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"Le Monde" revient sur les coulisses de la tribune défendant la "liberté d'importuner" les femmes

Accusé d'avoir "pris partie pour les 'porcs'", le quotidien se justifie et plaide le "malentendu" sur le "statut même de ce texte".

Article rédigé par franceinfo
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Les messages #metoo et #balancetonporc sur la main d'une manifestante lors d'un rassemblement contre le harcèlement et les agressions sexuels, place de la République à Paris le 29 octobre 2017.  (BERTRAND GUAY / AFP)

Pourquoi Le Monde a publié mardi 9 janvier une tribune soutenant "la liberté" des hommes "d'importuner" les femmes, signée notamment par Catherine Deneuve, Catherine Millet, Catherine Robbe-Grillet ou encore Elisabeth Lévy ? Le quotidien tente de s'en expliquer, samedi 13 janvier, dans un article (réservé aux abonnés) signé par le médiateur du Monde, intitulé "L’instant Deneuve : retour sur une tribune polémique".

Le responsable des pages Débats, Nicolas Truong, raconte avoir été contacté par l'écrivaine Catherine Millet dans la soirée du vendredi 5 janvier. L'auteure de La Vie sexuelle de Catherine M., paru en 2001 aux éditions du Seuil, lui fait part de l'existence d'un texte signé par de nombreuses femmes "en réaction au climat idéologique qui s’est installé dans la mouvance de #MeToo". Le texte définitif parvient à Nicolas Truong dans la soirée du dimanche 7 janvier. Puis le lundi soir, il reçoit un appel de Catherine Millet : Catherine Deneuve signe la tribune.

La une du "Monde" datée du mercredi 17 janvier 2018. (DR)

"Avec cette signature connue dans le monde entier, l’affaire change de nature. Impact maximum garanti", écrit le médiateur du Monde, Franck Nouchi. Il raconte également les interrogations de la rédaction sur la place à accorder au texte : "Fallait-il faire 'plus gros' en une ?" Autre débat qui traverse les rédacteurs du journal : "A-t-on eu raison de publier cet article qui va à l’encontre des 'valeurs' défendues par le journal ?" s'interrogent "plusieurs jeunes rédactrices et rédacteurs"quand d'autres "souvent plus âgés, se demandaient si nous n’étions pas passés à côté d’une manchette choc". 

Un malentendu à propos de cette tribune ?

Le médiateur du Monde rappelle également le rôle des pages Débats du quotidien : "Susciter des points de vue contradictoires, défendre le pluralisme des idées, animer le débat public." Nicolas Truong semble également s'étonner de certaines réactions venues des réseaux sociaux : "A lire certaines réactions, Le Monde aurait pris partie pour les 'porcs'. Nous aurions trahi la cause des femmes." Et il pointe une "césure" entre la réaction des internautes sur les réseaux sociaux et les abonnés du Monde, "favorables au texte".

Il fallait publier ce texte.

Franck Nouchi

Pour Delphine Roucaute, rédactrice en chef du Monde.fr, les "malentendus chez nombre d’internautes" viendraient du "statut même" du texte, à savoir une tribune. "Nous devrions faire un effort de présentation de manière à ce que les internautes, moins au fait de la 'grammaire' du Monde que nos abonnés, comprennent immédiatement qu’ils ont à faire à une tribune et non à un article écrit par un journaliste maison", écrit encore Nicolas Truong.

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