Trois choses à savoir sur Catherine Millet, corédactrice de la tribune sur la "liberté d'importuner"
Catherine Millet ressurgit dans la sphère publique depuis la publication de la tribune sur "la liberté d'importuner" les femmes et s'illustre par ses propos polémiques.
La polémique ne s'éteint pas, après la publication, mardi 9 janvier dans Le Monde, d'une tribune sur "la liberté d'importuner" les femmes. Bien au contraire. Elle continue d'être alimentée par les propos controversés de certaines des signataires, invitées à justifier leur position dans les médias. C'est le cas par exemple de l'animatrice de radio Brigitte Lahaie, qui a affirmé sur BFMTV que l'"on peut jouir lors d'un viol".
L'écrivaine Catherine Millet, qui a participé à la rédaction de la tribune, est aussi au cœur des débats. Invitée de l'émission "Quotidien" jeudi, elle a déclaré avoir "une certaine compassion pour les frotteurs" dans les transports en commun. "Malheureusement, je suis trop âgée pour que ça m'arrive comme ça m'arrivait quand j'étais plus jeune", regrette-t-elle même sur France Inter."Ce n'est pas du harcèlement", assure-t-elle à propos de ce comportement. Effectivement, comme le rappelle Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, il s'agit d'une agression sexuelle, punie par la loi.
Mais qui est Catherine Millet ? Si vous ne la connaissez pas, franceinfo vous dresse son portrait.
C'est "la prêtresse de l'art contemporain"
Catherine Millet avait 20 ans en mai 1968, et a vécu pleinement la période de libération sexuelle qui a suivi. C'est aussi à cette époque qu'elle démarre sa carrière professionnelle et entre comme critique d'art aux Lettres françaises. Elle a participé au rayonnement d'artistes comme César, qu'elle décrit comme "un grand ami" dans une interview à France Inter.
En 1972, elle fonde la revue d'art contemporain Art press, dont elle est toujours la directrice de la rédaction. Art press devient au fil du temps "une sorte d'institution, sans équivalent dans la presse française", engagée "du côté de la libération sexuelle et de l'idéologie marxiste" et Catherine Millet est "considérée comme la prêtresse de l'art contemporain", décrit L'Express.
Elle se décrit comme "Madame sexe"
Catherine Millet est surtout connue pour son livre La Vie sexuelle de Catherine M., paru en 2001. Elle y raconte, en des termes parfois très crus, sa vie sexuelle débridée et les parties fines auxquelles elle avait l'habitude de se livrer. "Le livre de Catherine Millet n'est pas érotique, il est pornographique, c'est là sa force", commentait à l'époque un critique de Libération, saluant "un féminisme inédit". La vie conjugale de ses parents, qui faisaient lit à part, l'a incitée "à séparer sexe et sentiments", explique-t-elle alors au journal.
Si certains éditeurs de la maison Le Seuil s'avouaient sceptiques, comme le rapporte L'Express, le livre est un succès. Traduit dans plus de 40 langues, il est écoulé à 700 000 exemplaires en France et à trois millions dans le monde. Plus d'une décennie plus tard, elle estime, dans un entretien à Sud Ouest, avoir été "'Madame sexe' en France". Mais elle n'est "pas sûre que [son] livre aurait rencontré [aujourd'hui] un succès tel que celui qu’il a eu en 2001", jugeant que "l’époque actuelle est régressive sur le plan de la sexualité".
Elle "regrette beaucoup de ne pas avoir été violée"
Catherine Millet n'en est pas à son premier propos outrancier. "Je ne suis pas une provocatrice. Par contre, je dis ce que je pense. Et là, ça peut être provocant", admettait-elle dans son interview à Sud Ouest. Elle est ainsi allée jusqu'à suggérer que des femmes pourraient vouloir être harcelées sexuellement. Au micro de "L’Heure bleue", sur France Inter, en novembre dernier, elle affirmait : "Il faut prendre conscience de la souffrance des femmes qui sont par exemple des femmes très laides, ou les femmes âgées, et que plus aucun homme n'a envie de harceler sexuellement".
A contrario, elle dit avoir du mal à comprendre la réaction de certaines femmes violées. "Je ne comprends pas les femmes qui souffrent d’avoir été violées", avait-elle déjà dit dans un entretien à Elle en 2008, arguant que, pour elle, son corps et son être sont totalement dissociés : "Je pense que mon corps est un objet qui ne se confond pas avec ma personne." Elle a réitéré ces propos sur France Culture en décembre dernier, après qu'une journaliste lui a fait remarquer que les femmes victimes de viol sont traumatisées par la violence de l'agression. Catherine Millet avait alors rétorqué : "Ça c'est mon grand problème, je regrette beaucoup de ne pas avoir été violée. Parce que je pourrais témoigner que du viol, on s'en sort."
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