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Covid-19 : qui pourra bénéficier en premier du vaccin en France ?

Dans les scénarios esquissés en juillet par la Haute Autorité de santé, les professionnels de santé sont prioritaires, tout comme les personnes à risque.

Article rédigé par franceinfo
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Un soignant prépare une seringue dans un hôpital d'Ankara (Turquie) dans le cadre de la troisième phase d'essais pour le vaccin contre le Covid-19 mis au point par les laboratoires Pfizer et BioNTech. (DOGUKAN KESKINKILIC / ANADOLU AGENCY / AFP)

Les Bourses mondiales ont sauté de joie. Les laboratoires Pfizer et BioNTech ont annoncé, lundi 9 novembre, un vaccin "efficace à 90%" contre le Covid-19, et leur carnet de commandes est déjà quasi-plein. Parmi les premiers clients, l'Union européenne. "La Commission européenne va bientôt signer un contrat avec eux pour 300 millions de doses", a indiqué sur Twitter la présidente de cette institution, Ursula von der Leyen.

Mais comment se passera la commercialisation en France ? Y a-t-il des publics prioritaires ? En l'absence de doctrine rendue publique par le gouvernement pour l'instant, des pistes ont été fournies le 23 juillet par la Haute Autorité de santé (HAS). Ce collège, qui participe à la définition de la politique vaccinale en France, a publié un rapport sur la stratégie de vaccination contre le Covid-19, en s'appuyant sur plusieurs scénarios. Voici les pistes qu'il a tracées, et qu'il soumet d'ailleurs à consultation publique.

Les personnes à risque

La Haute Autorité de santé rappelle au préalable que les populations prioritaires dépendent des objectifs fixés à la campagne de vaccination. S'il s'agit de réduire la mortalité associée au Covid-19 dans un contexte de forte circulation virale, il faut d'abord vacciner les personnes à risque (âgées de plus de 65 ans, atteintes de certaines maladies chroniques, cardiaques, diabétiques, etc.).

"Dans cette hypothèse, écrit l'organisme, le(s) vaccin(s) qui sera/ont utilisé(s) sont ceux qui auront démontré leur efficacité sur la prévention de la maladie ou la réduction des formes graves et leur innocuité dans ces populations".

"Si une telle stratégie était retenue, la population cible identifiée comme à risque de formes graves est à ce stade estimée à environ 23 millions (+ 8 millions de personnes obèses)."

La Haute Autorité de santé

dans un avis du 23 juillet

"En raison d'un schéma de vaccination très probablement à une ou deux doses, le nombre de doses nécessaire serait alors de 46 millions environ, évalue le collège. Il s'agit toutefois de chiffres très préliminaires qui nécessitent d'être affinés."

Le personnel soignant

Toujours dans l'objectif de réduire la mortalité, "la vaccination des professionnels de santé et des professionnels du secteur médico-social en première ligne apparaît primordiale dans la mesure où ils concourent à la diffusion de l'épidémie et à la transmission du virus aux populations vulnérables", estime la HAS. "Cette stratégie permettrait également de protéger directement ces professionnels du risque de contamination durant leur exercice professionnel", ajoute-t-elle. Seraient alors concernées, selon ses estimations, près de 3 millions de personnes : "La population des professionnels de santé est estimée à environ 1,8 million et celle des personnels du secteur médico-social à environ 1 million."

Pour la Haute Autorité de santé, les personnels soignants sont également prioritaires dans le cadre des autres objectifs à atteindre, qu'il s'agisse de réduire la diffusion de l'épidémie ou de maintenir les besoins vitaux au fonctionnement du pays.

"Dans tous les scénarios envisagés, les professionnels de santé et du médico-social de première ligne constitueront les cibles prioritaires incontournables de la vaccination."

La Haute Autorité de santé

dans un avis du 23 juillet

Les populations vivant en collectivité

D'autres populations peuvent être désignées comme devant figurer en haut de la liste. S'il s'agit de réduire la diffusion de l'épidémie, "un premier moyen est de cibler l'ensemble de la population susceptible d'être infectée", souligne la HAS. Encore faudra-t-il en avoir les moyens. "Si une telle stratégie était retenue, le besoin en vaccin est très important. La population adulte est en effet estimée en 2020 à environ 53 millions (données Insee 2020)".

Il existe sinon un second moyen, déroule la HAS : "Cibler les personnes les plus susceptibles de se contaminer. En l'état actuel des connaissances, sont concernées les populations vivant en collectivité ou vivant dans des conditions favorisant la promiscuité (par ex : hôpital, Ehpad, prisons, hébergements collectifs) et les populations fréquentant des lieux propices aux contacts multiples (par ex : entreprises, lieux clos et transports en commun…)".

"Selon une première estimation de chiffrage de ces populations cibles, environ 65 300 personnes détenues et 585 560 personnes hébergées en Ehpad seraient notamment à considérer."

La Haute Autorité de santé

dans un avis du 23 juillet

Les professionnels prioritaires pour le fonctionnement du pays

S'il s'agit de maintenir le fonctionnement optimal du pays (ou d'un territoire), il faudra, énumère la HAS, "cibler les professionnels assurant le maintien du fonctionnement des secteurs sanitaire et social, de la sécurité, de la défense, de l'énergie, de l'agroalimentaire, de l'éducation, du secteur bancaire". Une liste non exhaustive, puisqu'il peut exister "d'autres secteurs qu'il sera nécessaire de définir au sein du territoire national ou d'un territoire limité".

Les cas contacts potentiels

Enfin, dans le cas d'une circulation virale limitée, avec des clusters, la Haute Autorité souligne qu'on peut envisager une "vaccination en anneau ou 'en bouclier' des contacts de cas de Covid-19 (1er degré, 2nd degré) ou des lieux et collectivités dans lesquels surviennent les cas (vaccination en bouclier)".

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