Harcèlement : après l'interpellation en plein cours d'un élève, "la police n'a pas forcément sa place dans un établissement", selon le SNES-FSU

La secrétaire générale du syndicat enseignant s'interroge après l'interpellation en plein cours d'un adolescent de 14 ans, à Alfortville (Val-de-Marne), suspecté de harcèlement à l'encontre d'un élève transgenre.
Article rédigé par franceinfo
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Un mineur âgé de 14 ans a été interpellé en pleine classe au collège Henri Barbusse d'Alfortville (Val-de-Marne), après une main courante déposée par le père d'une élève transgenre. (JULIEN BARBARE / MAXPPP)

L'interpellation en plein cours d'un élève soupçonné de harcèlement "a beaucoup choqué parce que l'on estime que la police n'a pas forcément sa place dans un établissement scolaire", a déclaré mardi 19 septembre sur franceinfo Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, le premier syndicat dans le second degré, après l'interpellation en plein cours, à Alfortville (Val-de-Marne), d'un adolescent de 14 ans, soupçonné de propos homophobes à l'encontre d'une élève transgenre. Son père a déposé une main courante.

franceinfo : Quelles sont les réactions après cette interpellation ?

Sophie Vénétitay : Il y a une certitude et des questions. La certitude est que face à ce qui se révèle être du harcèlement à connotation homophobe ou transphobe, il va de soi qu'il faut réagir, sanctionner. On sait que le harcèlement fait du mal aux élèves, peut tuer. Si de tels faits sont avérés, il faut sanctionner à l'intérieur de l'établissement. Et puisque c'est un délit, il faut que la police et la justice s'en emparent. C'est un message que l'on doit aux élèves qui sont harcelés. Les questions que peuvent se poser les collègues qui ont appris ce qui s'était passé, c'est pourquoi la police est entrée dans l'établissement ? Est-ce qu'il n'était pas préférable que les choses se déroulent de manière différente ? Comment on en est arrivé là ? Qui a pris la décision d'entrer dans l'établissement scolaire ? Cela fait beaucoup d'interrogations, mais cela ne doit pas effacer l'impératif absolu de lutte contre le harcèlement, et de la prévention qui doit être menée.

L'intervention des policiers en plein cours vous choque-t-elle ?

Cela a beaucoup choqué, parce que l'on estime que la police n'a pas forcément sa place dans un établissement scolaire. C'est est un lieu où les élèves sont là pour apprendre. Quand ils ne respectent pas les règles d'un établissement scolaire, ils sont sanctionnés, et on leur apprend pourquoi il faut les respecter. Quand ils ne respectent pas les règles pénales, là aussi ils peuvent être sanctionnés avec derrière un travail éducatif pour qu'ils apprennent de leurs erreurs. Tout cela doit se faire dans le respect de ce qu'est un établissement scolaire. Donc, ce soir, il y a des questions sur la gestion de ce cas.

Est-ce que cela peut servir d'électrochoc pour les élèves ?

C'est le mot du ministre de l'Education nationale. C'est vrai que cela peut choquer, interpeller, envoyer un signal fort. C'est peut-être ce qui était recherché par ceux qui ont pris la décision. Nous, on pense qu'il faut envoyer des messages clairs et forts. Il faut les envoyer aux victimes de harcèlement en leur disant qu'on les écoute, qu'on les croit et qu'on ne les laisse pas seules. Il faut aussi parler aux harceleurs en montrant qu'ils vont être sanctionnés, parce que le harcèlement est un fléau. Il faut aussi travailler la dimension éducative et montrer que ces comportements ne doivent pas être reproduits. Envoyer la police au milieu d'un cours, est-ce la meilleure solution ? C'est une question qui reste posée.

Allez-vous aborder cette interpellation lors de votre réunion sur le harcèlement scolaire avec le cabinet du ministre de l'Education nationale demain ?

On demandera au ministre de l'Education nationale comment une telle décision a été prise, pourquoi. Il y a la certitude qu'il faut lutter contre le harcèlement scolaire, qu'il faut sanctionner les élèves qui harcèlent. Mais on doit comprendre comment une telle décision a été prise.

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