Marseille : Renaud Muselier qualifie de "féminicide politique" la démission de l'ancienne maire Michèle Rubirola et suscite la polémique

Invité sur BFM Marseille jeudi, le président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur estime que le socialiste Benoît Payan a réalisé un "féminicide politique" en succédant à l'ancienne maire de Marseille démissionnaire, Michèle Rubirola.
Article rédigé par franceinfo
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Renaud Muselier, Marseille le 27 mars 2023 (PENNANT FRANCK / MAXPPP)

Trois ans pratiquement jour pour jour après la démission de l'ancienne maire de Marseille, l'écologiste Michèle Rubirola, le président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier a suscité la polémique en déclarant, jeudi 14 décembre, que son successeur, le socialiste Benoît Payan, avait réalisé un "féminicide politique".

"Benoît Payan a un savoir-faire incontestable, il a fait quelque part un féminicide politique en éliminant tranquillement Mme Rubirola dans une stratégie personnelle qui était montée de toutes pièces depuis un moment, a avancé Renaud Muselier jeudi sur BFM Marseille. C'est une réalité, vous avez une femme verte, médecin, qui a été élue par les Marseillais, et qui a été éliminée par un mâle blanc à ce moment-là. C'est une réalité politique."

Mardi 15 décembre 2020, six mois après son élection, Michèle Rubirola, première femme élue à la tête de la deuxième ville de France, avait annoncé qu'elle "quittait ses fonctions" et souhaitait échanger sa place de maire de Marseille avec son premier adjoint, le socialiste Benoît Payan.

"Instrumentaliser des meurtres de femmes est abject"

"Je ne suis pas morte politiquement" a répondu Michèle Rubirola. "Beaucoup de ceux qui semblent prendre ma défense desservent la cause du féminisme" a-t-elle déclaré. Elle a rappelé ses problèmes de santé qui l'ont conduite à démissionner. "La fonction de maire exige une capacité de 300%. Et je me suis rendue compte très rapidement que je ne l'étais pas (...) C'est en totale liberté que j'ai pris ce choix. Personne ne m'y a contraint". "Féminicide politique, ça veut dire que je serais morte politiquement. Je ne suis pas morte politiquement puisque certains s'acharnent sur un projet que je porte et que je mènerai jusqu'au bout parce que je suis soutenue par l'ensemble de l'équipe municipale."

Son groupe, le Printemps marseillais, a déclaré sur X qu'en "détournant le terme de féminicide pour l’utiliser à des fins politiciennes, Renaud Muselier s'est rendu coupable d'une faute inacceptable. Instrumentaliser des meurtres de femmes est abject et indigne d’un élu de la République. Les mots ont un sens." Le maire de Marseille, Benoît Payan, a fustigé "les propos abjects du président de Région qui nous font honte", et a cité Mark Twain : "De temps en temps, il vaut mieux rester la bouche fermée au risque de passer pour un imbécile que de l'ouvrir et de lever tous les doutes". 

"Les mots lui appartiennent, mais les faits sont là"

Invitée de France Bleu Provence vendredi matin, Catherine Pila, présidente LR du groupe d'opposition Une ambition pour Marseille au conseil municipal, a soutenu les propos de Renaud Muselier. "On connaît Renaud Muselier, c’est un sanguin, il ne mâche pas ses mots et c’est pour ça aussi qu’on l’apprécie, défend-elle. Ces mots sont forts, effectivement. Mais je pense simplement qu’ils reflètent la colère de Renaud à voir Marseille décliner de jour en jour, et ce déclin est dû à l’inaction de Benoit Payan et de son équipe. Donc les mots lui appartiennent, mais les faits sont là."

Benoît Payan présentera vendredi soir le budget 2024, 1,9 milliard d’euros, dont 500 millions d’euros de dépenses d’investissements, sans augmenter les impôts, rappelle France Bleu Provence. Le groupe de droite Une ambition pour Marseille "va s’abstenir sur le vote du budget. Nous ne pouvons pas nous associer à ce qui sera le bilan ou l’absence de bilan comptable du maire et de la Nupes marseillaise, estime Catherine Pila. Ça reflète le bilan de mi-mandat de Benoît Payan, il y a beaucoup de communication, beaucoup d’annonces, mais finalement c’est un bilan et budget pauvres en réalisations. Par exemple, les écoles qui ont été inaugurées depuis trois ans, sont des écoles qui ont été impulsées par Jean-Claude Gaudin [ancien maire de Marseille]. Qu’est-ce que la majorité a à proposer, hormis du pain et des jeux, l’été marseillais ? Peu de choses".

Sur les grands événements organisés à Marseille, l'opposante au conseil municipal rétorque que "les Jeux olympiques c’est comme la venue du pape, ça n’est pas à mettre au crédit de Benoît Payan, ça a été engagé depuis de longues années et les JO ce n’est pas au crédit de l’équipe municipale actuelle".

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