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Vaccins contre le Covid-19 : comment les possibles effets secondaires sont-ils évalués ?

Comme les médicaments, les vaccins présentent des risques d'effets indésirables, qui sont mis en balance avec leurs bénéfices pour déterminer s'ils peuvent être mis sur le marché. Alors que la méfiance envers les candidats vaccins contre le Covid-19 est forte dans l'opinion publique, franceinfo vous explique comment sont surveillés ces effets secondaires.

Article rédigé par franceinfo
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Les instances internationales et nationales chargées de la sécurité médicamenteuse doivent déterminer si le rapport bénéfice/risque du vaccin est raisonnable ou non. (REUTERS)

Le délai express d'élaboration des vaccins contre le Covid-19 réjouit autant qu'il inquiète. Des financements colossaux ont permis d'accélérer les procédures de recherche, de production industrielle et d'évaluation, permettant le développement et la mise sur le marché de vaccins en quelques mois, au lieu de dix ans en moyenne habituellement.

Mais les autorités sanitaires n'ont pas encore donné leur feu vert que la sécurité de ces vaccins est déjà l'objet de débat. Les souvenirs de plaintes déposées à la suite de vaccinations contre le papillomavirus avec le Gardasil, contre l'hépatite B ou contre la grippe H1N1 ont marqué l'opinion publique. Et inquiètent les Français : 59% d'entre eux n'ont pas l'intention de se faire vacciner lorsque cela deviendra possible, selon un sondage Ifop pour Le Journal du dimanche, publié le 29 novembre et réalisé sur un échantillon de 1 013 personnes. La rapidité d'élaboration du vaccin leur fait craindre des effets indésirables plus ou moins graves. Des effets secondaires évalués tout au long du processus de fabrication et de commercialisation, dont franceinfo vous résume les étapes.

Etape 1 : Ies essais cliniques menés par les laboratoires

Le vaccin est un médicament et présente à ce titre des risques, rappellent les scientifiques. Tout au long du processus d'élaboration d'un vaccin, régi par trois grandes phases d'essais cliniques, les chercheurs s'attachent à développer une technologie à la fois efficace, car immunisant le patient contre le virus ciblé, et peu perturbante pour l'organisme.

Dans ce cadre, l'apparition d'effets indésirables (douleur, symptômes, développement d'une pathologie) est scrutée. Les vaccins sont testés d'abord sur des animaux, puis sur des patients humains. Si un effet secondaire grave est observé, comme le développement d'un cas de myélite transverse (atteinte neurologique rare) dans le cas de l'essai clinique d'AstraZeneca, les essais sont suspendus. Et des recherches approfondies sont menées pour déterminer si l'effet constaté est imputable à l'inoculation du produit testé.

Les effets indésirables sont très variables, explique la plateforme Infovac, tenue par des experts pédiatriques indépendants. Ils peuvent aller de symptômes légers, comme une douleur au niveau de l'injection ou des courbatures, à des réactions allergiques violentes ou au développement de problèmes neurologiques. Les effets indésirables les plus fréquents sont bénins. Ils apparaissent dans les heures ou jours qui suivent la vaccination et disparaissent en quelques jours : fièvre légère, douleur ou rougeur au point d'injection, rassure Vaccination Info Service, un site du ministère de la Santé.

Dans le cas des candidats vaccins contre le Covid-19, les laboratoires Pfizer et Moderna ont rapporté que, dans les deux mois suivant l'inoculation des secondes doses, aucun effet indésirable grave impliquant une hospitalisation ou une invalidité n'avait été relevé sur les 44 000 volontaires de Pfizer et sur les 30 000 de Moderna. La taille de ces échantillons est très supérieure à la taille moyenne des essais cliniques (entre 1 000 et 10 000 volontaires) requise par les instances d'homologation. Ces essais cliniques "permettent de détecter les intolérances les plus fréquentes", rappelle une étude de l'Inserm.

Etape 2 : les évaluations réalisées par les agences du médicament

Entrent ensuite en jeu les instances chargées de la sécurité médicamenteuse : l'Agence européenne des médicaments (EMA) en Europe ou encore l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en France. Ces dernières vont étudier l'ensemble des données de sécurité récoltées par les laboratoires lors des essais cliniques et déterminer à partir de ces dernières si le rapport bénéfice/risque est raisonnable ou non. Les effets secondaires plus ou moins sérieux seront mis en balance avec les bénéfices procurés par le vaccin. "Les effets indésirables graves sont très rares (...) Le risque de développer une maladie grave en ne se vaccinant pas est beaucoup plus important que celui de voir apparaître un effet indésirable lié à la vaccination", rappelle Vaccination Info Service.

Les participants aux essais cliniques de Pfizer-BioNTech et de Moderna ont été suivis pendant deux mois. Un délai qui permettra de détecter "l'immense majorité" des effets secondaires, estime Saad Omer, directeur de l'Institut de santé globale à l'université Yale, interrogé par l'AFP. En temps ordinaire, la Food and Drug Administration (FDA), administration américaine responsable de la commercialisation des médicaments, exige six mois de suivi. Mais elle a consenti à réduire les délais, la quasi totalité des effets indésirables se produisant "dans les six semaines" qui suivent l'inoculation d'un vaccin, assure Edward Belongia, chercheur évaluant les vaccins contre la grippe depuis plus de quinze ans pour les agences de santé américaines. D'autant plus que la comparaison entre les groupes placebo et vaccinés durera jusqu'à la commercialisation et permettra donc d'avoir trois à cinq mois de données.

Etape 3 : la surveillance sur le long terme dans le cadre de la pharmacovigilance

Le fait qu'un vaccin soit considéré comme suffisamment fiable, efficace et peu risqué pour l'organisme humain à un moment précis ne signifie pas qu'il disparaît des radars des institutions de contrôle médical. Après avoir été mis sur le marché, le vaccin, comme les autres médicaments, est sujet à ce qu'on appelle la pharmacovigilance. Cette surveillance sur plusieurs années s'orchestre à plusieurs niveaux : au niveau international – avec des instances comme l'OMS –, au niveau européen – avec un comité pour l'évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (Prac) et la base de données EudraVigilance de l'Agence européenne du médicament –, au niveau national – avec l'ANSM – et même au niveau régional, détaille Vaccination Info Service.

Ces structures ont pour rôle de maintenir la surveillance des populations vaccinées, afin de détecter toute augmentation statistique d'événements médicaux indésirables prévisibles ou inattendus et d'en informer les professionnels de santé et le public. "Il est impossible de connaître à l'avance les individus susceptibles de développer une réaction, bénigne ou grave, vis-à-vis d'un vaccin, même si certains vaccins présentent quelques contre-indications", admet l'Organisation mondiale de la santé.

Toutefois, précise l'institution, "en respectant les contre-indications, le risque de manifestations indésirables graves peut être réduit au minimum", permettant ainsi d'optimiser les bénéfices du vaccin. Il se peut que des réactions négatives au vaccin soient observées chez un groupe particulier de patients (femmes enceintes, personnes présentant des allergies, etc.) lors des essais cliniques ou plus tard, par les structures de pharmacovigilance, ce qui peut donner lieu à l'émission de contre-indications.

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