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Thomas Pesquet sur Mars ? "Même pour lui, qui est un jeune astronaute, ça va être très dur"

De retour sur Terre, le spationaute Thomas Pesquet rêve déjà d'une nouvelle mission : aller sur Mars. Un projet qui demanderait "beaucoup de développement", estime Philippe Henarejos, rédacteur en chef du magazine "Ciel et Espace".

Article rédigé par franceinfo
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Thomas Pesquet a fait son retour sur Terre, le vendredi 2 juin 2017, après six mois passés dans la Station spatiale internationale. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Le spationaute français Thomas Pesquet est arrivé samedi 3 juin à Cologne en Allemagne, où il a rejoint le centre européen des astronautes, après une mission de près de 200 jours à bord de la Station spatiale internationale (ISS). À 39 ans, Thomas Pesquet effectuait son premier vol dans l'espace. Une aventure qu'il nous a fait vivre grâce à ses nombreuses photos envoyées depuis l'espace. "C'est un héros médiatique", a estimé samedi sur franceinfo, Philippe Henarejos, rédacteur en chef du magazine Ciel et Espace. Il a eu envie de communiquer et surtout de partager son expérience sur ce qu'il a fait." Aujourd'hui, Thomas Pesquet se prend à rêver d'une mission plus ambitieuse : aller sur Mars. Un projet très compliqué, malgré la jeunesse de l'astronaute, a expliqué Philippe Henarejos. 

>> Mais que va faire Thomas Pesquet maintenant qu'il est redescendu sur Terre ?

franceinfo : Thomas Pesquet s'est rendu très populaire sur les réseaux sociaux, en partageant avec nous son émerveillement lors de sa mission dans l'espace. Peut-on dire que la France s'est trouvé un héros ?

Philippe Henarejos : Je n'aime pas trop le terme de héros. C'est un héros médiatique. Thomas Pesquet fait partie d'une génération assez jeune d'astronautes qui a suivi la même formation que ses prédécesseurs, mais qui, en plus, a eu l'envie de communiquer et de partager son expérience. Il l'a fait d'autant mieux qu'il dispose aujourd'hui de moyens pour le faire. Au début des années 2000 la communication n'était pas aussi facile. Ce n'était pas aussi simple d'envoyer des photos, des messages et de faire vivre en direct cette aventure. Il y a une sorte de conjonction entre l'envie et les moyens de le faire. Il l'a très bien fait. Cela a créé un engouement en France parce qu'il est Français.

Psychologiquement peut-il y avoir une sorte d'abattement lié au fait de retrouver la gravité après avoir été en apesanteur pendant des mois ?

Je ne sais pas. La seule chose dont je suis sûr, c'est que tous les astronautes qui sont allés autour de la Terre ou de la Lune reviennent avec une vision différente du monde. Tout d'un coup, ils l'ont vu d'un seul coup d'œil, dans le même champ de vision. Ils ont vu sa beauté. Ça leur a permis de comprendre que nous étions tous dans un vaisseau spatial énorme qui se déplace dans l'espace. Le fait de le voir permet de prendre du recul. C'est pour cette raison que Thomas Pesquet nous envoyait beaucoup de photos, pendant son temps de repos pour partager avec nous cette vision de la Terre, sa beauté, le fait qu'il faut la protéger.

Thomas Pesquet a dit qu'il aimerait aller sur Mars un jour. Est-ce dans l'ordre du possible ? Ne sera-t-il pas trop vieux quand les avancées scientifiques permettront un tel exploit ?

Même pour lui, qui est un jeune astronaute, ça va être très dur. On parle beaucoup des programmes martiens, mais ils sont toujours repoussés à 25 ans dans le futur. Pour l'instant, il n'y a pas de véritables programmes martiens, ni à la Nasa ni l'Esa, ni dans aucune autre agence spatiale. Certes, la Nasa est en train de fabriquer une immense fusée qui permettra d'envoyer de lourdes charges en orbite et au-delà, ce qui pourrait permettre l'assemblage d'un vaisseau martien, mais tout ce qu'il y a derrière - la construction de ce vaisseau et les plans de vol - sont encore loin d'être établis. Il y a encore beaucoup de développement à faire. Pour permettre à Thomas Pesquet d'y participer, il faudrait un effort financier beaucoup plus colossal que celui qui est fourni aujourd'hui.

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