: Vidéo Coronavirus et confinement en Guyane : des médecins parlent d'une "crise humanitaire", en plus de la crise sanitaire
La situation sanitaire se dégrade très fortement en Guyane, où près de 3 800 cas ont été confirmés contre 2 500 il y a une semaine, selon l’ARS Guyane. Une vingtaine de quartiers font donc l’objet d'un "confinement total" qui a de lourdes conséquences sanitaires et sociales.
Le quartier-bidonville de Cogneau-Lamirande à Matoury, à 15 kilomètres de Cayenne (Guyane), connaît depuis plusieurs jours une montée en puissance des cas de coronavirus. Ici les habitants doivent rester confinés sous des abris de tôle, à plus de 30 degrés et 80% de taux d’humidité.
Des tests sont donc réalisés, notamment par l'ONG Médecins du monde, qui a récemment installé une clinique de campagne dans le quartier. "Du 6 avril au 8 juin, on avait une quarantaine de tests négatifs", raconte Catherine Oliviero, coordinatrice médicale infirmière à l'ONG. "Puis à partir du 8 et 9 juin, sur une dizaine de tests qu'on faisait, il s'en est révélé cinq positifs. Et puis le 10, on a dépisté 30 personnes dans un quartier, 30 personnes qui ont été positives."
Au-delà de ces chiffres qui prouvent que le virus se propage rapidement, il y a des vies bousculées. Les habitants n’ont plus les petits boulots qui les font vivre et ils peinent à se nourrir. Pierre Jean-Gérard habite le quartier, il est bénévole à l’association DAAC Guyane. Tous les jours, il reçoit des dizaines d’appels.
Avant, c'était déjà la misère, mais avec le coronavirus ça a augmenté, c'est vraiment difficile, il y a beaucoup de misère.
Pierre Jean-Gérard, bénévole à l'association DAAC Guyaneà franceinfo
La situation est similaire dans la vingtaine de quartiers qui font l'objet d'un "confinement total", à Cayenne, Kourou, Macouria, Montsinéry, Rémire-Montjoly ou encore Saint-Laurent-du-Maroni. Ces habitants ne peuvent sortir de chez eux que pour aller travailler, se soigner ou se balader pendant une heure à moins d’un kilomètre de chez eux, selon l’arrêté préfectoral affiché devant le quartier. Mais dans les faits, ces habitants ne peuvent quasiment pas sortir car les transports sont parfois inexistants.
"Il y a des enfants qu'on ne voit plus, on ne sait plus où ils sont"
Cette misère, les médecins présents sur le terrain l'observent également. C’est le cas du docteur Claire Bocéno, de la permanence d’accès aux soins de santé (PAAS) à l’hôpital de Cayenne, qui s’occupe des personnes sans couverture sociale. Le médecin constate de plus en plus de patients symptomatiques, des cas de plus en plus graves. Par ailleurs, il y a également une épidémie de dengue et des cas de leptospirose. Le tout dans une population où la précarité sanitaire et sociale explose.
"On a des enfants qu'on ne voit plus, on ne sait plus où ils sont, les écoles sont fermées. Il ne faut pas oublier toute cette partie sociale un peu plus difficile, qui est en train de passer en dehors des radars. C'est assez inquiétant pour les travailleurs sociaux." Derrière la propagation du virus, il y a donc une situation que certains n’hésitent plus à définir comme une crise humanitaire. "C'est le mot, il y a une crise humanitaire en Guyane", conclut le docteur Bocéno.
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