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Grippe aviaire : trois questions sur l'épizootie qui frappe la France

Le ministère de l'Agriculture a fait passer, mardi, le niveau de risque de grippe aviaire à "élevé" dans l'ensemble du pays. 

Article rédigé par franceinfo - Margaux Duguet
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Dans le Gers, les éleveurs manifestent depuis ce matin, jeudi 5 janvier, devant la préfecture. (MAXPPP)

Le virus H5N8 refait parler de lui. Le ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt a annoncé dans un communiqué, mardi 6 décembre, qu'il relevait le niveau de risque de la grippe aviaire de "modéré" à "élevé". Une décision motivée par le fait que le virus se propage en Europe et désormais en France.

Concrètement, les éleveurs de volailles doivent confiner leurs animaux ou installer des filets pour empêcher tout contact avec les oiseaux sauvages, qui transmettent le virus. Il leur est aussi interdit de procéder à tout rassemblement de volailles vivantes. Faut-il craindre pour notre santé ? Plus prosaïquement, y aura-t-il du foie gras sur les tables à Noël ? Franceinfo s'est interrogé sur les conséquences de cette épizootie.

1Où sont les foyers de l'épizootie ? 

En Europe, plusieurs pays sont touchés par le virus H5N8, dont la Suède, les Pays-Bas, l'Allemagne et la Suisse. En France, ce virus a été découvert le 26 novembre dans le Pas-de-Calais sur des canards sauvages, avant d'être détecté le 2 décembre dans un élevage de canards à Almayrac (Tarn), où près de 2 000 palmipèdes, sur les 5 000 que comptait l'exploitation, sont morts.

Le virus a enfin été détecté vendredi sur un goéland à Evian (Haute-Savoie). Les départements du Gers, du Lot-et-Garonne et des Hautes-Pyrénées sont aussi potentiellement infectés. En tout, sept foyers sont répertoriés en France dans des élevages et deux cas ont été recensés dans la faune sauvage. 

Face à la reprise de l'épizootie, la France n'a pas pu retrouver le 3 décembre son statut de "pays indemne d'influenza aviaire", qu'elle avait perdu fin 2015, a expliqué le ministère. Or ce statut est indispensable pour exporter volailles et foie gras dans de nombreux pays hors d'Europe.

2Est-ce que l'on risque quelque chose ? 

"Non, il n'y a aucun risque pour la santé humaine", insiste auprès de franceinfo Jean-Luc Guérin, spécialiste en virologie à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Le risque est nul, nul, nul." "Ce virus circule depuis deux ans en Europe et il n'y a pas eu un seul cas humain, argumente-t-il. En outre, il n'appartient pas au groupe H5N1 qui a sévi en Asie dans les années 2000 et qui est à l'origine de cas humains." Entre 2003 et la fin 2015, 650 personnes ont été infectées par cette souche et 386 en sont mortes, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Même si vous mangiez une volaille infectée, ce ne serait pas efficace pour une transmission à l'homme car le virus se transmet seulement par les voies respiratoires.

Jean-Luc Guérin, spécialiste en virologie à l’Inra

à franceinfo

Le chercheur évoque simplement un risque économique puisque "ce virus est très virulent chez les oiseaux". Mais à ce stade, sur ce point-là aussi, pas d'inquiétude : "Il n'y a que des cas ponctuels, on est sur sept foyers, ce sont des volumes marginaux." 

3Y aura-t-il du foie gras à Noël ? 

Du côté des producteurs de foie gras, on affiche la même sérénité. "Il y aura du foie gras à Noël", assure à franceinfo Marie-Pierre Pé, porte-parole du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog).

Cette dernière se dit très satisfaite de la modification, mardi, d'un arrêté du 16 novembre du ministère de l'Agriculture qui permet, dès l'apparition de la mortalité dans un élevage, d'avertir les vétérinaires et de prendre toutes les précautions sans attendre les résultats finaux. "Dès qu'il y aura de la mortalité dans un élevage, les mouvements d'animaux seront bloqués dans un périmètre de 10 kilomètres. On va aller plus vite que le virus", se félicite-t-elle. Une façon de contenir l'épizootie pour, entre autres, préserver les repas de fin d'année. 

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