Cet article date de plus de quatre ans.

Découverte de clusters : "Ca veut dire qu'on est capable de les repérer et de mettre en place la stratégie de tests", explique le président du Conseil scientifique

Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, revient sur franceinfo sur la découverte de nouveaux foyers de contamination et sur la tenue à venir du second tour des élections municipales.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, le 26 avril 2020. (JOEL SAGET / AFP)

La découverte de nouveaux foyers de contamination au coronavirus Covid-19 en France ces derniers jours peut questionner, inquiéter, neuf jours après le déconfinement. Mais pour Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, c'est positif, "ça veut dire qu'on est capable de repérer ces clusters et immédiatement de mettre en place la stratégie qui est de tester", a-t-il expliqué mercredi 20 mai sur franceinfo.

franceinfo : Depuis neuf jours la France est sortie du confinement, est ce que pour l'instant, les signaux restent tous au vert ?

Jean-François Delfraissy : On est en train de finir de construire ce signaux. Ça ne fait que huit jours, je pense qu'on aura une meilleure vision en début de semaine prochaine. Les Français sont peut être intrigués par la survenue de clusters divers et variés. On le prend plutôt positivement, ça veut dire qu'on est capable de repérer ces clusters et immédiatement de mettre en place la stratégie qui est de tester et d'isoler des personnes, et de s'emparer des cas contacts. Ne soyez donc pas étonnés dans une certaine mesure qu'on parle plus des clusters en ce moment. C'est une opération quand même assez extraordinaire cette sortie du confinement et on aura de meilleures données en début de semaine prochaine. Rappelons que lorsque nous sommes rentrés dans le confinement, le R0, le taux de contamination, était autour de 3 ou de 3,1, c'est à dire que chaque malade en contaminait 3 autres. Ce R0 était en sortie de confinement le 11 mai sur un plan national de 0,6. Mais c'est au plan national et tout le monde a bien conscience qu'il y a une hétérogénéité en France. Certains territoires avait un R0 un peu plus élevé, c'est le cas de la région parisienne, du Grand Est, par exemple, de la région lyonnaise. D'autres régions ont, comme par exemple le grand Sud-Ouest dans sa globalité, un R0 qui est plus bas.

Ça signifie pour l'instant qu'il n'y a pas d'hypothèse d'un re-confinement ?

Tout le monde a bien conscience qu'il faut tout faire pour éviter le reconfinement. Le confinement est une décision extrêmement lourde au plan sanitaire, mais aussi au plan social, au plan économique, et je ne suis pas sûr que la France puisse accepter dans sa globalité un deuxième confinement. Il faut donc tout faire pour éviter ce deuxième confinement. Pour ça, il faut avoir une attitude extrêmement agressive sur ce virus qui, lui même, est agressif. Il faut donc utiliser la technique, qui avait d'ailleurs été très utilisée en Allemagne avec les résultats qu'on connaît, de tester. De tester très largement, et d'aller à la recherche des personnes qui sont infectées. C'est mon message : au moindre doute, si vous avez une suspicion d'être contaminé, d'avoir été en contact avec quelqu'un, n'hésitez pas à rentrer dans le système et faites vous tester.

Concernant votre rapport au gouvernement sur l'organisation d'un possible second tour des municipales en juin, est-ce qu'il est trop tôt pour décider si on pourra voter dans un mois ?

C'est au gouvernement de prendre la décision, à la fois de mener un deuxième tour, et d'en préciser la date. Le Conseil scientifique est là pour éclairer les données, donner un message éventuellement d'alerte sur les conditions du scrutin. Nous, nous disons très clairement que si le gouvernement prend la décision de mener un deuxième tour, le temps de la campagne électorale sera très difficile. Clairement, la campagne électorale du deuxième tour qui pourrait avoir lieu, devra être totalement différente de ce qu'on a observé jusqu'à aujourd'hui. Pas de porte à porte, pas de réunions dans les marchés, de réunions publiques, parce que le risque est beaucoup trop grand et tout le monde peut le comprendre. Par contre, sur l'organisation même des élections, il y a un certain nombre de mesures qu'on détaille, en expliquant quels sont les risques, à la fois pour les électeurs, pour les bureaux qui s'occupent des votes, et le risque au niveau du dépouillement. Là, il y a toute une série de mesures et de recommandations qui peuvent être mises en place, qui doivent être mises en place s'il y a une décision de deuxième tour, et sur lesquelles tout le monde pourra s'accorder.

Est ce que ce virus peut disparaître avec l'été sous l'effet de la chaleur ou de l'humidité ?

Je ne suis pas sûr que ce soit les études scientifiques qui permettent de répondre à ça. Ça va d'abord être l'observation de tout ce qui va se passer d'où l'intérêt des indicateurs qui sont mis en place. Ce qu'on peut dire, c'est que quand on regarde les grandes pandémies de virus respiratoire, la majorité d'entre elles, en tout cas dans les pays tempérés, se sont clairement arrêtées ou ont profondément diminuéedurant l'été et que deux tiers d'entre elles a repris par contre à l'automne. Alors, est ce que ce coronavirus qui est particulier va être de ce type là ? Ce n'est pas exclu. Ce n'est pas exclu du tout et on peut imaginer qu'on ait une sorte d'accalmie pendant l'été et un retour à l'automne.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.