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Epidémie de coronavirus : le confinement va-t-il provoquer une pénurie de billets de banque aux distributeurs ?

La Banque de France indique que les retraits d'argent liquide qui avaient un peu augmenté avant le début du confinement ont fortement diminué depuis. L'institution comme les représentants syndicaux du secteur assurent que les distributeurs sont alimentés et qu'aucune rupture de stock n'est à craindre. 

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un homme retire des billets de banque à un distributeur automatique de Lille (Nord), le 4 janvier 2017. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Des distributeurs automatiques de billets pris d'assaut avant le début du confinement, vidés de leur contenu par des consommateurs paniqués faisant des provisions d'argent, et pas réapprovisionnés depuis par les transporteurs de fonds. Voici le scénario catastrophe imaginé par certains internautes sur les réseaux sociaux, alors que les Français sont appelés à rester chez eux pour limiter la propagation du coronavirus. Y a-t-il réellement un risque de pénurie d'argent frais ou est-ce une "fake news" de plus autour de l'épidémie ? Franceinfo s'est intéressé à cette rumeur.

Dans les jours et les heures qui ont précédé le début du confinement, la Banque de France a observé une hausse des retraits d'argent liquide aux distributeurs indique à franceinfo Erick Lacourrège, directeur général de l'institution financière en charge des services à l'économie et du réseau. "Ce n'était pas un raz-de-marée", commente le cadre dirigeant. Mais l'augmentation était significative : "de 10 à 30%", selon les points de retrait. "Quelques distributeurs ont été vidés", reconnaît Erick Lacourrège, avançant la statistique de "1 à 3% du parc".

"De 30 à 50%" de retraits en moins

Depuis le début du confinement, la Banque de France constate une tendance inverse. Les retraits d'argent liquide aux distributeurs ont chuté, "de 30 à 50% selon les endroits", calcule Erick Lacourrège. "Les effets du confinement se font sentir, analyse-t-il. Nos concitoyens ne sortent plus pour retirer des espèces et ils n'ont plus d'occasions de dépenses en liquide, mis à part les achats de première nécessité." 

On observe le même tassement des retraits aux distributeurs et des paiements en liquide en Italie et en Espagne

Erick Lacourrège

à franceinfo

Pour ce directeur général de la Banque de France, la rumeur d'une pénurie d'argent liquide est "une légende urbaine". L'institution a certes arrêté son activité de tri des billets usagés, afin de réduire le nombre d'employés mobilisés au strict nécessaire, conformément aux recommandations des autorités. Les vieux billets ne sont donc plus réinjectés dans l'économie. Mais elle continue de fournir aux transporteurs de fonds des billets neufs, sortis de ses stocks, confirme à franceinfo Pascal Gabay, délégué central adjoint de la CGT Banque de France. 

Des stocks pour plus de "cinq semaines"

"On a au minimum cinq semaines de stock dans chacune de nos implantations en France", évalue Erick Lacourrège. Ces réserves sont établies en fonction d'une consommation normale. Or avec le confinement, les retraits ont baissé de près d'un tiers voire de moitié. Les provisions de la Banque de France devraient donc permettre de tenir largement encore cinq semaines. Sans compter que l'institution a toujours la possibilité de fabriquer de nouveaux billets pour remplacer ceux qui ne sont plus remis dans le circuit financier. Et "si l’état des stocks le nécessitait, nous reprendrions dans le futur l’activité de tri des billets", ajoute l'institution.

Mais n'y a-t-il pas un risque que les convoyeurs cessent le travail de peur d'être contaminés et deviennent le maillon faible de cette chaîne ? "Ils sont trois à l'intérieur d'une boîte de sardine - si vous me pardonnez l'expression - et certains considèrent qu'ils ne sont pas en sécurité et menacent de faire valoir leur droit de retrait", signale Luc Mathieu, secrétaire général de la CFDT banques et assurances.   

Il ne s'agit que de "quelques cas isolés", "une minorité", tempèrent Pascal Quiroga, coordinateur national de la CFDT transport de fonds, et François Daoust, délégué général de la Fédération des entreprises de la sécurité fiduciaire. "Les distributeurs automatiques de billets ont été réapprovisionnés au plus haut niveau à la demande des banques", insiste Pascal Quiroga. 

"A partir de la semaine prochaine, les entreprises de transport de fonds se mettront au chômage partiel, parce que beaucoup de leurs clients ont fermé boutique, indique le syndicaliste, mais les activités de transport de fonds à destination des banques seront maintenues." "Les distributeurs automatiques de billets ne sont pas en rupture de stock. Ils sont pleins, ils sont remplis et ils continueront de l'être, insiste François Daoust. Il n'y a aucune pénurie. Il faut tordre le cou à cette 'fake news'." 

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