Les visières de protection sont-elles efficaces pour se protéger du coronavirus ?
Portées par les soignants, les commerçants et même certains particuliers, les visières anti-projections sont faciles à fabriquer et peu onéreuses. Mais sont-elles vraiment efficaces ? La cellule vrai du faux vous répond.
Le déconfinement approche et pour pallier le manque de masques, de plus en plus de soignants, de commerçants et de particuliers se tournent vers les visières anti-projections pour se protéger du coronavirus. Certains les fabriquent eux-mêmes à partir de tutoriels, des mairies en commandent pour équiper leurs populations, d’autres en réalisent bénévolement pour les soignants grâce à des imprimantes 3D. En quelques semaines, des dizaines d’initiatives, comme celle de Visière solidaire, ont été lancées pour mettre en contact des personnes dans le besoin avec des fabricants.
Si les visières sont en forte demande depuis le début de la crise sanitaire, sont-elles efficaces pour se protéger du Covid-19 ? Oui, mais à certaines conditions. Elles doivent notamment être portées en complément d’un masque tout en respectant les gestes barrières. La cellule vrai du faux de franceinfo vous explique.
Les visières protègent le visage des gouttelettes mais pas des particules en suspension
Sur son site, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) admet que les visières de protection “peuvent protéger les porteurs des grosses gouttelettes émises par une personne à proximité et face à l’écran”. Les gouttelettes sont transmises par la toux, l’éternuement ou les postillons, explique Santé Publique France. Porter une visière ou un masque grand public permet donc d’éviter de recevoir ces postillons. Constituées d’un écran facial en PVC de la taille d’une feuille A4, les visières ont l’avantage de couvrir la totalité du visage, rajoute l’Institut national de recherche et de sécurité, contrairement aux masques qui ne protègent pas les yeux. En plus, “ces écrans ont l’avantage de pouvoir être retirés en minimisant le risque de toucher le visage”, juge l’INRS.
Les visières “rassurent énormément le personnel soignant parce que cela évite toutes projections au niveau des yeux, de la peau et de la bouche, et cela nous évite aussi de porter nos mains au visage”, explique Emmanuel Gusmini, médecin aux urgences du Centre hospitalier de Corbeil-Essonne, à France Inter. Contacté par franceinfo, le président de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, Serge Fournier, affirme que ces visières sont “totalement indispensables à l’exercice de la profession”. L'utilisation d'une roulette ou au moment d'un détartrage, il y a des "disséminations, des gouttelettes de salive et d’eau dans un rayon important, jusqu’à sept mètres autour du patient”, explique-t-il.
En revanche, les visières “n’ont pas l’efficacité des masques de protection respiratoire” de type FFP2, prévient l’INRS. En effet, si elles permettent d’éviter le contact avec des grosses gouttelettes, elles sont inefficaces pour se protéger des particules en suspension. Comme l’ont démontré certaines études scientifiques, le virus pourrait survivre dans l’air sous forme de particules très fines, c’est ce qu’on appelle la forme aérosol.
Les visières doivent être utilisées en complément
"En milieu de soins, les écrans faciaux ne doivent pas être utilisés seuls, mais en complément d'une protection respiratoire”, préconise l’Institut national de recherche et de sécurité. Dans les hôpitaux, les visières font partie des éléments de protection à porter mais en complément d’un masque. Même chose pour les dentistes : “La visière seule n’est pas suffisante car elle n’est pas étanche partout”, explique le président de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, Serge Fournier.
Pour les autres professions, “les écrans faciaux ne peuvent être utilisés qu’en complément des mesures collectives, organisationnelles et d’hygiène mises en œuvre permettant d’assurer la santé et la sécurité des salariés”, détaille l’INRS. L'institut demande aux entreprises “d’évaluer si la mise à disposition de ces écrans est adaptée aux risques résiduels encourus aux postes de travail”. Si les visières sont utilisées, “il convient alors d’en nettoyer les deux faces régulièrement et d’éviter de porter les mains au niveau du visage sous la visière”, conclut l’INRS.
Les visières anti-projections sont donc une protection supplémentaire mais n’ont pas pour vocation de remplacer les masques : “Pour le grand-public, les masques sont une meilleure réponse car ils sont plus faciles à porter”, indique la Direction générale de la Santé qui ajoute que “le port de visière n’est pas prévu à grande échelle”.
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