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Pass sanitaire en entreprise : "On ne peut pas demander à l'entreprise de régler les problèmes que la société a du mal à régler", selon la CPME

Invité sur franceinfo lundi 20 décembre, François Asselin, président de la CPME, exprime ses questionnements sur l'obligation du pass sanitaire en entreprise, notamment dans certains secteurs comme le BTP ou le service à la personne.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Illustration d'un pass sanitaire et d'un Code du Travail  (MOURAD ALLILI / MAXPPP)

"On ne peut pas demander à l'entreprise de régler les problèmes que la société dans son ensemble a parfois du mal à régler", estime le président de la CPME François Asselin ce lundi sur franceinfo, alors que le gouvernement envisage de rendre le pass sanitaire obligatoire pour aller travailler. Les syndicats et le patronat participent à une visioconférence convoquée en urgence par la ministre du Travail Elisabeth Borne à ce sujet dans la matinée.

franceinfo : Qu'attendez-vous de cette visio-conférence avec la ministre du Travail ?

On attend de savoir si la décision est prise ou pas, ou si on est tout simplement dans une consultation pour savoir si c'est possible. Suivant la position de la ministre, la réponse ne sera pas tout à fait la même. Concernant la CPME, nous ne sommes pas par principe opposés au pass sanitaire, qui d'ailleurs est en place dans certains secteurs d'activité aujourd'hui, ne serait-ce que dans l'hôtellerie-restauration. En revanche, l'élargir à l'ensemble des entreprises pose quand même d'autres questions d'ordre pratique.

Comment fait-on pour contrôler un salarié qui ne passe pas systématiquement, chaque jour, à l'entreprise ? Dans les secteurs comme le service à la personne, la propreté ou encore le bâtiment, lorsque les salariés vont en chantier, ils ne passent pas par l'entreprise. Comment peut-on assurer ce contrôle ?

François Asselin, président de la CPME

Dans tout cela, chacun peut être sanctionné. Le salarié qui ne veut pas obtempérer à la vaccination, au pass sanitaire, et puis de l'autre côté l'employeur qui risque gros si on lui transfère la responsabilité de contrôler ses salariés. Nous n'en voulons pas, de tout ça. Ce que nous voulons, c'est de la fluidité.

Pensez-vous que ce pass sanitaire risque de créer des tensions dans les entreprises ?

Ce que nous voulons éviter, évidemment, c'est que le dialogue social ne se grippe entre les salariés et l'employeur. Il reste une poche d'irréductibles anti-vaccin dans le pays, certains sont en entreprise ou dans la fonction publique, est-ce qu'on arrivera à les convaincre avec ce système ? Je n'en suis pas sûr. Nous sommes plutôt favorables à élargir la durée de validité des tests plutôt que chaque jour se demander si toi ou toi tu as ton pass sanitaire. Cela nous semblerait mettre un petit peu d'huile dans les rouages. Si, pour éviter le reconfinement, il faut en passer par l'élargissement de l'utilisation du pass sanitaire, il faut que les conditions de cet élargissement correspondent à la réalité du terrain, et surtout qu'on ne récupère pas la responsabilité parce qu'elle peut être très lourde pour les employeurs. 45 000 euros d'amende, un an d'emprisonnement, rendez-vous compte, on ne mérite franchement pas cela. On ne peut pas demander à l'entreprise de régler les problèmes que la société dans son ensemble a parfois du mal à régler.

Estimez-vous que la mise en place d'un tel pass sanitaire en entreprise n'est pas faisable ?

Ce n'est pas infaisable mais encore faut-il savoir comment tout cela peut être mis en œuvre. Il faut savoir si on peut contrôler quotidiennement un salarié qui ne veut pas parce qu'il faut garder le secret médical, donc c'est quand même très compliqué. Ça devient un secret de polichinelle dans une entreprise. Au quotidien, tout cela n'est quand même pas évident à mettre en place. Ce que nous voulons tout simplement, c'est que, si jamais cette éventualité d'élargir le pass sanitaire en entreprise était prise, on permette aux employeurs de le faire dans la plus grande sérénité possible et de faire en sorte que les salariés ne se retrouvent pas coincés pour continuer à venir travailler. Est-ce normal qu'un salarié qui ne veut pas se faire vacciner bénéficie du télétravail et pas ses petits camarades vaccinés ? Est-ce normal qu'un salarié qui doit aller en déplacement le refuse parce qu'il n'est pas vacciné, et que l'un de ses petits camarades doive le faire à sa place ? C'est une position franchement pas simple. Gageons que nous saurons continuer à dialoguer en entreprise avec le plus de sérénité possible pour faire en sorte que la priorité soit de lutter contre l'expansion de cette pandémie.

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