L'attentat du 11 septembre fait encore de nouvelles victimes
Le bilan ne cesse de s’aggraver alors qu’il a déjà tué 3 000 personnes, provoqué de graves blessures et des traumatismes psychiques très lourds. Aujourd'hui, c'est le nuage de poussières toxiques auxquelles ont été exposées des centaines de milliers de personnes qui détruit lentement la santé des victimes. Cancers de la peau, de la prostate, du sein, lymphomes… 68 cancers ont été reconnus comme liés au 11 septembre. Des cancers qui pourraient bientôt entraîner plus de décès que l’attentat lui-même, comme celui du père de Doug Mangelcow dont le témoignage est recueilli par l’avocat Michael Barasch qui accompagne les familles de victimes.
Michael Barasch explique que les personnes qui ont respiré ces poussières développent des cancers particulièrement agressifs, et parfois même plusieurs cancers. Pour que le lien avec l'attentat puisse être envisagé, il suffit d’avoir été dans la zone touchée sur la carte. Soit 24h dans les 20 jours qui ont suivi l’attentat, soit 4 demi-journées entre le 11 septembre 2001 et le 10 janvier 2002, ou 30 jours en tout jusqu’à la fin du mois de juillet. Cela donne une idée du niveau de toxicité initiale et de la lenteur de sa diminution.
Des pompiers sans masques de protection
Ceux qui ont été les plus exposés sont tous les sauveteurs, pompiers et volontaires venus le jour J et juste après pour apporter leur aide, comme le père de Doug. Certains disent qu’ils s’enfonçaient dans la poussière jusqu’aux genoux et presque personne n’avait distribué de masques de protection.
Quelques explications supplémentaires de Michael Barasch :
Chacun peut avoir des soins gratuits grâce à une loi qui porte le nom de James Zagora, évoqué par Michael Barasch. Ce policier est mort en 2006 à 34 ans.. après avoir passé 450 heures sur le site de l’explosion en participant à la recherche des victimes puis au nettoyage de la zone. Cette loi a créé le World Trade Center Health Program, une organisation de soins publique pour toutes les victimes.
Soins et traitements coûteux des cancers aux USA
On sait qu'il est difficile de se soigner aux États-Unis, pour beaucoup de familles, surtout concernant les dernières innovations contre le cancer ! Comme le programme est en lien avec les meilleurs instituts américains dans ce domaine, les victimes peuvent bénéficier de tous les progrès. Cette organisation est présentée par John Feal, lui-même en première ligne à "Ground Zero" après les attentats qui a également créé une fondation.
Il explique que tout un réseau s’est créé pour soigner chaque victime le plus près possible de chez elle. Parce que tout le monde est loin d’habiter New York. Il est pourtant inquiet, triste, choqué… par le nombre d’enterrements auxquels il a assisté ces derniers mois. Il craint le pire pour les années à venir. Car les médecins du programme annoncent une nouvelle vague de cancers, qui surviennent entre 20 et 25 ans après l’exposition aux produits toxiques.
Apparition de maladies cardiaques
Plusieurs recherches récentes identifient d’autres risques et la semaine dernière c’était au niveau cardiaque. Une étude publiée dans la revue JAMA a suivi près de 10 000 pompiers et le risque de développer un problème cardiaque est 44% plus important chez ceux qui sont intervenus le 11 septembre par rapport à ceux qui sont arrivés dans les jours suivants. Les pompiers qui ont passé six mois sur le site ont eux 33% de sur risque par rapport à leurs collègues restés loin de Ground Zero...
Les dossiers médicaux des pompiers étant complets avant l’attentat, d’autres facteurs de maladie cardio-vasculaire comme le tabac ont pu être neutralisés. Mais ces résultats vont peut-être entraîner l’intégration des infarctus dans les pathologies prises en charge par le programme..
Des victimes du stress post-traumatique
Ce n’est pas forcément le cas pour des professions moins identifiées et suivies que les pompiers justement. John Feal le sait bien puisque lui-même travaillait dans le bâtiment et que sa profession n’était pas forcément ciblée dans les "héros de Ground Zero". À chaque date anniversaire, il profite de la couverture médiatique pour informer le plus de monde possible sur les soins disponibles gratuitement. En n’oubliant pas d’évoquer le syndrome de stress post traumatique dont il a souffert après 5 jours dans les poussières et l’accident qui a provoqué l’amputation d’une partie de son pied.
Voici comment le programme pour les victimes peut aider.
John avoue qu’il n’aime pas parler de lui mais qu’il s’y efforce, pour lever le tabou qui pèse encore sur le fait d’avoir besoin d’aide au niveau psychologique. Lui-même va mieux grâce à la thérapie dont il a bénéficié. Mais aussi grâce à quelque chose de personnel qu’il a trouvé dans sa chambre d’hôpital après l’accident : tout compter autour de lui. Car même s’il va mieux, il reste quelques symptômes, surtout pendant cette période où les souvenirs sont réactivés come cet anniversaire. C’est justement parce qu’il sait à quel point le chemin est long qu’il espère alerter ceux qui ne sont pas encore suivis. Le sentiment d’urgence ne le quitte pas. Une autre étude récente a montré un plus haut risque de maladie comme Alzheimer chez les victimes ayant développé un syndrome de stress post-traumatique. Une épée de Damoclès supplémentaire pour les victimes…
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