Violences sexistes et sexuelles à l'école : "L’accompagnement par les établissements scolaires n'est pas à la hauteur", déplore une ONG

"64%" des répondantes au baromètre "ont déclaré n'avoir jamais bénéficié d'une séance de prévention contre les violences à l'école", regrette Diane Richard, porte-parole de l’ONG Plan International France, jeudi sur franceinfo.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Des élèves de 3e participent à un cours de français dans un collège, le 7 septembre 2023. Image d'illustration. (GUILLAUME BONNEFONT / MAXPPP)

"L’accompagnement par les établissements scolaires n'est pas à la hauteur", a dénoncé jeudi 25 janvier sur franceinfo Diane Richard, porte-parole de l’ONG Plan International France. Selon son baromètre sur les violences sexistes et sexuelles, un quart des femmes entre 13 et 25 ans déclarent avoir été victimes au moins une fois d'une violence sexiste et sexuelle, soit 15% des collégiennes et 18% des lycéennes. Plan International France milite pour l'égalité entre les filles et les garçons.

Un millier de jeunes femmes ont été interrogées pour cette enquête. "5 % des répondantes à notre sondage ont déjà évité de se rendre en classe à cause de violences dans l'établissement. C'est très inquiétant", a alerté Diane Richard. Autre constat de l'ONG, quand les jeunes femmes sont victimes de violences de genre, elles n'en parlent pas au personnel scolaire par manque de confiance : "64 % d'entre elles ont déclaré n'avoir jamais bénéficié d'une séance de prévention contre les violences à l'école. L’école ne remplit pas son rôle de prévention", a regretté Diane Richard. "Forcément, on a moins confiance en l'établissement", précise-t-elle

franceinfo : Quelle est la nature de ces violences ?

Diane Richard : Les violences de genre en milieu scolaire, ce sont des violences sexistes et sexuelles, des actes ou des menaces de violence sexuelle qui peuvent être physiques ou psychologiques au sein ou autour des écoles. Ce sont des violences qui découlent de normes et de stéréotypes de genre et qui sont imposées par des rapports de force inégaux. Ces violences vont constituer forcément l'un des principaux obstacles aux droits des enfants et en particulier des filles qui vont éventuellement éviter l'école. 

"5% des répondantes à notre sondage ont déjà évité de se rendre en classe à cause de violences dans l'établissement. C'est très inquiétant."

Diane Richard, de l'ONG Plan International France

sur franceinfo

Lorsqu'on a peur de subir des violences, quand on se rend à l'école, le réflexe est de se protéger en évitant soit carrément l'école, soit en évitant certains lieux comme la cour de récréation. Lorsqu'il s'agit de cyberharcèlement, ça va être d'éviter les réseaux sociaux puisque 12% des répondants de sondage ont déclaré avoir déjà évité de se rendre sur les réseaux sociaux par peur des violences.

Quels sont les profils des auteurs de ces violences ?

Il y a plusieurs profils types qui se dégagent. La majorité des violences, mais c'est le cas partout, pas seulement à l'école, ce sont des hommes ou des garçons à 83%. C’est aussi souvent le fait de groupes de personnes, surtout dans le cas du cyberharcèlement. C’est souvent des groupes qui s'attaquent à une personne à 61%. Ensuite, ce sont en effet surtout des jeunes à 92%. On observe aussi quand même quasiment 10% d'adultes, des jeunes qui déclarent avoir été victimes de personnel éducatif par exemple. C’est aussi un sujet auquel il faut s'intéresser.

Les jeunes filles semblent avoir des difficultés à en parler. Pourquoi ?

La majorité en parle, mais ce qui est assez problématique, c'est que la plupart en parlent à leurs proches, à leur famille ou à leurs amis, à 58% dans les cas de violences sexistes et sexuelles. Mais en fait, ils en parlent très peu avec le personnel scolaire. C’est quand même problématique parce que ce sont des violences qui se produisent à l'école. Elles devraient avoir confiance en l'école pour résoudre ces problèmes-là. Mais en fait, c'est seulement 18% pour les violences sexuelles, seulement 36% pour le cyberharcèlement. L’accompagnement par les établissements scolaires n'est pas à la hauteur. 64% d'entre elles ont déclaré n'avoir jamais bénéficié d'une séance de prévention contre les violences à l'école. L’école ne remplit pas son rôle de prévention. 

"En conséquence, forcément, on a moins confiance en l'établissement et donc on a seulement 37% qui estiment que l'établissement accompagne suffisamment les victimes de violences."

Diane Richard, de l'ONG Plan International France

sur franceinfo

Pourtant, les politiques semblent s’emparer du sujet...

Je regrette quand même qu'il faille que des drames se produisent pour s'y intéresser. Quand on en parle, ensuite, on attend encore de voir les résultats concrets. C’est bien d'avoir un plan interministériel. Mais ce qu'on remarque quand même, c'est qu'il se centre aussi beaucoup sur la répression. Il n'y a pas assez de prévention et il n'y a pas assez d'approches globales de lutte contre le sexisme et la culture du viol. Il ne faut pas traiter le sujet à l'école de façon isolée. Ça se produit à l'école, mais ça se fait dans tous les autres milieux et donc l'école. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.