Le décryptage éco. Le chômage partiel bientôt revu ?
L’économie française tourne au ralenti et le nombre de salariés au chômage partiel augmente de jour en jour : on est déjà à huit millions. Economiquement, est-ce tenable longtemps ? L'analyse de Fanny Guinochet ("L'Express").
Huit millions de salariés sont désormais au chômage partiel en France à cause du coronavirus. Le rythme est incroyable : en une semaine à peine, près de trois millions de salariés de plus sont entrés dans le dispositif, selon Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. Pour bien se rendre compte, il y a au total plus d'un salarié du secteur privé sur trois en chômage partiel, un tiers des actifs du privé. On n'a jamais vu ça. Et ça veut dire que 700 000 entreprises et associations paient actuellement leurs salariés par ce biais. On rappelle que la mesure permet pour l’employé de toucher 84% de son salaire net, 100% s’il est au smic.
L’objectif du chômage partiel, c’est d’éviter les ruptures de contrats de travail et donc une vague massive de licenciements. Le hic, c’est que ce système coûte très cher aux finances publiques même si la prise en charge est partagée entre l'État et l'Assurance chômage. Aujourd’hui la facture dépasse les 20 milliards d'euros. C’est astronomique et c’est pour cela que plusieurs voix s’inquiètent : cette mesure d’appoint, disent-elles, ne pourra pas durer trop longtemps.
Le gouvernement ne va pas supprimer le chômage partiel tout de suite
On est encore dans le dur de l’épidémie. Ensuite, en fonction du déconfinement, Le chômage partiel pourrait connaître quelques changements. Le déconfinement risque de se faire par étapes, par filières ou par régions, et le dispositif pourrait alors être aménagé pour inciter des secteurs à repartir, éviter que certaines entreprises qui pourraient reprendre l’activité tardent un peu à le faire, en s’appuyant sur cette aide généreuse de l’État. Le gouvernement pourrait alors baisser le taux de prise en charge, pourquoi pas en le mettant au niveau de l’Allemagne, où l’indemnisation est autour de 65% du salaire.
Les entrées en chômage partiel risquent de continuer à enfler
Il y a des chances que les entrées en chômage partiel continuent à grimper. C’est aussi pour ca que le gouvernement prévient : attention à ceux qui seraient tentés d’en abuser ! Par exemple, si un employeur demande à un salarié de télétravailler alors qu’il est au chômage partiel, c'est illégal, comparable à du travail au noir. Et les sanctions sont lourdes : il faut s’attendre à rembourser les sommes perçues, être exclu pendant cinq ans d'aides publiques et pour les cas graves, les employeurs risquent jusqu’à deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.
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