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Covid-19 : "Nous refusons quasiment systématiquement les patients qui viennent du SAMU 93", s'alarme un professeur de l'hôpital de Bobigny

Les services de réanimation sont tellement saturés en Île-de-France qu'on va devoir expliquer aux familles qu'on envoie les patients à 600 km parce qu'on a décidé de ne pas "confiner l'Île-de-France pendant quatre semaines", déplore le Pr Stéphane Gaudry.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'hôpital Avicennes à Bobigny (Seine-Saint-Denis). (HAJERA MOHAMMAD / RADIOFRANCE)

Par manque de place, "nous refusons quasiment systématiquement les propositions de patients qui viennent du SAMU 93", a affirmé vendredi 12 mars sur franceinfo Stéphane Gaudry, professeur au service réanimation de l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Les services de réanimation en Île-de-France ne suivent plus le rythme incessant des malades touchés par le Covid-19. "Toutes les 12 minutes, nuit et jour, un Francilien est admis en réanimation", a indiqué jeudi Olivier Véran. Des évacuations de patients dans d’autres services de réanimation en région sont programmées.

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franceinfo : Quelle est la situation dans votre hôpital ?

Stéphane Gaudry : La situation est maintenant très tendue depuis plusieurs semaines. Et on va dire que depuis une dizaine de jours, on assiste à un vrai changement de cinétique avec beaucoup plus de malades et surtout des malades beaucoup plus graves hospitalisés dans les réanimations, ce qui nous conduit à laisser des malades un peu limite dans des secteurs qui ne sont pas des réanimations. On est vraiment dans une situation très, très compliquée. C’est en tout cas la situation locale en Seine-Saint-Denis, mais également la situation en Ile-de-France de manière un peu plus générale.

Il vous reste de la place en réanimation ?

Non, non. On n’a plus de place en réanimation maintenant depuis plusieurs jours, donc on a un certain nombre de malades qui sortent de réanimation du fait du flux sortant et qui nous permettent de faire occasionnellement des places. Mais dans les heures qui suivent, dès qu'il y a une place de disponible, la place est prise. Depuis maintenant plusieurs jours, nous refusons quasiment systématiquement les propositions de patients qui viennent du SAMU 93, par exemple. Donc, ils doivent envoyer les malades du SAMU 93 dans d’autres lieux d’Île-de-France, où il y a encore un petit peu de place.

Le gouvernement a-t-il fait une erreur de ne pas confiner ?

Une fois de plus, les faits scientifiques et les propositions des scientifiques, en particulier du Conseil scientifique qui avait fait une recommandation en janvier pour éviter la situation dans laquelle nous sommes, n'ont pas été suivis. Consciemment ou probablement pour des raisons économiques, politiques, mais surtout politiques, je pense, nous aboutissons à cette situation-là et maintenant, c'est vrai qu'il est difficile d’assumer pour nos dirigeants qu’ils ont fait une erreur, mais ça peut arriver à tout le monde.

"Je pense qu'il est temps de réagir parce que nous sommes en train de proposer à des patients d'être transférés à 600 kilomètres de leur famille."

Stéphane Gaudry, professeur au service réanimation de l'hôpital Avicenne de Bobigny

à franceinfo

Il faut imaginer un patient, avec un pronostic vital engagé dans un service de réanimation qui a sa famille à côté de l'hôpital, on va expliquer à cette famille : "Écoutez on l’envoie à 600 km parce qu'on a pris une décision, celle de ne pas confiner l'Île-de-France pendant quatre semaines".

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