"J'ai fait trois heures et demie de queue et il n'y avait plus rien" : les merceries dévalisées pour la confection de masques
Au célèbre marché Saint-Pierre, à Paris, les boutiques sont parfois proches de la rupture de stocks. Les élastiques sont devenus la perle rare et certains clients constatent une flambée des prix.
À partir du 11 mai, porter un masque sera obligatoire dans certaines situations : dans les transports en commun ou dans les établissements scolaires pour le personnel encadrant. C'est une des mesures du plan de déconfinement présenté par le Premier ministre mardi 28 avril devant les députés. Depuis cette annonce, l'affluence dans les merceries et magasins de tissus a bondi, comme au marché Saint-Pierre, dans le quartier de Montmartre à Paris.
Les boutiques ne désemplissent pas, les cagettes pleines de chutes de tissu se vident à vue d’œil. Claude est normalement costumière de théâtre, mais aujourd’hui, ce qu’elle cherche, ce sont "des élastiques et un morceau de tissu parce que j'ai des commandes de masques avec des couleurs particulières pour des métiers particuliers", raconte-t-elle. Elle va notamment équiper "des hôtels où ils ont des uniformes. Il faut que les masques soient plus ou moins assortis aux costumes."
Ces couturiers professionnels ou amateurs on parfois dû faire de la route afin de s’approvisionner en tissu. Pour venir au marché Saint-Pierre, Nadia a roulé une demi-heure, depuis Maison Alfort dans le Val-de-Marne : "Je suis allée dans un magasin de couture à côté de chez moi, j'ai fait trois heures et demie de queue et au final, il n'y avait plus rien." Dans les boutiques du marché Saint-Pierre, les distances de sécurité sont respectées, la plupart des clients portent des masques et on se désinfectent les mains avant d’entrer. "Bonjour, la chasse au virus !", dit un employé en invitant la clientèle à utiliser le spray en libre service, "Allez, eh oui, il faut bien se protéger."
La chasse aux élastiques
Les files s’éternisent devant les magasins, jusqu’à 30 minutes d’attente. La denrée rare, ce sont les élastiques : "Les élastiques coûtent très cher, très très cher, raconte une cliente. Il y a quelques semaines, on le trouvait à 30, 40 centimes d'euros le mètre. Aujourd'hui, j'ai du mal à le trouver à moins d'un euro le mètre."
Je trouve ça aberrant de monter les prix pour cause de pénurie. C'est dommage d'en arriver là.
Une clienteà franceinfo
Dans sa mercerie, Kamel a encore quelques rouleaux, mais plus pour longtemps : "Il nous reste quelques bobines. On va essayer de dépanner d'ici la semaine prochaine", explique le commerçant qui espère être réapprovisionné rapidement. "Actuellement, on est en rupture de stock. Il me reste juste quelques rouleaux, de quoi tenir, peut-être, jusqu'à lundi prochain. Mais le problème c'est que chaque client prend dix, douze mètres, 20 mètres, 50 mètres, même 100 mètres !", regrette Kamel.
Si les prix des tissus et des élastiques augmentent, ce n’est pas le cas chez Suzie, une autre commerçante du marché Saint Pierre : "On fait des petits prix parce que ça nous fait plaisir d'aider les gens, qu'ils aient tous un masque, qu'ils soient en sécurité, dans les transports, pour faire des courses." Cette professionnelle dit voir repartir ses clients avec plusieurs mètres de tissus dans les bras, pour fabriquer des masques, pour leur famille, les voisins et les collègues.
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