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Les tests du tocilizumab contre le coronavirus sont "extrêmement encourageants", selon le professeur chargé de la recherche

L'AP-HP a tenu à communiquer sur l'essai de ce médicament. "Éthiquement ce n'est pas possible de savoir qu'un traitement est efficace et de le garder pour soi alors qu'il y a une épidémie mondiale", explique le professeur Gabriel Steg.

Article rédigé par franceinfo
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Covid-19, la maladie découlant du coronavirus  (photo d'illustration) (SAJJAD  HUSSAIN / AFP)

L'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) affirme lundi dans un communiqué avoir réalisé un essai clinique réalisé à base de tocilizumab améliorant "significativement le pronostic des patients avec pneumonie Covid moyenne ou sévère". Le tocilizumab est un médicament utilisé notamment dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. Ces essais sont "extrêmement encourageants", a déclaré  mardi 28 avril sur franceinfo le professeur Gabriel Steg, vice-président du directoire de l'AP-HP chargé de la recherche.

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Quels sont les effets de ce médicament ?

C'est un médicament anti-inflammatoire qui est utilisé dans la polyarthrite rhumatoïde. On sait qu'un certain nombre des personnes atteintes par le Covid vont développer une pneumonie grave. Chez eux, au bout de 8 à 10 jours, il se produit une espèce d'orage inflammatoire avec une production de certaines protéines en grande quantité qu'on appelle les cytokines. Ce médicament est un anti-cytokines, donc anti-inflammatoire. Il a été testé chez les gens qui avaient des pneumonies sévères. Ce qui a été montré c'est que ça diminue le besoin d'aller en réanimation ou le risque de décès. 

On éteint l'orage en quelque sorte.

Professeur Gabriel Steg, chargé de la recherche

à franceinfo

L'étude a été menée sur deux groupes d'une soixantaine de patients. Quelles sont les prochaines étapes ?

Cette étude a été faite par tirage au sort. C'est très important parce que malgré le nombre restreint cela permet de tirer des conclusions très solides en comparant les résultats dans les deux groupes. Certains ont donc reçu un traitement normal et d'autres un traitement normal plus la molécule. Le fait qu'il y ait tirage au sort veut dire que les deux groupes sont parfaitement comparables et qu'ils devraient avoir la même évolution. Cette méthode très rigoureuse permet de tirer des conclusions même d'un très petit effectif. Mais le suivi n'est pas terminé, il reste à les suivre à plus long terme. Même si cet essai est concluant, il faut d'abord qu'il soit évalué par les autres scientifiques et surtout on aime bien avoir plusieurs résultats concordants avant de changer la pratique médicale. Mais c'est extrêmement encourageant.

L'AP-HP a communiqué sur cet essai sans donner de résultats précis. Pourquoi ?

On est pris entre deux feux. Éthiquement ce n'est pas possible de savoir qu'un traitement est efficace et de le garder pour soi alors qu'il y a une épidémie mondiale. Dans le contexte Covid, les scientifiques communiquent très largement leurs résultats. Mais dans la pratique scientifique, quand on a un résultat, on ne donne pas les détails avant qu'ils aient été évalués par les revues scientifiques médicales qui évaluent, corrigent, font refaire des analyses, demandent des précisions. Donc, on ne peut pas donner les résultats au grand public sans qu'ils aient été évalués. 

La recherche avance, il y a 12 essais en cours et 16 autres en préparation. Il y a une accélération phénoménale de la recherche.

Professeur Gabriel Steg

à franceinfo

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