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Des maires invoquent la "protection de l'enfance" pour retirer une campagne de prévention contre le VIH, avec des photos de couples homosexuels

La ministre de la Santé entend contester cette décision sur le terrain judiciaire, mais la campagne doit s'arrêter dès ce mardi, assure l'afficheur JCDecaux à franceinfo.

Article rédigé par franceinfo - Alice Maruani
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Publié
Temps de lecture : 3 min
L'une des affiches de la campagne anti-VIH du ministère de la Santé. (Ministère de la santé)

Aulnay-sous-Bois, Angers, Chaville... dans plusieurs villes, la dernière campagne de prévention contre le VIH lancée par le ministère de la Santé à destination de la communauté homosexuelle n'est pas au goût des élus locaux. Sur les affiches, des couples d'hommes, avec les slogans "S'aimer, s'éclater, s'oublier" ou encore "Pour la vie, pour un week-end, pour une fois". Face à l'interdiction décidée par certains maires, Marisol Touraine annonce, mardi 22 novembre, saisir la justice.


Depuis plusieurs jours, cette campagne d'information scandalise les militants de La Manif pour Tous. Au point que certains ont entrepris de masquer les affiches à coup de peinture.

Des maires invoquent "la protection de l'enfance"

Dans cette lignée, la polémique a pris une coloration plus politique, en pleine primaire à droite. Une dizaine de villes a interdit la campagne, d'après une source proche de l'afficheur JCDecaux citée par 20 Minutes. A chaque fois, confrontés à ces images de couples homosexuels, les édiles justifient leur décision par des raisons morales. A Compiègne par exemple, le maire Philippe Marini a fait retirer les affiches, en jugeant, d'après Le Parisien, qu'elles avaient été créées avec "la volonté de choquer" et portaient atteinte à "la notion de famille" : Il était ainsi plus sage de les retirer." 

Le maire d'Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza, a pris un arrêté municipal le lundi 21 novembre pour interdire la campagne, au nom de la "protection de l'enfance", raconte BFMTV. L’arrêté précise que ces affiches, diffusées notamment sur les Abribus, "devront être retirées ou masquées". Ce maire, soutien de François Fillon à la primaire, s'est offert un coup de projecteur en présentant à la presse les affiches barrées d'un texte sur un fond jaune : "Protégeons nos enfants. Affiches interdites sur le territoire de la commune d'Aulnay-sous-Bois, en vertu de l'arrêté du Maire n°2016-403 pour la protection de l'enfance."

A Angers, Christophe Béchu, soutien d'Alain Juppé, a demandé à JCDecaux de retirer les affiches "à proximité des écoles et le long des lignes de transport scolaire". Sauf que la mairie a omis de préciser les zones géographiques concernées, explique l'afficheur à franceinfo. Vu l'emplacement des écoles et dans le doute, il a donc retiré toutes les affiches de la ville.

"La campagne va être terminée avant que le tribunal ne soit saisi"

Pour JCDecaux, la question juridique ne s'est pas posée. Les affiches sont dans le domaine public de la ville, justifie la société : leur retrait immédiat sur demande écrite ou arrêté du maire est prévu par le contrat entre JCDecaux et la municipalité, et à charge de l'entreprise.

La ministre de la Santé ne l'entend pas de cette oreille. Pour elles, les arrêtés pris par les maires sont illégaux et elle souhaite les attaquer en justice. Ce qui ne fait pas peur au maire de Chaville. "La légalité de mon arrêté est totale. Il vise à protéger l'enfance sur le territoire de ma commune et fait suite à de nombreuses plaintes, affirme Jean-Jacques Guillet à franceinfo. La ministre de la Santé saisira la justice si elle le veut, et la justice administrative prendra sa décision."

Le risque encouru par les maires semble en effet minime : lors de la fronde sur les rythmes scolaires, ceux qui refusaient d'appliquer la réforme n'avaient eu qu'à retirer leurs arrêtés pour ne pas être convoqués au tribunal administratif, rappelle Le Parisien. Plus simplement, "la campagne va être terminée avant que le tribunal ne soit saisi", avance le maire de Chaville. En l'occurence, les affiches de la discorde doivent être retirées de toutes les villes de France dans la nuit du 22 novembre, précise JCDecaux à franceinfo. En une semaine, cette campagne d'affichage aura en tout cas fait beaucoup de bruit. Pour rien ?

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