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"Ce que soulève la jupe" : un élu lycéen défend la démarche

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Extrait du dossier de presse présentant la journée "Ce que soulève la jupe", organisée dans 27 lycées de l'académie de Nantes (Loire-Atlantique) le 16 mai 2014. (DR)

Des opposants à la "théorie du genre" dénoncent l'organisation, vendredi, d'une journée contre le sexisme dans l'académie de Nantes, où les lycéens sont invités à porter une jupe. L'un des promoteurs de cette initiative s'explique.

Il est de retour : le spectre de la supposée "théorie du genre" inquiète à nouveau ses détracteurs. La faute à une journée intitulée "Ce que soulève la jupe", une initiative contre le sexisme organisée vendredi 16 mai dans 27 établissements de l'académie de Nantes (Loire-Atlantique).

"Lycées : l'académie de Nantes demande aux garçons de se mettre en jupe le 16 mai", a titré Le Figaro mercredi 14 mai. "Faux", a répondu Benoît Hamon, questionné sur ce point par une députée à l'Assemblée nationale. Le ministre de l'Education a dénoncé "des mensonges colportés par des organisations radicales".

Qu'en est-il réellement ? Francetv info résume ce que l'on sait de cette journée.

L'académie est-elle à l'initiative de la journée ?

Non, l'action est née de la réflexion d'élèves au Conseil académique de la vie lycéenne (CAVL), précise l'académie de Nantes, qui a tout de même mis l'initiative en valeur sur son site dans un dossier de presse. Le CAVL réunit trois fois par an vingt lycéens de toute l'académie, représentant leurs camarades, ainsi que des personnes nommées par le recteur. "Le rectorat ne nous a pas insufflé l'idée, mais il ne s'y est pas opposé", explique à francetv info Loukian Jacquet, lycéen membre du CAVL et président du Syndicat général des lycéens.

"L'initiative a été proposée par la commission citoyenneté et discriminations du CAVL, raconte-t-il. Cela répond à la problématique des inégalités hommes-femmes. Il y a des remarques machistes par exemple au lycée. On s'est demandé comment on pouvait engager la réflexion, trouver un dispositif original qui attirait l'attention."

La décision de créer cette journée a été prise par les lycéens du CAVL, assure-t-il. "Il y avait des adultes lors de la délibération, mais ils ne sont pas intervenus car il n'y avait pour nous pas matière à polémique. C'était quelque chose de constructif, il y a eu un travail de fond dessus."

Tous les élèves vont-ils devoir porter une jupe ?

Non. Dans les établissements participants, les lycéens - filles comme garçons - sont invités à porter le temps d'une journée une jupe, précise effectivement  la présentation du projet. Un autocollant contre le sexisme est également proposé en guise d'alternative. Mais personne n'est obligé à rien. L'académie ajoute que les établissements sont également encouragés à organiser des "cafés citoyens", des "débats", des "affichages" sur les stéréotypes.

"Il n'y a pas que la jupe dans cette initiative, confirme Loukian Jacquet. On sait bien que tous les élèves ne vont pas en porter une. Et puis l'action n'aurait pas de sens s'il n'y avait pas de démarche derrière." "Ce symbole-là est accompagné d'un kit pédagogique, avec des chiffres, des vidéos, des affiches, explique l'élève. Dans mon lycée, on a organisé toute une exposition avec des panneaux, pour expliquer par exemple pourquoi, dans certaines filières, les filles sont sous ou sur-représentées."

Pourquoi une polémique ?

L'initiative n'est pas nouvelle : elle a déjà été organisée en avril 2013 dans 20 lycées de l'académie. "Je n'ai eu aucun retour négatif, explique au Figaro une responsable de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement (Peep), plutôt classée à droite. A l’inverse, des éléments positifs sont remontés, des élèves racontant que certains professeurs masculins s’étaient prêtés au jeu l’année dernière en venant en jupe."

Mais cette année, la journée intervient quelques semaines après la polémique sur le supposé enseignement de la "théorie du genre" à l'école, via les ABCD de l'égalité proposés par la ministre Najat Vallaud-Belkacem. L'idée d'un garçon en jupe a immédiatement suscité l'ire de certains opposants. Le groupe local Les Nantais pour la famille a ainsi appelé à une action de protestation pacifique vendredi. "Les seules manifestations ne suffisent plus, prévient même la leader du Printemps français sur Twitter. Tout cela se terminera très mal, c'est certain."

"La polémique me fait sourire, réagit Loukian Jacquet. Si ça peut nous donner un petit coup de pouce médiatique... On va peut-être avoir un communiqué de Jean-François Copé ?"

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