: Vidéo États-Unis, Cisjordanie, Brésil, Italie... Après la crise sanitaire, le monde sous haute tension sociale ?
Le monde face au virus : chaque semaine, quatre correspondants de franceinfo racontent comment la crise du coronavirus est gérée dans le pays où ils se trouvent. Direction Washington, Bethléem, Rio de Janeiro et Rome, où les tensions sociales s'exacerbent.
D'un événement à l'autre : les manifestations après la mort de George Floyd ont succédé au coronavirus en tête de l'actu. Mais y a t-il un lien ? L'épidémie accroit-elle les tensions sociales dans le monde ? Toute la semaine écoulée a été marquée par des manifestations, aux Etats-Unis et ailleurs.
Rideaux de fer tirés, devantures des commerces protégées, couvre-feu la nuit : Washington vient de vivre une semaine sous haute tension. Et il y a un lien entre l'épidemie de coronavirus et les tensions raciales : les victimes sont les mêmes. Ce sont les Afro-Américains qui sont les plus touchés. Sur les masques que portent bien des manifestants sont écrits des slogans, comme "Black Lives Matter", les vies des Noirs comptent, ou encore "I can't breathe", je n'arrive pas à respirer, pour reprendre les derniers mots de George Floyd.
En Cisjordanie, là aussi, l'épidémie fait craindre des tensions sociales, avec une explosion du chômage. 40% des Palestiniens n'arrivent plus à boucler leur budget. Et la pauvreté pourrait rapidement doubler : 14% de pauvres avant la pandémie contre 30% après, selon les chiffres de la Banque mondiale. L'économie palestinienne est totalement paralysée, il n'y a plus ni touristes, ni pèlerins, à Bethléem par exemple. De plus, les milliers de Palestiniens qui franchissaient chaque jour le mur de séparation pour aller travailler en Israël n'ont plus de travail, car là-bas aussi l'économie est paralysée. Pour le moment, il n'y a pas eu de mouvements sociaux parce qu'on vient juste de sortir du ramadan et du confinement, mais la Cisjordanie est une véritable cocotte-minute.
Un cocktail virus-chômage-malnutrition
Au Brésil qui s'enfonce dans l'épidémie, l'explosion sociale menace, alors que le pays dirigé par Jair Bolsonaro est devenu le troisième avec le plus de décès du coronavirus dans le monde. L'étincelle peut venir de deux endroits : le football ou les favelas. Des bandes rivales de supporters antifascistes viennent de s'unir pour protester contre la politique du président Jair Bolsonaro et pour défendre la démocratie. Deuxième foyer possible de révolte : les favelas. Beaucoup d'armes y circulent et dans ces quartiers abandonnés par l'Etat, le cocktail propagation du virus-crise de l'emploi-difficulté d'accès à la nourriture peut se révéler explosif.
Enfin en Italie, où le chômage flambe, on compte un million de nouveaux pauvres depuis le début de l'épidémie... Résultat : à Rome comme dans plusieurs villes d'Italie, la contestation sociale refait surface. Les manifestations ne comptent quelques centaines de personnes à chaque fois, mais selon un dernier sondage, huit Italiens sur dix éprouvent un sentiment d'insécurité généralisée, et quatre Italiens sur dix estiment normal qu'en ce temps de crise, on revienne sur certains droits. Les oppositions en profitent et surfent sur cette inquiétude. La droite et l'extrême droite cherchent à se faire entendre ainsi que quelques groupuscules, comme les "gilets orange" qui par certains aspects, rappellent nos "gilets jaunes".
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