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#OnVousRépond : immunité, mutations du virus... Les réponses à vos questions sur la vaccination contre le Covid-19

Avec #OnVousRépond, franceinfo tente d'apporter des réponses aux questions que vous vous posez. Cet article est consacré à vos interrogations sur la vaccination contre le Covid-19.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Image d'illustration pour l'opération de franceinfo #OnVousRépond (JEAN-FRANCOIS FREY / MAXPPP / STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

Alors que l'Agence Européenne des Médicaments a donné lundi 21 décembre son feu vert au vaccin Pfizer-BioNTech, la France attend l'avis de la Haute Autorité de Santé. La campagne de vaccination pourrait commencer "dès le 27 décembre" a déclaré Olivier Véran ce mardi matin, en visite dans une plateforme logistique à Chanteloup-en-Brie en Seine-et-Marne.

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Bruno Boyer, président de la section santé publique de l’Ordre des médecins et Olivier Emond, chef du service "sciences, santé, environnement" à franceinfo, répondent à vos questions sur la vaccination contre le coronavirus.

J'ai eu la Covid-19 en novembre, est-ce que je pourrai quand même être vacciné ?

Bruno Boyer : Si cela fait plus de trois mois que la personne a été atteinte de la Covid-19, la discussion sera ouverte et elle aura à la mener avec son médecin pour savoir si elle souhaite ou non bénéficier de ce vaccin.

"Si cela fait moins de trois mois, il n'y a pas d'indication et le patient ne sera pas invité à être vacciné."

Bruno Boyer

Olivier Emond : Ce n'est pas automatique. C'est l'avis de la Haute Autorité de Santé de dire qu'il faut laisser un délai de trois mois entre la période où on a été malade - quel que soit le degré de la maladie d'ailleurs qu'on a pu développer avec la Covid-19 - et le moment où on peut se faire vacciner.

La question, d'ailleurs, c'est qu'on ne sait pas combien de temps on garde une immunité une fois qu'on a été malade. Est-ce que c'est deux mois, est-ce que c'est trois mois ? Est-ce que c'est six mois ? Pour l'instant, il y a quelques études, mais il n'y a rien de très scientifiquement établi. Donc, il se peut qu'on puisse être à nouveau malade. Donc, le vaccin peut avoir un intérêt dans ce cas tout de même.

Après, c'est en fonction de la personne, en fonction de son état de santé, qu'il faut évidemment discuter avec son médecin, qui reste de toute façon le passage obligé. La discussion avec un médecin reste vraiment le moment important avant de se faire vacciner.

Qu'est-ce qui est prévu en cas d'effets secondaires ?

Olivier Emond : D'abord il y a le site signalement-sante.gouv.fr qui est le site par lequel vous allez pouvoir déposer une alerte. Signaler, par exemple : "J'ai été vacciné il y a trois jours. J'ai quand même très, très mal au bras", voire des choses plus graves qui pourraient arriver. On n'est jamais totalement à l'abri.

Ensuite l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) organise ce qu'on appelle la pharmacovigilance, la surveillance de la vaccination et des effets que cette vaccination peut avoir. Cela passe par des centres régionaux qui sont dans les hôpitaux. Il y en a trente et un répartis sur le territoire national, qui sont là aussi pour répertorier les données que peuvent transmettre les médecins traitants.

l'Agence nationale de sécurité du médicament s'est engagée à publier un bulletin hebdomadaire sur les effets secondaires.

Olivier Emond

Elle peut d'ailleurs - et anticipe même déjà - des études sur certains points, certaines populations qui vont se faire vacciner pour observer les effets secondaires potentiels et mener des études complémentaires.

Si jamais c'était vraiment gravissime en terme de nombre de personnes touchées et de gravité de la pathologie qui serait développée, elle peut suspendre l'autorisation de vaccination.

Olivier Emond

Pourquoi parle-t-on uniquement de vaccins et jamais de traitements contre le coronavirus ?

Bruno Boyer : Bonne question. Bien entendu, la recherche sur les vaccins, les succès inouïs par leur vitesse et par leur ampleur de la recherche sur les vaccins occupent l'actualité. Ça ne veut pas du tout dire que les scientifiques, les services académiques, l'industrie du médicament ne travaillent pas d'arrache-pied à chercher un traitement spécifique qui permette de guérir et de lutter spécifiquement contre le coronavirus.

"Bien entendu ces travaux-là aussi sont menés mais ils ne produisent malheureusement, à ce jour, pas de résultats probants."

Bruno Boyer

Olivier Emond : Il y a pas mal d'études cliniques et d'essais qui sont en cours, notamment sur les anticorps de synthèse. On va dire des anticorps qui peuvent être fabriqués par l'industrie, à l'image des anticorps qu'on va développer quand on est touché par la maladie. Ce sont ces anticorps qu'on injecterait chez des personnes pour leur éviter de développer des formes graves.

Il y a des essais, notamment le traitement qu'avait reçu, vous vous en souvenez, Donald Trump. D'une entreprise américaine qui a développé ce type d'anticorps. Les études sont en cours d'évaluation par l'Agence Européenne des Médicaments pour certains de ces produits. D'autres sont en développement.

Et puis, il faut quand même dire que les médecins ont bien travaillé depuis presque un an et qu'on a quand même beaucoup amélioré la prise en charge des patients. On n'est plus dans la situation du printemps où, globalement, les professionnels de santé étaient plutôt désarmés quand ils voyaient arriver les malades.

On a des traitements qui ne sont pas spécifiques à cette maladie, mais qui fonctionnent. Notamment des anticoagulants qui permettent d'éviter des cas de problèmes sanguins liés à la maladie. On a des corticoïdes qui permettent aussi de mieux traiter les patients qui peuvent faire des formes graves. Donc, il y a quand même des choses qui avancent.

Combien de temps après l'injection peut-on espérer une immunité ?

Bruno Boyer : Le premier vaccin qu'on va utiliser est le vaccin Pfizer / BioNTech qui repose sur deux injections successives à trois semaines d'intervalle. Certains travaux, certaines publications, montrent que dès la première injection, probablement un commencement d'immunité commence à être acquis. Mais il n'y a pas lieu de remettre en cause le mode d'emploi, si l'on ose dire, de ce vaccin-là, c'est bien deux injections, séparées de trois semaines.

C'est précisément une semaine après la deuxième injection que le laboratoire indique que l'immunité est acquise.

Bruno Boyer

Olivier Emond : C'est vrai qu'aujourd'hui, on a peu de recul puisque ces vaccins ont été même mis au point très, très rapidement et que globalement, sur l'essai de phase 3 - celui qui a permis de montrer son efficacité de manière statistiquement assez large chez l'homme - on a un peu plus de trois mois de recul. Donc on sait que l'immunité, elle, fonctionne dans ce vaccin autour de 95% sur au moins trois mois.

On espère que cette immunité perdure un peu plus dans le temps parce que dans les essais en amont de la phase 3, on s'est rendu compte qu'on gardait des anticorps pendant six mois. Donc, on peut dire qu'on espère que l'immunité dure ces six mois là minimum. Et puis, globalement, dans l'histoire de la vaccination, on sait que l'immunité dure quand même au moins six mois à un an. Si le virus ne change pas ! Pour la grippe par exemple on se vaccine tous les ans parce que le virus peut changer.

L'information sur les vaccins va-t-elle évoluer dans les semaines et les mois qui viennent ?

Bruno Boyer : Oui, des études vont être conduites et au fur et à mesure que le nombre des personnes vaccinées va être plus élevé, on va avoir plus d'informations. On va avoir des séries qui permettront d'analyser et de comprendre davantage de choses à la fois sur l'effet du vaccin chez des personnes ayant été malades, mais aussi sur l'immunité effective des personnes qui ont eu la Covid-19 et sur la nécessité, l'intérêt pour eux d'être vaccinés.

Ce que j'aimerais souligner, c'est que dans tous les cas, cette vaccination est fondée sur le consentement, le volontariat. Ce consentement va reposer évidemment sur l'information. Loyale, claire, appropriée qui doit être donnée par les médecins, qui vont peser avec leurs patients le pour et le contre de cette opportunité.

Peut-on se faire vacciner alors qu'on est infecté par le coronavirus ?

Bruno Boyer : Pour ce que l'on en sait, il n'y a pas de danger à ce qu'une personne qui aurait rencontré le virus soit vaccinée. Ça ne semble pas utile de réaliser un test PCR avant d'envisager la vaccination.

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