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Effectifs réduits, cours à l'extérieur, temps partiel... Comment s'organise la rentrée des classes à l'étranger ?

Plusieurs pays ont déjà rouvert les classes ou programmé une reprise progressive des cours d'ici le mois de mai. Un véritable casse-tête face aux exigences sanitaires et appréhensions de certains parents.

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Des élèves d'une école primaire à Chengdu (Chine), le 27 avril 2020. (LIU KUN / XINHUA)

"Nous avons étudié ce que font les autres pays." Edouard Philippe a présenté, mardi 28 avril, sa stratégie pour le retour en classe des élèves en France. A partir du 11 mai, les maternelles et les écoles élémentaires seront les premières à rouvrir leurs portes "sur la base du volontariat". Elles seront suivies une semaine plus tard des collèges pour les élèves de sixième et de cinquième "dans les départements où la circulation du virus est très faible".

Concernant les mesures sanitaires, elles seront "strictes". "Pas plus de 15 élèves par classe, une vie scolaire organisée autour du respect des règles barrières (...) et de la distribution de gels hydroalcooliques". Tous les enseignants et encadrants devront porter un masque dès lors qu'ils ne pourront pas respecter les règles de distanciation. Des mesures semblables à celles prises ou envisagées dans plusieurs pays. Franceinfo fait le point.

Ils ont déjà repris le chemin de l'école

• Une rentrée sous haute surveillance en Chine. Après quasiment quatre mois de grandes vacances pour cause d'épidémie, les collégiens et lycéens chinois ont effectué une rentrée ultra-sécurisée dans certaines métropoles. A Pékin, seuls les lycéens de dernière année ont été autorisés à revenir en classe pour préparer le "gaokao", l'examen d'entrée à l'université, le plus important de la scolarité des Chinois.

Les mesures sanitaires sont très strictes. Dans certains établissements, les élèves sont accueillis par du personnel en combinaison intégrale avant de franchir une tente qui sert de sas de désinfection. "Les élèves se font désinfecter leur sac et leurs habits. On prend leur température", explique le correspondant de France Télévisions en Chine, Arnault Miguet. Une fois à l'intérieur, les élèves doivent garder leurs distances. "C'est aussi valable à la cantine. Des salles de sport ont été aménagées pour que les enfants mangent espacés." Certains élèves sont équipés de visière ou de lunettes et "portent un masque, quel que soit l'âge".

Dans une école primaire de Hangzhou dans l'est de la Chine, les enfants sont même arrivés en classe avec des chapeaux personnalisés, surmontés de tiges ou d'ailes en carton pour les aider à garder leurs distances.

• Au Danemark, des cours jusque dans les champs. Les Danois ont été les premiers élèves européens à reprendre le chemin de l'école, en commençant par les primaires. En plus des gestes barrières (désinfection des salles, lavage des mains toutes les deux heures, espace entre les élèves…), le gouvernement a encouragé les professeurs à travailler à l'extérieur afin de prévenir toute propagation du virus.

Concrètement, "les cours ont lieu dans les champs autour des écoles, dans les cours de récréation ou les jardins", explique à franceinfo Dorte Lange, vice-présidente de l'Union des enseignants danois. "Les groupes sont réduits au maximum et les enfants doivent garder deux mètres de distance entre eux." Les récréations sont également organisées par petits groupes. Les collégiens et lycéens devront, eux, attendre le 10 mai pour retourner en classe.

 Priorité aux plus petits en Norvège. Les barnehager, qui font office de crèches et de maternelles, ont été les premières à rouvrir leurs portes en Norvège. Les enfants de moins de 3 ans doivent être regroupés sous la responsabilité d'un adulte, en petits groupes de trois, et ceux de 3 à 6 ans en groupes de six, sans se mélanger avec les autres. Les écoles de niveau élémentaire (6-10 ans) ont elles rouvert une semaine plus tard. Pourquoi ce choix ? "Les Norvégiens ont vu que les petits n'étaient pas une population à risque parce qu'ils tombaient rarement malades", explique Pierre-Henry Deshayes, correspondant de l'Agence France Presse à Oslo. "Aller à la crèche est sans danger", a assuré la ministre de l'Education, Guri Melby.

Les plus petits ont aussi davantage besoin de la présence de leur enseignant que leurs aînés au collège, plus habiles pour suivre des leçons sur tablettes à la maison."Un éloignement prolongé de l'école à un stade aussi crucial, où on apprend à écrire, lire et compter, risquerait d'accroître les inégalités pour la suite de leur scolarité ont fait valoir les autorités", ajoute Pierre-Henry Deshayes. Ce choix est toutefois loin de faire l'unanimité du côté des parents. Sur Facebook, une page (en norvégien) intitulée "Mon enfant ne doit pas être un lapin de laboratoire pour le Covid-19" compte près de 30 000 membres. 

Ils préparent la rentrée sous conditions

 Des cours entre la maison et l'école aux Pays-Bas. Au pays des tulipes, les élèves de primaire seront les premiers à faire leur rentrée le 11 mai. Les classes devront être réduites et les cours donnés en alternance entre l'école et la maison. Concrètement : la moitié de la classe ira à l'école un jour et suivra les cours à distance le lendemain. "Ce sont des compromis difficiles, mais mieux vaut être prudent maintenant que d'avoir des regrets par la suite", a prévenu le Premier ministre, Mark Rutte.

La classe à temps partiel en Nouvelle-Zélande. La reprise est partielle et volontaire pour les élèves qui ne peuvent pas apprendre à domicile ou dont les parents ont repris le travail. Le ministère de l'Education a encouragé les enfants à rester à la maison et à suivre les cours à distance autant que possible. Pour ceux qui ne le peuvent pas, ils devront respecter les gestes barrières et seront répartis par petits groupes de 10 dans leur école.

Les espaces communs et les terrains de jeux resteront interdits. Selon le New Zealand Herald (en anglais), de nombreuses classes risquent toutefois de rester fermées encore un moment, en raison de l'inquiétude des parents à y envoyer leurs enfants ou de l'absence d'enseignants pour des raisons de santé.

• Les "bacheliers" prioritaires en Autriche. Si l'Autriche figure parmi les premiers pays européens à avoir rouvert ses commerces et entreprises, elle s'est montrée plus prudente en matière d'éducation. Le retour à l'école sera progressif à partir du 4 mai, avec tout d'abord la rentrée des 100 000 bacheliers afin qu'ils préparent leur examen de fin d'année. Les classes seront divisées en deux : un premier groupe aura cours du lundi au mercredi et le second du jeudi au vendredi.

• Masque obligatoire en Belgique. Tous les élèves de plus de 12 ans devront porter un masque ou une protection suffisante la journée en classe, rapporte la RTBF. Le retour à l'école sera progressif à partir du 18 mai en commençant par le primaire, relève La Libre. L'organisation sera déterminée dans chaque communauté : française, flamande et germanophone. Les salles seront réorganisées et ne pourront compter que 10 élèves. Chacun devra avoir un espace personnel de 4 m2, le double pour l'enseignant(e). Dans la Fédération Wallonie-Bruxelles, les repas chauds sont déconseillés dans les cantines et devront être remplacés de préférence par des repas froids servis en classe.

• Un retour en classe régionalisé en Allemagne. L'éducation relève des Länders (régions) en Allemagne. La plupart ont prévu de rouvrir leurs établissements scolaires à partir du 4 mai, dans des conditions pas toujours précises à ce stade. "Pour le moment, seuls les élèves de CM2 et de première sont censés retourner à l'école lundi. Les premiers pour éviter qu'ils aient trop de lacunes avant d'entrer au collège, les autres parce qu'ils vont passer l'Abitur (l'équivalent du bac) l'année prochaine et qu'il ne faut pas trop les pénaliser", explique Jeanne-Marie Corbel, professeure de français dans une école internationale privée à Berlin.

Ils n'envisagent pas de rentrée avant septembre

• Sauf pour les enfants de moins de 6 ans en Espagne. Les écoles resteront fermées jusqu'en septembre à l'exception des activités de remise à niveau ou pour les enfants de moins de 6 ans dont les deux parents ne peuvent pas télétravailler. 

Des cours facultatifs seront proposés aux étudiants ou lycéens qui préparent un examen ou un diplôme, soit l'équivalent de la seconde et de la formation professionnelle. Ils ne devront pas être plus de 15 par classe.

• Des risques de contagion encore élevés en Italie. Le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, a promis la réouverture des écoles pour septembre, dans une interview au quotidien La Repubblica (en italien). "L'école est au centre de nos pensées, (...) mais tous les scénarios préparés par un comité d'experts prévoyaient des risques élevés de contagion en cas de réouverture [avant septembre]", a-t-il déclaré. Seul l'examen de la "maturita" (équivalent du bac) sera maintenu, mi-juin, sous la forme d'un oral.

• Pas de plan au Royaume-Uni. A peine revenu de convalescence, le Premier ministre, Boris Johnson, a fait savoir que l'heure n'était pas à penser au déconfinement. La ministre de l'Intérieur, Priti Patel, a estimé "irresponsable" d'annoncer une date de réouverture des écoles. Le secrétaire d'Etat à l'Education, Gavin Williamson, a également averti qu'il n'y avait "aucun plan" pour rouvrir les classes avant l'été, cite BBC News (en anglais).

Selon lui, il faut d'abord attendre une baisse quotidienne du taux de mortalité et des données fiables montrant que le taux d'infection est tombé à "des niveaux gérables" avant d'envisager toute réouverture. Les examens seront évalués sur la base du contrôle continu.

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