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Infographies Covid-19 : présence du variant, hausse des cas, saturation des hôpitaux... En Ile-de-France, tous les indicateurs sont dans le rouge

Le nombre des nouvelles contaminations s'envole en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne. Face à l'afflux des malades du coronavirus, les hôpitaux sont dans l'obligation de déprogrammer les opérations d'autres patients. Sur le terrain, les élus restent opposés à un reconfinement.

Article rédigé par Mathieu Lehot-Couette
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des soignants s'occupent d'un patient atteint du Covid-19 placé en réanimation, à l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le 8 février 2021. (BERTRAND GUAY / AFP)

"C'est un aveu d'échec." Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon, à Paris, n'a pas mâché ses mots, lundi 8 mars, sur franceinfo. Le médecin réagissait à l'ordre donné dimanche par l'Agence régionale de santé (ARS) de déprogrammer 40% des opérations pour libérer des lits de soins critiques pour les patients atteints du Covid-19.

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Avec un niveau d'occupation des lits de réanimation qui s'élève désormais à 88%, la situation est de plus en plus tendue en Ile-de-France. Et les courbes des nouvelles contaminations, qui continuent de s'envoler, ne laissent pas présager d'accalmie dans les jours à venir, au contraire. Toutefois, "le confinement de l'Ile-de-France n'est pas d'actualité, cette mesure serait proposée si l'hôpital ne pouvait pas tenir", a indiqué Jérôme Salomon, le directeur de la santé, mardi.

Le seuil d'alerte dépassé dans les huit départements

D'après les dernières données, au 5 mars, publiées lundi par Santé publique France, l'organisme en charge de la veille sanitaire au niveau national, l'ensemble des huit départements d'Ile-de-France sont dans le rouge. Le variant britannique, réputé plus contagieux que la souche initiale du Covid-19, représente plus de 60% des cas positifs dans chacun des territoires. Ce taux dépasse même les 70% dans le Val-d'Oise et les Yvelines.

Tous les départements de la région ont désormais un taux d'incidence – nombre de nouvelles contaminations sur une semaine pour 100 000 habitants – qui dépasse le seuil d'alerte maximum, fixé à 250 par le gouvernement. La situation est particulièrement préoccupante en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, où le taux d'incidence a respectivement bondi de 80% et 60% entre le 15 février et le 5 mars.

Sur les 10 départements qui présentent les plus forts taux d'incidence au 5 mars, six sont situés dans la région Ile-de-France. Le Covid-19 contamine désormais davantage en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne que dans le Pas-de-Calais, territoire placé sous confinement le week-end depuis samedi 6 mars pour une période d'au moins quatre semaines.

Des services hospitaliers sous tension

Cette poussée des contaminations se fait ressentir de plus en plus durement dans les hôpitaux de la région parisienne, et plus particulièrement dans les services dédiés à la prise en charge des patients les plus gravement atteints. "C'est plus que tendu", s'alarme le docteur Jean-Michel Constantin, responsable d'un service de réanimation dédié aux malades du coronavirus à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. Le nombre de patients Covid en soins critiques grimpe en flèche depuis le 26 février et se rapproche dangereusement du nombre de places en réanimation disponibles au niveau régional. Les autorités sanitaires utilisent ce repère pour calculer un niveau de tension des services de réanimation. Il est actuellement à 88%.

Face à l'afflux de patients, l'ARS d'Ile-de-France a demandé, dimanche 7 mars, à tous les directeurs des hôpitaux et cliniques franciliens de passer au palier trois (sur une échelle qui en comprend quatre) de l'adaptation de l'offre de soins hospitalière. Ordre est ainsi donné aux chefs d'établissements de déprogrammer 40% des opérations, afin de libérer un plus grand nombre de lits en soins critiques pour la prise en charge des patients les plus gravement atteints par le Covid-19. Ainsi 450 places supplémentaires devraient s'ajouter aux 1 127 déjà mises à disposition. Une décision qui aura de lourdes conséquences à long terme, préviennent les professionnels. "Pour l'instant, nous avons surtout déprogrammé des opérations de dépistage ou de chirurgie fonctionnelle. Mais les prises en charge des opérations aussi urgentes que les cancers risquent aussi de devoir être repoussées. Tout cela a un prix en termes de santé publique. Et à un moment, il va falloir payer tous ces retards", anticipe le docteur Jean-Michel Constantin. Il précise également que les vaccinations ne peuvent pas encore avoir d'effet dans les réanimations : "Ce sont surtout les personnes de plus de 80 ans qui ont été vaccinées. Or l'âge médian des patients de mon service est de 62 ans".

Les élus toujours contre un reconfinement

Alors que la situation semble de plus en plus intenable, l'Ile-de-France pourra-t-elle échapper à un reconfinement ? Sur le terrain, les élus restent opposés à une telle mesure. Interrogée lundi sur France Inter, la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a réaffirmé son opposition. "Je ne suis pas sur l'idée d'un confinement. Je pense que c'est quelque chose d'insupportable pour beaucoup de nos concitoyens", a-t-elle déclaré, en demandant même au passage une adaptation du couvre-feu à Paris. "A 18 heures, on est en milieu d'après-midi à Paris. […] Donc je pense qu'il faudrait l'adapter", a expliqué la maire de Paris.

Du côté de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, le président socialiste du conseil départemental, reste lui aussi plutôt réticent à l'idée d'un reconfinement. "Je mesure les dégâts économiques, sociaux et psychologiques d'une telle mesure", précise l'élu auprès de franceinfo, en renvoyant la balle au gouvernement : "cette question ne relève pas des élus locaux. Chacun doit assurer ses responsabilités".

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