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Flins, Choisy, Dieppe, Caudan, Maubeuge... Ce que le plan d'économies de Renault prévoit pour ces usines

L'épidémie de Covid-19 a paralysé l'activité du groupe automobile français pendant plusieurs semaines. La marque au losange a présenté, vendredi, un plan d'économies de 2 milliards d'euros, qu'elle avait annoncé en février.

Article rédigé par franceinfo
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Le site Renault de Flins-sur-Seine (Yvelines), le 28 janvier 2016. (MAXPPP)

Le coronavirus porte un nouveau coup à la marque au losange. Le constructeur automobile français Renault a annoncé officiellement, vendredi 29 mai, un plan d'économies de 2 milliards d'euros qui prévoit la suppression d'environ 15 000 emplois dans le monde, dont 4 600 en France. Le constructeur automobile a aussi dévoilé un projet de restructuration pour six de ses usines en France. Ces "hypothèses de travail" feront l'objet d'une "concertation approfondie avec l'ensemble des parties prenantes et en particulier les partenaires sociaux et les collectivités locales", assure le groupe.

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Depuis un an, le constructeur traverse une mauvaise passe. Après avoir enregistré en 2019 sa première perte nette en dix ans, Renault est de nouveau fragilisé par la crise sanitaire. En avril, ses livraisons européennes ont chuté de 79%. Avant le confinement, la direction du groupe avait prévenu : "Nous n'avons aucun tabou et nous n'excluons rien." Flins, Choisy, Dieppe... Franceinfo fait le point sur l'avenir de ces sites du groupe.

 Choisy-le-Roi : fermeture du site annoncée

La situation actuelle. Situé à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), le site, qui a ouvert en 1949, est spécialisé dans la rénovation des pièces mécaniques des voitures. Il possède des ateliers de démontage et d'assemblage qui produisent des moteurs, des boîtes de vitesses mécaniques... Quelque 260 salariés y travaillent.

Ce que prévoit le plan. "Nous ne fermerons qu'un seul site à l'horizon 2022, sur nos 14 sites industriels en France. C'est Choisy pour lequel nous allons valoriser les compétences en région parisienne", a annoncé Jean-Dominique Senard, président du groupe Renault, lors d'une conférence vendredi matin. 

L'activité de l'usine doit être transférée vers celle de Flins (Yvelines), à une soixantaine de kilomètres de là. "Le déménagement de Choisy est logique. Le site actuel est trop petit pour cette activité d'économie circulaire (reconditionnement des pièces mécaniques) que Renault veut développer", expliquait une source au Monde

Une centaine de personnes, dont des élus locaux, étaient rassemblées vendredi matin devant l'usine de Choisy-le-Roi. "Pour nous c'est un double choc. Déjà on apprend la nouvelle des difficultés de Renault dans les médias, puis, là on dit qu'on va fermer pour aller à Flins. On ne comprend pas comment c'est possible", souffle Antonio Perez, 52 ans, employé sur le site depuis "plus de 20 ans", auprès de l'AFP. 

Flins : arrêt de la production automobile après 2024 et remaniement de l'activité

La situation actuelle. L'usine de Flins (Yvelines), créée en 1952, emploie 2 640 personnes. Spécialisé dans la production de citadines, c'est le site français qui a produit le plus de véhicules en 2019, avec plus de 60 000 Clio, Zoe et Micra. 

Ce que prévoit le plan. La production automobile cessera à la fin de la Zoe, après 2024. L'usine sera reconvertie et récupèrera l'activité de réparation de pièces du site de Choisy-le-Roi. Le site pourrait devenir un pôle d'économie circulaire. Cette "évolution de l'activité" avait déjà été évoquée avec les syndicats, il y a quelques jours, "avec un maintien de la capacité de production", avait déclaré déclare Franck Daoût, délégué syndical central CFDT.

Selon Le Monde (article payant), le site n'a pas une rentabilité suffisante, souffre de sa grande taille et d'un bassin d'emplois trop proche de Paris. "Comparé à l'usine la plus rentable de Renault, Maubeuge, le turn-over des équipes est nettement plus élevé, ce qui génère des coûts importants de formation", avance un spécialiste au quotidien. Durant le confinement, l'usine a déjà élargi son activité en produisant des masques chirurgicaux pour l'ensemble des sites et des concessions d'Europe. 

Dieppe : un avenir en sursis

La situation actuelle. Créé en 1969, le site de Dieppe (Seine-Maritime) est principalement connu pour l'assemblage de l'Alpine A110, un coupé sportif lancé il y a deux ans. Il produit également des véhicules de petite série et compte environ 400 salariés. En début d'année, la cadence de production de l'Alpine A110 a été réduite de 15 à 7 véhicules par jour.

Ce que prévoit le plan. "Ce qui est sûr c'est qu'on va continuer à produire. Après, la question qu'on se pose, c'est pendant combien de temps", a réagi Dominique Séraphin, secrétaire du CSE et syndicaliste CFDT sur le site de Dieppe, auprès de franceinfo. Le plan dévoilé par Renault entrouve un avenir incertain pour l'usine. A l'heure actuelle, les emplois du site de Dieppe ne sont pas directement menacés, mais cette situation est conditionnée par l'avenir de l'Alpine. Renault veut développer à une "réflexion sur la reconversion de l'usine, à la fin de la production de l'Alpine A110". 

"Cela serait dommage pour Renault de se débarrasser de ce joyau, parce que ça a vraiment une très forte valeur ajoutée pour le groupe", estime Dominique Séraphin. "Ils ont fait le boulot dans une usine qui fonctionne, qui est reconnue comme fonctionnant très bien et voire même qui fait du business", a ajouté vendredi matin Franck Daoût, délégué syndical central CFDT chez Renault, au micro franceinfo. L'usine n'est toutefois pas équipée pour fabriquer le futur SUV Alpine, censé développer la marque, note Le Monde.

Caudan : pas de fermeture mais une "revue stratégique"

La situation actuelle. Filiale du groupe Renault, implantée depuis 1965, la Fonderie de Bretagne à Caudan (Morbihan) produit des pièces de fonderie brutes et des pièces pour les moteurs et les boîtes de vitesses. Au total, 385 personnes y travaillent, selon Le Monde.

Ce que prévoit le plan. "Je vous confirme que la fonderie ne fermera pas", a déclaré Laurent Galmard, directeur général de Fonderie de Bretagne, vendredi matin. Si la fermeture du site n'est pas à l'ordre du jour, le devenir du site reste tout de même incertain. Le plan d'économies présenté par la marque prévoit une "revue stratégique" de l'usine. "Nous ne sommes pas fermés à une exploration de diversification de nouveaux marchés", a précisé Laurant Galmard.

"C'est un sursis, on en est conscient. C'est une victoire mais pas une victoire finale. On sait que chez Renault et dans le monde de l'automobile rien n'est acquis", a lancé Mael Le Goff, représentant de la CGT, vendredi matin. Depuis le 25 mai, certains salariés bloquent l'accès à l'usine et la production est à l'arrêt. "Cette semaine a été une semaine de lutte ! Maintenant le plus dur reste à faire, un projet à construire, on sait tous que le marché auto se pète la gueule, il va falloir trouver à se diversifier", a-t-il ajouté.

Maubeuge : une fusion avec le site de Douai envisagée

La situation actuelle. L'usine Maubeuge construction automobile (MCA), située dans le Nord, est devenue une filiale de Renault en 1969. Elle est spécialisée dans la production des véhicules Kangoo et de ses dérivés utilitaires, y compris électriques. Au 31 décembre 2018, elle comptait 1 639 employés. 

Ce que prévoit le plan. Une fusion des sites de Maubeuge et de Douai est envisagée pour créer "un centre d'excellence des véhicules électriques et utilitaires légers dans le nord de la France", a dévoilé Renault. La production des utilitaires électriques Kangoo pourrait être transférée à Douai, à 70 km de là. Cette usine qui produit les modèles Espace, Scenic et Talisman utilise actuellement moins d'un quart de ses capacités. A l'annonce du plan, le site de Maubeuge était bloqué et "il y aura une manifestation", samedi, a précisé Franck Daoût, un des responsables de la CFDT chez Renault. 

Ces derniers jours, le président de la région Xavier Bertrand et des élus du Nord, dont deux députés LREM, se sont mobilisés avec des salariés contre toute éventualité de transfert. Ce plan "mettrait en péril des milliers d'emplois et bouleverserait la vie des 1 800 salariés et 600 intérimaires du site", alerte le député macroniste Christophe Di Pompeo, rappelant qu'il s'agit de "l'usine la plus performante du groupe". Renault avait annoncé, en 2018, un investissement de 450 millions d'euros sur cinq ans dans MCA pour produire en France de nouveaux véhicules utilitaires basés sur son modèle Kangoo.

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