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Grenelle contre les violences conjugales : le collectif #NousToutes ne fera pas "la politique de la chaise vide" mais reste "méfiante"

Fatima Benomar, du collectif #NousToutes, dénonce le manque de réponses institutionnelles quand les victimes se déplacent pour porter porter plainte.

Article rédigé par franceinfo
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Fatima Benomar, co-fondatrice du mouvement féministre Les Effronté-es, le 18 octobre 2018 à Paris.  (BERTRAND GUAY / AFP)

"On ne va pas faire la politique de la chaise vide" mais on "est très méfiantes et on attend les actes et pas seulement les paroles", a déclaré à franceinfo Fatima Benomar, du collectif féministe #NousToutes, alors que s'ouvre mardi 3 septembre le Grenelle contre les violences conjugales qui durera trois mois. Elle co-signe une tribune réclamant un milliard d'euros "pour répondre à l'importance de l'enjeu", car pour l'instant "on est loin du compte", estime la militante. 

franceinfo : Dans votre tribune, vous estimez qu'"on est loin du compte". Pourquoi ?

Fatima BenomarParce que, ce qu'on n'arrête pas de dire au gouvernement, c'est que sans moyens, sans ouvrir des places en centre d'hébergement, sans formation des forces, des professionnels de la santé pour détecter les victimes, pour bien les accueillir, sans programme de sensibilisation à l'égalité femme-homme en milieu scolaire, sans débloquer des fonds, sans mesure concrète, il ne peut pas y avoir la grande cause nationale.

Pour l'instant, l'angle de communication des clips gouvernementaux consiste à individualiser les responsabilités en faisant la pub du 3919, donc c'est très bien, vous êtes victime, vous êtes témoin, appelez le 3919. Mais le problème que les victimes rencontrent, c'est le manque de réponse institutionnelle quand elles se déplacent, quand elles vont porter plainte, quand elles réclament une mise à l'abri.

Mais ce n'est que le début du Grenelle contre les violences conjugales. Ces mesures vont peut-être venir en trois mois ?

On l'espère, on ne va pas faire la politique de la chaise vide. Les quelques-unes qui ont été invitées, par exemple Caroline de Haas, sera au Grenelle pour porter nos revendications et on les prendra au mot. Si vous voulez que toutes les victimes aillent porter plainte et réclament une ordonnance de protection et de mise à l'abri, on se mobilisera pour recueillir leur témoignage, parce que jusqu'ici leurs témoignages ne sont pas là. C'est vrai qu'on est méfiantes parce que le jour même où Caroline de Haas a reçu l'invitation pour le Grenelle, il y a quelques jours, on apprenait, alors que le gouvernement nous avait promis 200 places d'hébergement d'urgence pendant l'été, elles n'ont jamais été créées. C'est pour ça qu'on est très méfiantes et qu'on attend les actes et pas seulement les paroles.

Vous demandez également un milliard d'euros. Mais est-ce que c'est un problème d'argent ?

C'est absolument un problème d'argent. Notre voisin espagnol, alors qu'il a moins d'habitants, a débloqué un milliard d'euros contre les violences faites aux femmes parce que c'est ce qu'il faut pour créer des places d'hébergement dans les centres de réinsertion sociale, c'est ce qu'il faut pour former tous les professionnels en contact avec les victimes, les enseignants, les magistrats, les policiers, les gendarmes, les professionnels de la santé, pour avoir une campagne nationale de prévention et pas seulement de communication autour du 3919. Vous vous souvenez, sous Jacques Chirac, personne n'était passé à côté de la campagne 'Si Sam boit, il ne conduit pas'. C'est quelque chose de cette ampleur, qu'il faut. Eh oui, c'est important de dire que sans moyen, aucune politique publique n'est en capacité de changer la vie de ces femmes et de les sauver.

Pourquoi regrettez-vous que le Grenelle soit limité aux violences conjugales ?

Nous, on insiste sur la prévention, sur l'éducation, parce que l'idée n'est pas d'envoyer tous les hommes en prison, tous les hommes violents en tout cas, c'est de changer les mentalités de 60 millions de personnes. Il faut voir les violences conjugales comme un continuum. C'est tout une culture héritée siècle après siècle qui va promouvoir la culture du viol par exemple. Plein d'hommes qui ont commis un viol ne savent même pas que c'est un viol, pour eux c'est insister, avoir eu à l'usure. Donc c'est toute idéologie machiste qui a été institutionnalisée pendant des siècles, même si on a détricoté les lois inégalitaires, qui reste encore une empreinte dans les mentalités. Donc pour combattre ça, il faut prendre le système global et dès le plus jeune âge à l'école par exemple expliquer ce qu'est le consentement, l'égalité femme-homme, le respect. Le féminicide en fait c'est l'extrêmité de la violence qui s'exerce sur une femme au moment où elle s'échappe de l'emprise d'un homme violent. Souvent elles sont tuées au moment où elles partent.

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