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Vaccins contre le Covid-19 : pourquoi les prix des doses de Pfizer-BioNTech et de Moderna vont augmenter

La dose de vaccin de Pfizer-BioNTech va passer de 15,50 à 19,50 euros et celle de Moderna de 19 à 21,50 euros, a révélé le "Financial Times". En cause, notamment : une adaptation des nouvelles doses aux variants du Sars-CoV-2.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 4 min
Une dose de vaccin anti-Covid Moderna est utilisée à Saint-Quentin-en-Yvelines (Yvelines), le 23 mars 2021. (ALAIN JOCARD / AFP)

Les entreprises pharmaceutiques Pfizer et Moderna vont augmenter le prix de leur vaccin anti-Covid livré à l'Union européenne, a déclaré lundi 2 août le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, confirmant une information du Financial Times (article en anglais réservé aux abonnés). "Pas seulement pour l'Union européenne, pour tous les acheteurs ce sera un peu plus cher", a-t-il ajouté. Le vaccin de Pfizer-BioNTech va passer de 15,50 à 19,50 euros et celui de Moderna de 19 à 21,50 euros, a révélé dimanche le quotidien britannique, qui a consulté le contrat conclu avec l'UE. Voici les éléments qui justifient cette hausse.

Parce que les vaccins seront adaptés aux variants

Cette augmentation du prix intervient alors que l'inquiétude sur la flambée du variant Delta monte et que des études ont prouvé que les vaccins à ARN messager de Moderna et de Pfizer-BioNTech devraient rester efficaces face à ce variant. Pour ce faire, les vaccins vont être adaptés. C'est donc un nouveau type de doses, de deuxième génération, qui est concerné par cette hausse de prix. "Les doses de vaccin que l'UE est en train de négocier, ce ne sont pas les mêmes que la première génération de vaccins. On les adapte, c'est demandé dans les contrats qui sont en cours de négociation, aux variants", a rapporté Clément Beaune, qui s'est exprimé sur RFI.

"Les doses inoculées cette année sont celles commandées et négociées l'an dernier. S’il devait y avoir une modification, cela concernerait les doses futures", a précisé Christopher Barzal, porte-parole de la Task Force Vaccination en Belgique, rapporte RTL.

Parce que les contrats sont "plus exigeants"

D'après Clément Beaune, les contrats en cours de négociation sont également "plus exigeants". "On demande que l'essentiel de la production, près de 300 composants des vaccins, soit produit sur le territoire européen", a-t-il précisé. Il a aussi évoqué un "calendrier de livraisons plus précis" et "des pénalités financières" en cas de non-respect de ce calendrier par les entreprises pharmaceutiques.

Parce que les laboratoires profitent d'une demande croissante

La possibilité d'augmenter les prix avait déjà été évoquée par l'entreprise Pfizer. En mars dernier, son directeur financier, Frank D'Amelio, expliquait : "Si vous regardez comment la demande et les prix actuels sont déterminés, ils ne sont clairement pas déterminés par ce que j'appellerais 'les conditions normales du marché'... Ils sont déterminés par la situation pandémique dans laquelle nous sommes et par les besoins des gouvernements de se procurer des doses auprès de divers fournisseurs de vaccins", rapporte un journaliste du site The Intercept sur Twitter. "Quand nous évoluerons d'une situation pandémique à une situation endémique, les conditions normales du marché entreront en jeu", continuait Frank D'Amelio, évoquant une "opportunité" pour l'entreprise. 

Fin juillet, le laboratoire Pfizer prévoyait d'ailleurs d'écouler cette année pour 33,5 milliards de dollars (28,23 milliards d'euros) de vaccins contre le Covid-19, soit bien plus que les 26 milliards de dollars (21,91 milliards d'euros) sur lesquels le groupe tablait deux mois plus tôt. Moderna tablait, en mai, sur des ventes annuelles de 19,5 milliards de dollars (16,43 milliards d'euros). Moderna et Pfizer-BioNTech profitent donc de la loi de l'offre et de la demande. Une motivation que Clément Beaune a jugé "non choquante". "Qu'on rémunère l'innovation, cela ne me choque pas. Après, il y a le bon niveau d'imposition", a-t-il pointé sur CNews.

Parce qu'une troisième dose pour chaque personne vaccinée est envisagée

Et les ventes pourraient encore croître, en cas de troisième injection. C'est ce que préconise Pfizer-BioNTech pour rendre son vaccin plus efficace face au variant : "De nouvelles études montrent qu'une troisième dose a des effets neutralisants contre le variant Delta plus de cinq fois plus élevés chez les jeunes et plus de onze fois chez les personnes plus âgées", affirme l'entreprise.

La mesure fait toutefois débat parmi les autorités sanitaires. "Il est trop tôt pour confirmer si et quand une dose de rappel pour les vaccins contre le Covid-19 sera nécessaire", ont souligné l'Agence européenne des médicaments (EMA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) dans un communiqué (lien en anglais) le 14 juillet. "Les campagnes vaccinales et les études en cours n'ont pas encore apporté assez de données sur la durée de protection apportée par les vaccins, d'autant qu'il faut prendre en compte la propagation des variants", selon ces deux instances, qui se disent toutefois prêtes à réagir si les connaissances évoluent.

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