour la politique migratoire de la France ? L'Assemblée nationale aborde lundi 7 octobre ce thème hautement sensible, qui divise jusque dans la majorité, en attendant d'éventuelles décisions de l'exécutif. Il est prévu un débat sans vote, autour de six axes de travail, dont notamment une réflexion sur les prestations sociales accordées aux demandeurs d'asile.

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Les conditions d'accueil des migrants

La France accueille-t-elle trop de réfugiés ? Ce n'est pas la question, affirme Philippe Bouyssou, maire communiste d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). L'élu fait partie des treize maires de France signataires d'une tribune dans Libération, pour demander à l'État d'agir urgemment à ce sujet. "Le problème n'est pas qu'il y a trop de migrants dans notre pays. Je rappelle quand même que ça représente annuellement une croissance de la population générale du pays de 0,4%." Pour le maire, le problème est plutôt au niveau de l'accueil des réfugiés. "Les choses se sont aggravées", selon lui.

Les conditions dans lesquelles des gens sont en train de survivre sont des conditions qui sont indignes de notre pays.

Philippe Bouyssou

à franceinfo

"L'État doit bien évidemment accueillir, et c'est notre devoir, estime pour sa part sur franceinfo Alexandra Valeta-Ardisson, députée La République en marche (LREM) des Alpes-Maritimes (ex-Les Républicains). Mais sur 123 000 demandes d'asile, 33 000 ont obtenu le statut de réfugié. Donc on voit bien qu'il y a un delta." Selon la parlementaire, le droit d'asile est aujourd'hui "dévoyé" : "On a aujourd'hui une forte proportion d'Albanais par exemple et de Géorgiens qui demandent l'asile. Or, moins de 10% des Albanais et des Géorgiens obtiennent l'asile aujourd'hui en France. Ce sont des personnes qui viennent en sachant pour la plupart pertinemment qu'elles n'obtiendront pas l'asile."

Les places d'hébergement pour les demandeurs d'asile

Alexandra Valetta-Ardisson défend l'action du gouvernement en matière d'accueil : "Cette année on va créer plus de 5 500 places pour les demandeurs d'asile. Donc on voit bien que l'État se saisit de cette problématique-là. Mais on a aussi des personnes qui restent dans les logements actuels pour demandeurs d'asile qui ont soit été déboutées de l'asile, soit qui ont obtenu le statut de réfugié. Donc le nombre de places serait suffisant si les gens étaient bien 'répartis' comme il fallait."

Aujourd'hui beaucoup de personnes restent dans des structures pour demandeurs d'asile alors qu'elles n'ont plus à l'être.

Alexandra Valetta-Ardisson

à franceinfo

"Il y a aussi beaucoup de personnes qui restent entièrement en dehors des dispositifs, rétorque Philippe Bouyssou sur franceinfo, Ils finissent par poser des problèmes sanitaires, des problèmes de vivre ensemble avec le reste de la population et il faut s'en occuper de toute urgence. Par exemple la fermeture de la grande 'bulle' qui accueillait les gens porte de la Chapelle [chapiteau qui accueillait des migrants jusqu'en avril 2018, au nord de Paris] est une catastrophe humanitaire."

La notion polémique de "pays sûr"

La définition d'un pays classé "sûr" fait partie du débat. "L'Albanie, l'une des dernières dictatures communistes du monde, est considérée comme un pays sûr pour ses ressortissants, ça veut dire qu'il n'y aurait pas de réfugiés politiques possible dans ce pays", estime Philippe Bouyssou.

Personne ne veut quitter son pays, sa culture, son histoire, uniquement pour aller faire du tourisme social ou sanitaire.

Philippe Bouyssou

à franceinfo

"Ces gens qui fuient ne le font pas de gaieté de cœur, poursuit le maire communiste d'Ivry. C'est après un parcours migratoire, c'est dans 90% des cas pour fuir la misère et essayer de sauver la vie de ses gamins. Autre exemple : l'Arabie Saoudite est considérée comme un pays sûr. Mais quand vous êtes homosexuel là-bas et que vous risquez la prison, vous fuyez."

L'accès aux soins et "l'attractivité" de la France

Faut-il réformer les différents systèmes de couverture sociale pour les personnes étrangères ? Il y a d'une part la Puma (Protection universelle maladie, ancienne CMU), qui bénéficie aux demandeurs d'asile. Une période de carence de trois mois pour les soins non-urgents est envisagée par le gouvernement. D'autre part, l'AME (Aide médicale d'État), qui bénéficie aux sans-papiers.

"Quand on voit aujourd'hui l'augmentation significative en France des demandeurs d'asile, et pas dans d'autres pays européens, on peut se dire qu'à un moment donné, la France est plus attractive que d'autres pays européens, estime Alexandra Valetta-Ardisson. D'autres pays européens n'ont pas notre système de protection santé. L'AME offre un panier de soins qui est déjà extrêmement large et qui va bien au-delà de toutes les offres de santé de première nécessité. Je pense effectivement qu'un délai de carence, pourquoi pas de trois mois, pourrait être une bonne chose."

Mais cette proposition ne fait pas l'unanimité, au sein même de la majorité. "Cela me choque, c'est un problème de santé publique pour tous les Français", estime par exemple sur franceinfo Jean-François Césarini, député LREM du Vaucluse. "Ce n'est pas juste une aide pour les gens qui viennent en tourisme médical. Je ne crois pas à cela. Qu'est-ce que soigne l'AME ? Des gens qui ont le sida, des gens qui ont des maladies qui peuvent être contagieuses."

Si on laisse ces gens-là dans les rues sans les traiter, tôt ou tard, ce sera un problème pour tout le monde.

Jean-François Césarini

à franceinfo

De son côté, le député du Rassemblement national Louis Aliot plaide carrément pour une suppression de l'AME : "Qu'on soigne les situations d'urgence, ça ne me pose aucun problème, c'est naturel et c'est humain. Mais on n'est pas obligés de recevoir toute la misère du monde ou, en tout cas, de donner des signaux à d'autres de pouvoir venir en France et de se faire soigner gratuitement, parce que l'État est déjà en faillite virtuelle au niveau de ses comptes, qu'on le veuille ou non", avance-t-il sur franceinfo.

Le maire communiste d'Ivry, Philippe Boisseau, s'offusque en revanche d'une possible période de carence : "Vous imaginez laisser des gens trois mois dans une situation sanitaire déplorable, avec des problèmes de microbes ? Comment peut-on déterminer un panier de soins ? On a allumé un contre-feu tout à fait incroyable sur ces histoires de chirurgie esthétique il y a quelques temps, c'est une honte ! Personne ne quitte son pays pour venir bénéficier des soins de la France. Les gens quittent leur pays parce que dans le leur, ils ne trouvent pas de minimum nécessaire pour survivre."

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