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"Inégalitaire", "trop académique", "pas pertinent"... l'OCDE blâme le système scolaire français

Dans un entretien accordé au "Monde", le directeur de l'éducation au sein de l'organisation internationale pointe du doigt les défauts de l'enseignement en France.

Article rédigé par franceinfo
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Dans une classe de maternelle, en 2009, au Mans (Sarthe). (GILE MICHEL / SIPA)

L'OCDE met une très mauvaise note à la France. Interviewé par Le Monde, vendredi 29 août, le directeur de l'éducation au sein de l'organisation, Andreas Schleicher, passe au crible tous les pans du système éducatif français. Et le constat n'est pas tendre.

"L'enseignement n'est pas pertinent en France", résume le grand patron du classement Pisa qui évalue le niveau scolaire des élèves de quinze ans dans 65 pays. Pour l'année 2012, la France ne s'y place qu'à la 25e place, derrière nombre de pays européens et asiatiques. Francetv info répertorie les critiques de l'OCDE contre le système éducatif français.

Trop académique par rapport au reste du monde

Les élèves français sont "en décalage" avec ceux du reste du monde, fustige Andreas Schleicher dans les colonnes du journal du soir. "Le monde moderne se moque bien de ce que vous savez. Il s'intéresse à ce que vous savez en faire. Il a besoin de gens créatifs, capables de croiser les sujets quand l'école française fait encore trop réciter des leçons. (...) En France plus qu'ailleurs, on n'enseigne pas suffisamment ce qui sera pertinent pour réussir sa vie !"

Les sept premières places du classement Pisa sont détenues par des Etats asiatiques. "Les enseignants (en Asie) sont formés à la gestion de classe, bien mieux qu'en France", justifie le directeur de l'OCDE. En France, on ironise souvent sur les bons résultats dans l'étude Pisa des écoles asiatiques, les accusant d'être des machines à produire des robots. "Des stéréotypes sur l'école asiatique", estime Andreas Schleicher, qui servent surtout à se justifier.

Les mêmes critiques se font d'ailleurs entendre en France à propos du classement de Shangai, où seulement 21 établissements d'enseignement supérieur français ont été recensés parmi les 500 meilleures universités du monde en 2014. La France s'y place à la sixième place, derrière les Etats-Unis et la Chine.

Inégalitaire malgré le discours

Le directeur allemand de l'éducation au sein de l'OCDE ajoute que "l'école française est l'une des plus inégalitaires au monde". Un comble "alors que l'égalité est un sujet omniprésent dans le débat en France".

"Elle est très loin de l'idéal dont rêve ce pays, en dépit d'efforts conséquents comme le temps que les jeunes Français passent en classe et l'âge précoce auquel on les y envoie !", condamne-t-il.

Avec une entrée en maternelle à l'âge de trois ans en moyenne, la France fait partie des pays européens où l'on commence sa scolarité le plus tôt, d'après un document du syndicat Unsa. Au Danemark ou en Allemagne, qui sont placés devant nous dans le classement Pisa, la grande majorité des enfants entrent à l'école à six ans.

Peu attractif pour les enseignants

Mais à quoi est dû tant de médiocrité ? Andreas Schleicher blâme en premier lieu les enseignants : "La qualité d'un système éducatif n'est jamais supérieure au talent de ses enseignants. On ne changera les mentalités des élèves qu'en changeant celle des professeurs."

Il critique la pratique française, qui permet aux enseignants expérimentés de choisir leur classe et du coup, de laisser les établissements les plus difficiles à des débutants. "Plus un enseignant est installé dans le système, plus il a le choix de ses élèves. A contrario, un jeune diplômé est tout de suite confronté à une immense difficulté. (...) En France, vous défiez le bon sens."

La faute aux syndicats, selon lui, qui "reflètent l'identité d'un système éducatif". "Si vous avez un système très 'industriel', les syndicats reproduisent cette structure et se battent comme ceux des ouvriers pour les salaires, les effectifs", attaque le patron du Pisa. Et Andreas Schleicher de conclure : "Un pays a les syndicats qu'il mérite."

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