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Covid-19 : sept questions sur les campagnes massives de dépistage qui commencent ce lundi au Havre et à Charleville-Mézières

Article rédigé par Guillemette Jeannot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Lors d'une opération de dépistage du Covid-19 organisée par la ville de Paris, le 7 juillet 2020. (GABRIELLE C?ZARD / HANS LUCAS)

Les campagnes de tests à grande échelle débutent lundi dans ces deux agglomérations très touchées par la seconde vague de Covid-19. Voici comment elles vont se dérouler.

Tester massivement pour lutter contre la propagation du Covid-19. L'idée est sur la table depuis plusieurs mois, mais elle va enfin être mise en application. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé le 10 décembre le lancement de "quatre opérations de dépistage de masse dans les prochaines semaines". Les deux premières agglomérations à tester ce dispositif dès lundi 14 décembre sont celles de Charleville-Mézières (Ardennes) et du Havre (Seine-Maritime). Elles seront suivies par les seules villes de Roubaix (Nord) du 11 au 16 janvier 2021 et de Saint-Etienne (Loire) aux alentours du 11 janvier 2021.  

Toutes deux volontaires, les agglomérations de Charleville-Mézières et du Havre se sont portées candidates auprès du ministère de la Santé. Ces campagnes de dépistage à grande échelle sont organisées "main dans la main avec les collectivités territoriales, en lien avec les préfets et les agences régionales de santé", a rappelé Olivier Véran. Le ministre a ajouté que ces campagnes sont "un levier d’expérimentation de notre stratégie 'tester, alerter, protéger' qui continue d’évoluer à mesure que nous apprendrons comment faire face à cette pandémie".  

1Pourquoi Le Havre et Charleville-Mézières ?

Ces deux villes et leur agglomération ont été fortement éprouvées lors de la seconde vague de Covid-19. Selon l'agence régionale de santé de Normandie (ARS), l’agglomération Le Havre Seine Métropole, qui compte 54 communes, a enregistré la plus forte incidence en Normandie durant cette période. Sa démographie, avec  270 000 habitants, ainsi que sa diversité géographique, mixant population urbaine et population rurale, sont des "caractéristiques adaptées à l’expérimentation" selon l'ARS. Elles doivent permettre de "confirmer la faisabilité matérielle et logistique d'une telle opération à grande échelle". La campagne de tests est prévue du 14 au 19 décembre.

La candidature de l'agglomération Charleville-Mézières-Sedan a également été acceptée "très rapidement", a indiqué le maire de Charleville, Boris Ravignon, lors d'une conférence de presse, vendredi 11 décembre. "Nous sommes l'un des départements de France les plus touchés avec plus de 210 cas confirmés positifs sur 100 000 habitants, si ce n'est le plus touché." C'est pourquoi les 122 000 habitants de la communauté d'agglomération, qui compte 58 communes, vont pouvoir bénéficier de cette campagne de dépistage massif lors de trois périodes : du 14 au 19 décembre, puis trois jours avant Noël (du 21 au 23 décembre) et enfin trois jours avant le jour de l'An (du 28 au 30 décembre).


2Qui gère ces deux campagnes de tests ?

Ces deux premières opérations sont menées en partenariat avec l'Etat d'une part et les agglomérations du Havre et de Charleville-Mézières d'autre part. Sur le terrain, les équipes nécessaires pour la réalisation des tests et le suivi des personnes positives sont réunies autour des maires et du préfet, de l'agence régionale de santé et de l'Assurance-maladie, qui codirigent l'opération. Les moyens humains et logistiques ont été établis sur la base d'une prévision du ministère de la Santé selon laquelle 15% à 20% de la population de ces agglomérations feront la démarche de se faire dépister. Ce qui serait "déjà un bon résultat" a rappelé Boris Ravignon, le maire de Charleville-Mézières.

3Comment vont se dérouler les tests ?

Toute une organisation est mise en place autour du dépistage afin non seulement de tester, mais également d'alerter et de protéger les volontaires au prélèvement nasopharyngé. L'agglomération du Havre a opté pour réaliser ces trois actions en un même lieu pour gagner en efficacité. Ainsi sera proposé à toute personne positive une "identification flash et exhaustive" de ses contacts à risque, ainsi qu'un appui concret à l’isolement avec "des conseils personnalisés et la mise en place d’une gamme de services", détaille l'ARS Normandie sur son site.

Dans les Ardennes, la partie test est indépendante de celle du "contact-tracing". L'antenne régionale de l'Assurance-maladie dit avoir doublé le nombre de ses brigadiers sanitaires, soit environ une vingtaine, afin d'assurer un appel téléphonique dès la transmission des coordonnées de la personne testée positive. De son côté, la mairie de Charleville s'engage à accompagner la démarche d'isolement des personnes positives en proposant un "panier de produits locaux" ainsi qu'une "dizaine d'entrées à la piscine", à utiliser une fois le virus vaincu. Des solutions de portage de repas et de courses sont également prévues par les services sociaux pour les personnes isolées. "Il est important que tout vienne jusqu'à vous, une fois isolé", précise le maire.

4Quels types de tests seront pratiqués ?

Le Havre et Charleville-Mézières, proposent un accès aux deux types de tests : RT-PCR et antigéniques"Les gens auront la possibilité de choisir entre le test antigénique, qui est plus rapide mais avec une fiabilité un peu moins bonne, et les tests PCR, qui sont plus sûrs mais plus longs dans les délais de réponse", assure le maire de Charleville. Les tests antigéniques proviennent des stocks de l'Etat. Quelque 30 000 tests ont été livrés dans le département des Ardennes.  

5Où auront lieu ces tests ?

Dans l'agglomération du Havre, une cinquantaine de sites déjà actifs (laboratoires, pharmacies et cabinets libéraux ou médicaux) participent à l'opération. La liste de ces lieux est régulièrement mise à jour sur le site de l'ARS Normandie. A cette liste s'ajoutent 20 sites éphémères "à gros volume", ouverts de 10 heures à 20 heures et où il est possible de se rendre sans rendez-vous. Certains établissements scolaires, grandes entreprises et établissements de santé et établissements médico-sociaux organisent également des opérations de dépistage. 

Du côté de Charleville-Mézières, les moyens actuellement mobilisés vont être augmentés. Selon le délégué territorial des Ardennes à l'ARS Grand Est, "82 sites de prélèvements PCR et 76 sites antigéniques" sont déjà opérationnels. "Nous allons mettre en ligne une carte interactive qui doit permettre aux Ardennais de trouver un lieu de dépistage proche de chez eux", complète le maire de Charleville. "Dans les lieux où il y a peu de moyens de mobilités, nous amenons une solution de dépistage en ouvrant huit sites dans des gymnases et salles municipales." Et quatre équipes mobiles sont également prêtes à se déplacer dans l'agglomération.

6Qui va réaliser les prélèvements ?

Dans l'agglomération du Havre, sur les sites éphémères, ce sont 20 médecins, 5 kinésithérapeutes, 6 pharmaciens, 120 infirmiers, 260 étudiants infirmiers et 40 secouristes formés qui seront sur le pont.

Mobilisation accrue également dans l'agglomération de Charleville-Mézières, où 72 personnes supplémentaires ont été recrutées. Etudiants infirmiers ou en médecine, sapeurs-pompiers, volontaires de la Sécurité civile ou encore de la Croix-rouge seront présents sur les sites de prélèvement de 15 heures à 19 heures. Quatre équipes mobiles sont aussi prêtes à couvrir les zones qui ne disposent pas de site de dépistage proche. Et 200 infirmiers libéraux peuvent se déplacer dans les entreprises privées et publiques afin de dépister les volontaires. "Nous mobilisons de façon accrue nos capacités de tests qui ont été très largement sous-utilisées ces dernières semaines", relève le préfet des Ardennes, Jean-Sébastien Lamontagne. 

7Dans quel délai les résultats seront-ils donnés ?

Le temps d'attente dépend du type de test réalisé. Pour les tests antigéniques, entre 15 et 30 minutes sont nécessaires. Pour un test RT-PCR, il faut entre 24 et 48 heures. Le mode de transmission des résultats dépend du lieu de prélèvement, informe l'ARS Normandie.

Quant à l'ARS du Grand Est, elle affirme que les capacités des laboratoires d'analyses ont été revues à la hausse. "Nos trois opérateurs se sont engagés à passer de 1 000 à 4 500 analyses par jour durant la campagne de tests massifs" précise le délégué territorial des Ardennes. 

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