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"S'il le fallait, on déménagerait" : les familles qui choisissent l'instruction à domicile inquiètes de son éventuelle limitation

L'instruction à domicile pourrait être fortement limitée par l'une des mesures du projet de loi séparatisme. Les parents qui préfèrent l'enseignement à la maison plutôt qu'à l'école se battent pour préserver cette liberté pédagogique.

Article rédigé par Alexis Morel - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Carine et ses deux enfants, Nathanaël et Joshua, dans leur salon à Lille, en décembre 2020. (ALEXIS MOREL / RADIO FRANCE)

Autour de la table de la salle à manger, dans cette famille de Lille, c'est l'heure de la leçon d'histoire, pour Joshua, 11 ans, et de physique-chimie pour Nathanaël, 14 ans. La prof ici, c'est leur mère : "Pour moi, c'est une chance de leur offrir cette flexibilité dans les apprentissages", explique Carine. Ses enfants n'ont jamais été inscrits à l'école, c'est à la maison qu'ils apprennent : trois heures de cours le matin, des activités ludiques l'après-midi.

L'instruction à domicile concerne 50 000 enfants en France. Mais ce système pourrait bien être limité par l'une des mesures du projet de loi séparatisme ("confortant les principes républicains"), présenté mercredi 9 décembre en Conseil des ministres : l'obligation de scolarisation dès 3 ans. Selon le gouvernement, ce choix d'enseigner à la maison cache parfois des dérives séparatistes. Mais face à la mobilisation des associations et au risque juridique, les choses bougent, on s'oriente désormais vers une mesure plus souple que prévue, avec de nombreuses exceptions.

"Pas différents des autres enfants"

"On choisit la méthode pédagogique qui convient le mieux, on fait des choses plus dans le concret, c'est plus individualisé, donc forcément plus efficace, justifie Carine. Et puis ils sont curieux, ils vont chercher dans tous les domaines, explorer. Il n'y a pas quelque chose qu'ils détestent."

"J'ai l'impression qu'ils ont eu une enfance qui a respecté leurs besoins : besoins de mouvement, besoins affectifs..."

Carine

à franceinfo

Visiblement, l'école ne manque pas du tout aux enfants : "Oui, on a des amis ! On va bien", assure l'un des garçons. "Je n'ai pas l'impression d'être différent des autres enfants", poursuit son frère.

Pour Carine, il ne faut donc surtout pas enlever cette liberté. Selon elle, l'instruction en famille n'a rien à voir avec les dérives séparatistes de quelques-uns. "Cela fait 14 ans qu'on a trouvé cet équilibre, on ne comprend pas ! On ne connaît aucune famille qui soit dans des dérives radicalisées." Joshua, lui, appréhende une éventuelle inscription au collège : "Cela me fait bizarre, je n'ai pas trop envie. Si on me dit que je dois obligatoirement rentrer dans un collège, je ne m'y vois pas du tout."

"L'instruction en famille est réglementée, on est inspectés, visités à domicile, par la mairie et l'Éducation nationale, on n'est absolument pas perdus dans la nature."

Carine

à franceinfo

Alors la famille est prête à tout pour sauver son modèle. "S'il le fallait, on déménagerait. La Belgique n'est pas loin, c'est quelque chose qu'on envisage, quitter la France", affirme la mère de famille. En attendant de pouvoir lire le projet de loi, mercredi, Carine a installé des panneaux explicatifs sur ses fenêtres pour tenter de sensibiliser ses voisins à sa cause.

L'inquiétude des familles qui ont choisi l'instruction à domicile

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