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Marisol Touraine présente un plan pour lutter contre la baisse de la vaccination

La ministre de la Santé veut redonner confiance en les vaccins alors que de plus en plus de Français décident de ne pas vacciner leurs enfants en bas âge.

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, le 13 novembre 2015, devant l'Elysée à Paris. (YANN BOHAC / CITIZENSIDE.COM)

Un plan pour redonner confiance en la vaccination. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, présente mardi 12 janvier un plan pour relancer la politique vaccinale française, après la remise d'un rapport sur le sujet mené par l'ancienne députée socialiste Sandrine Hurel.

Cette annonce intervient après la condamnation, le 7 janvier, par le tribunal correctionnel d'Auxerre (Yonne) d'un couple de parents à deux mois de prison avec sursis pour avoir refusé de faire vacciner leurs enfants contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), un vaccin pourtant obligatoire.

Pourquoi ce refus et cette baisse générale de la vaccination en France ? Que peut faire le gouvernement pour l'enrayer ? Francetv info fait le point. 

Comment évolue la vaccination en France ?

D'après une enquête de l'Institut national de veille sanitaire (INVS) révelée par Europe 1 et réalisée sur les deux dernières années, "la couverture vaccinale a baissé d’environ 5% chez les bébés de 0 à 9 mois". Les enfants en bas âge sont pourtant largement vaccinés d'ordinaire, puisque 90% des bébés avaient leur carnet de vaccination en ordre jusqu'à présent. 

Parmi les vaccins dont l'utilisation est en baisse chez les bébés : l'hexavalent, qui protège notamment de la diphtérie, du tétanos, de la poliomyélite (les trois vaccins obligatoires en France) mais aussi de l'hépatite B, de la coqueluche, et d'un type de méningite. 

Or, "l’obligation vaccinale est un atout de santé publique pour l’ensemble des Français : lorsque les vaccins sont devenus obligatoires, c’était avec l’objectif de baisser la mortalité due au tétanos", rappelle Bruno Lina, directeur du laboratoire de Virologie et de pathologie humaine (VirPath) de l’Inserm au CHU de Lyon, interrogé par francetv info.

Comment s'explique cette évolution ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer la baisse de la vaccination en France. 

Beaucoup s'inquiètent des effets secondaires des vaccins. Une pétition lancée par le professeur Henri Joyeux en mai 2015 contre la vaccination obligatoire avait fait beaucoup de bruit. Elle compte aujourd'hui plus de 770 000 signatures et évoque notamment le fait que les vaccins obligatoires (dyphtérie, tétanos, poliomyélité) ne sont plus vendus seuls mais sont couplés avec d'autres vaccins, ce que refusent certains parents. Des associations, très actives sur internet, luttent également pour la suppression des obligations vaccinales.

Pour d'autres, la baisse est due à un état de confusion générale des Français, qui se perdent entre les listes des vaccins obligatoires (au nombre de trois) et des vaccins recommandés. Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) avait déjà dénoncé une politique vaccinale illisible, en septembre 2014.

Dernière cause soulevée : le manque de stock. Depuis le début de l'année 2015, une importante pénurie touche les vaccins pédiatriques. "Nous sommes désormais face à un fort accroissement de la demande mondiale concernant la vaccination contre la coqueluche [couplée aux vaccins DTP], une augmentation de l'ordre de 50% en un an", affirmait en mars Philippe Juvin, pharmacien responsable de Sanofi Pasteur, sur Slate.

Que propose Marisol Touraine ?

"La montée d’interrogations, de doutes, parfois même de suspicions, aboutit à fragiliser la parole publique. Répondre à la défiance est aujourd’hui un enjeu de société", a commenté Marisol Touraine, dans un entretien au Monde. La ministre de la Santé doit annoncer une série de mesures mardi. 

Une consultation citoyenne sur le sujet des vaccins doit ainsi être lancée. "Une idée intéressante", pour le maître de conférence à l'Ecole des hautes études en santé publique, Jocelyn Raude. "A condition que le débat ne soit pas monopolisé par les anti-vaccins", explique-t-il à La Croix.

Un site officiel d'information sera également créé, sur lequel les patients trouveront les descriptifs des vaccins, ainsi que leurs bénéfices et leurs risques. Un nouveau carnet de vaccination électronique doit également être mis en place. Le Monde  liste encore d'autres mesures comme la création d'un "comité des parties prenantes" regroupant experts, médecins et usagers ou l'obligation pour les industriels de mettre en place des "plans de gestion de pénurie".

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