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Déconfinement : "En Alsace, nous ne sommes pas prêts", selon le président du conseil départemental du Bas-Rhin

Frédéric Bierry a aussi déclaré "craindre vraiment une deuxième vague" jeudi sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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Frédéric Bierry, lors de son élection à la présidence du conseil départemental du Bas-Rhin, le 2 avril 2015. (FREDERICK FLORIN / AFP)

"En Alsace, au regard du tribut qu'on a déjà payé, nous ne sommes pas prêts", a affirmé jeudi 7 mai sur franceinfo Frédéric Bierry, le président LR du conseil départemental du Bas-Rhin, après la présentation par le gouvernement des modalités de sortie du confinement. Le Bas-Rhin fait partie des départements classés rouges sur la carte du déconfinement. "La réalité sanitaire n'a pas été prise en considération", estime Frédéric Bierry. "Je crains vraiment une deuxième vague", a t-il ajouté. Le président LR du conseil départemental du Bas-Rhin a peur que "le désir des Français de se retrouver ait un impact important sur la relance de la pandémie".

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franceinfo : La région Grand Est fait partie des zones rouges de la France. Ce déconfinement ne vous plaît pas ?

Frédéric Bierry : Quand le gouvernement avait annoncé qu'il y aurait des départements verts et des départements rouges, j'avais eu le sentiment d'être entendu en tenant compte de la réalité sanitaire des territoires. Et quand je regarde concrètement entre les territoires rouges et les territoires verts, la différence est vraiment à la marge, sur les collèges, les parcs. Mais pour le reste, aujourd'hui, on nous propose le même type de déconfinement que des territoires qui ne sont pas atteints. Et à mes yeux, en Alsace, au regard du tribut qu'on a déjà payé, nous ne sommes pas prêts. La réalité sanitaire, pour moi, n'a pas été prise en considération. L'épuisement des soignants non plus. Je crains vraiment une deuxième vague.

Il aurait fallu avoir des règles encore plus strictes dans les zones rouges ?

C'est au cas par cas. Parce que là aussi, dans les territoires rouges, il y a des différences. Mais on était tout à fait en capacité de prendre les mesures adaptées aux réalités de chaque territoire. Les départements sont un périmètre adapté à ce travail en bonne intelligence entre les élus locaux, les services de l'État, la préfecture, l'ARS. Sauf que là, on a imposé la même date pour tout le monde. Par exemple, chez moi, il aurait fallu faire coïncider la date de déconfinement avec la capacité de livrer des masques pour l'ensemble des habitants. Le masque obligatoire est quelque chose qui m'apparaît fondamental. Et on sait très bien en France qu'on n'était pas en capacité de livrer l'ensemble des habitants en masques. Et c'est pour cette raison, à mon sens, qu'on a pris des demi-mesures, mais qui peuvent nous coûter cher.

Avec ce déconfinement, vous craignez un relâchement de la population ?

Dans mon territoire, où malheureusement le virus circule encore beaucoup, où les plateaux techniques dans les hôpitaux sont encore embolisés par une grande partie de malades, j'ai peur que le désir des Français de se retrouver aujourd'hui dans les zones rouges, où on pourra aussi se retrouver dans la rue à près d'une dizaine, ait un impact important sur la relance de la pandémie. Nos soignants aujourd'hui sont épuisés par le travail qu'ils ont effectué. S'ils doivent être confrontés à une deuxième vague, ils étaient notre maillon fort, je crains qu'ils deviennent notre maillon faible.

Est-ce que vous demandez au gouvernement qu'il revienne sur sa position ?

J'ai déjà dit à madame la préfète que je n'accepte pas la décision du maintien de la date du 11 mai sur notre territoire. Je pense qu'on peut avoir une graduation dans le déconfinement. On n'est pas prêts aujourd'hui sur un certain nombre de mesures. Il y a les masques que j'évoquais. Certaines entreprises ont pu prendre les mesures pour adapter leur outil de production, mais d'autres ne l'ont pas fait. Dans les écoles, on a envoyé il y a quatre jours, 60 pages d'exigences à l'ensemble des maires. Tous les maires n'ont pas la capacité, avec leurs équipes, de transformer les écoles pour adapter l'accueil. Donc, en fait, on confond vitesse et précipitation. Et dans notre territoire, je pense qu'on aurait pu proposer des choses plus intelligentes. Je considère aujourd'hui qu'il faudrait avoir un vrai système de réservation dans les transports publics pour éviter une promiscuité trop forte. C'est quelque chose qui n'est pas encore construit. Donc il y a toute une série de mesures qui justifient un peu plus de temps, comme la capacité de tester, de tracer et d'isoler les personnes. On fait un travail de qualité avec l'ensemble des acteurs publics du territoire, mais ce n'est pas prêt. Le fait de permettre à nos concitoyens de se retrouver dans les rues, moi, j'avoue que ça m'inquiète beaucoup.

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