"Un mélange de frustration, d'incompréhension et de fatalisme" : les futurs parents d'enfants nés par GPA face aux mesures internationales de confinement
Depuis la mi-mars, pour éviter la propagation du coronavirus, les Européens ne peuvent plus entrer aux États-Unis. Une catastrophe pour les futurs parents français qui devaient assister à la naissance de leur enfant issu d’une GPA là-bas et le ramener en France.
La gestation pour autrui est une démarche est longue et difficile. Et en ce moment, les obstacles sont encore plus nombreux. Depuis la mi-mars, pour éviter la propagation du coronavirus, les Européens ne peuvent plus entrer aux États-Unis. Une catastrophe pour les futurs parents français, homosexuels comme hétérosexuels, qui devaient assister à la naissance de leur enfant issu d’une GPA là-bas et le ramener en France.
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Martin et son mari avaient tout prévu pour assister à la naissance de leur deuxième enfant, fin mai, aux États-Unis. L’appartement était déjà loué, il ne restait plus que les valises à boucler. Mais l’annonce du président américain Donald Trump les a pris de court. Depuis, ils ont peur de ne pas arriver à temps : "Il y a un mélange de frustration, d'incompréhension et de fatalisme, explique le futur père. Nos journées sont consacrées en partie à trouver une solution pour que l'un de nous au moins puisse se rendre sur le sol américain."
Confier son enfant jusqu'à la fin du confinement
Il existe des dérogations pour se rendre Outre-Atlantique, notamment en cas de rapprochement familial si l'on a un enfant mineur là-bas. Mais ce n'est possible que dans le cas d'un enfant déjà né : le cas des futurs parents a été oublié. "La seconde possibilité qui s'offre à nous, c'est de donner le pouvoir à une tierce personne, de confiance, sur le sol américain, pour qu'elle s'occupe d'un enfant qui n'est pas le sien, jusqu'à ce que l'on puisse arriver sur le sol américain."
Rendez-vous compte de la détresse que cela signifie de se dire qu'on ne sera pas là pour voir notre enfant dès le début.
Martin, futur père d'un enfant à naître au États-Unisà franceinfo
Difficile pour les futurs parents de se dire "qu'on ne pourra pas s'en occuper, et que c'est une autre personne qui va s'en occuper pendant une durée, dont on ne peut pas déterminer pour l'instant si elle sera quantifiable en jours, en semaines ou en mois." "On est dans une situation très compliquée", résume Martin.
Des procédures juridiques alourdies
"Là où le Canada a finalement accepté d'accueillir les futurs parents pour qu'ils puissent assister à la naissance, détaille Alexandre Urwicz, le président de l'association des familles homoparentales, il faut aujourd'hui monter un dossier conséquent auprès de l'ambassade américaine à Paris pour tenter d'obtenir un visa d'urgence, sans garantie. Une fois arrivé sur place, les cliniques imposent une quatorzaine avant de pouvoir entrer. Rares sont celles aujourd'hui qui autorisent la présence dans la salle d'accouchement autre que celle du personnel médical et de la femme qui accouche."
Une fois le bébé né, il lui faut un passeport pour rentrer en France. D'habitude, les États-Unis, qui appliquent le droit du sol, en délivrent un en quelques jours. Mais en ce moment les délais sont rallongés, jusqu’à huit semaines. Il faut donc se rapprocher d’un consulat français pour obtenir un laisser-passer exceptionnel.
Une agence américaine, Circle, met en relation d'un côté des couples qui souhaitent avoir un enfant et de l'autre des mères porteuses. Sarah Marino, manager chez Circle, estime que 20 à 30 naissances encadrées par l'agence pourraient avoir lieu pendant le confinement, de parents français notamment mais également internationaux.
Recréer une nouvelle histoire de ce que sera la venue au monde de leur enfant pendant cette pandémie.
Sarah Marino, manager de l'agence Circle
Circle contacte tous les hôpitaux pour connaître leurs politiques d'accueil des parents au sein de l'hôpital et dans la salle d'accouchement. "On donne aux futurs parents des conseils pour recadrer les attentes qu’ils avaient depuis des mois, des années, sur le grand jour de la naissance de leur enfant. Et les mères porteuses aussi : nous avons des équipes d’assistantes sociales qui les soutiennent." Sarah Marino insiste sur l'importance de l'écoute, de l'information et des conseils psychologiques, et sur "la solidarité : nous mettons en relation beaucoup de parents qui sont dans la même situation actuelle pour se soutenir mutuellement et s’entraider d’un point de vue pratique."
Chaque année entre 200 et 400 enfants naissent par GPA de parents français, entre 40 et 80 seraient concernés selon l’ADFH. Annoncée le 11 mars, l’interdiction pour les Européens d’aller sur le sol américain doit durer trente jours. Elle pourrait être levée dans les prochains jours, ou reconduite.
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