Covid-19 : les cinémas demandent un aménagement du couvre-feu, pour que "les spectateurs puissent venir à la séance du soir"
S'il n'y a pas de séances du soir, les distributeurs menacent "de revoir l'ensemble de leurs plans". Les sorties sont en effet nationales. "Ce qui veut dire que si un film n'est pas sorti à Paris, vous ne pouvez pas le sortir en Bretagne", plaide la Fédération nationale des cinémas français.
"Nous avons demandé à la ministre de la Culture et nous demandons au gouvernement que les spectateurs puissent rentrer après 21 heures chez eux grâce à leur billet", a déclaré vendredi 16 octobre sur franceinfo Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français, alors que le couvre-feu s'applique vendredi soir à minuit en île-de-France et dans huit autres métropoles françaises. L'enjeu est de maintenir les sorties de films. Dans le cas contraire, les distributeurs menacent "de revoir l'ensemble de leurs plans".
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Vous craignez que les gens ne viennent plus au cinéma, c'est pour ça que vous proposez un aménagement. Quelle est votre idée ?
Marc-Olivier Sebbag : Nous avons demandé à la ministre de la Culture et nous demandons au gouvernement que les spectateurs puissent rentrer après 21 heures chez eux, comme ce qu'a annoncé jeudi le Premier ministre pour les trains et les avions. Sans cela, on ne pourrait pas faire une séance dite du soir. La dernière séance serait à 18 heures, il faudrait la terminer pour 20h30 pour que les gens aient le temps de rentrer chez eux.
Les séances du soir, pour les cinémas, c'est la moitié de la fréquentation.
Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas françaisà franceinfo
La moitié des spectateurs viennent le soir. Ce serait donc dramatique pour les cinémas dans les zones de couvre-feu mais ce serait dramatique pour tous les cinémas en France. Parce que quand les distributeurs sortent un film, ils le sortent nationalement. Ce qui veut dire que si un film n'est pas sorti à Paris, vous ne pouvez pas le sortir en Bretagne. Donc la conséquence de ne pas avoir de séance le soir ce serait que les distributeurs ne puissent plus sortir de films où ils auraient la moitié de leur activité et de leur chiffre d'affaires potentiel qui seraient supprimés.
Vous semblez avoir le soutien de la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, qui demande à ce que le billet de théâtre ou de cinéma fasse office de justificatif, ce serait aussi votre idée ?
Oui, c'est exactement ça. Nous avons rencontré la ministre jeudi et les gens du théâtre ont fait la même chose. Nous avons exactement la même problématique. Nous échangeons beaucoup avec le milieu du théâtre. Les cinémas et les théâtres ont le guide sanitaire le plus sûr, le plus strict, le mieux appliqué, parce qu'on cumule les règles et les spectateurs sont extrêmement disciplinés. Tout se passe très bien. Il n'y a jamais eu de cluster identifié. Si nous n'avons pas cet aménagement, les théâtres et les cinémas fermeront. Ce billet donne le titre du film lors de la séance, le jour qui prouve qu'on a été au spectacle etc. Les spectateurs auront leur ticket ce qui sera très simple à contrôler pour la police et ça permet aussi d'étaler le retour à la maison. Il faut que la culture puisse avoir lieu dans ce pays et que le gouvernement nous accorde cet aménagement pour la culture. Il faut laisser la culture exister et qu'elle ne soit pas la première victime de ce couvre-feu qui, par ailleurs, est instauré pour des raisons sanitaires que l'on comprend tout à fait.
Vous pensez que cette idée peut convaincre les distributeurs de maintenir les sorties de films dans les prochaines semaines ?
Oui, effectivement.
Ce qu'ils nous ont dit, c'est que s'il y a une séance du soir, la sortie d'un film est possible.
Marc-Olivier Sebbag
S'il n'y a plus le soir, ils sont obligés de revoir l'ensemble de leurs plans. Et malheureusement, ce qu'on a connu avec les films américains qui - pour cette raison de la fermeture des cinémas aux États-Unis - ont annulé la sortie de leurs films en France, on le connaîtrait cette fois-ci avec les films français. Si les cinémas peuvent fonctionner à peu près normalement, si les spectateurs peuvent venir à la séance du soir, ça change tout pour nous. Il y a un effet domino : pendant les vacances de la Toussaint, il n'y a aucun problème puisque les films viennent de sortir. Donc, l'offre de cinéma est récente. Elle est même toute neuve. Si je puis dire. Et elle est très diverse, des films pour les enfants et des films d'action, des films pour le public adolescent adulte. Mais au bout d'un moment, d'ici trois ou quatre semaines, il n'y aura plus de films nouveaux à l'affiche. Donc notre problématique elle est à moyen terme, elle n'est pas immédiate mais elle est réelle. Les distributeurs et les professionnels du secteur vont douter : est-ce qu'un nouveau couvre-feu sera instauré ? Est ce qu'on pourra rester à l'affiche ?
Selon vous, l'ouverture des salles dès 8 heures du matin, comme l'annonce le groupe MK2, ça peut être une solution aussi ?
C'est un aménagement de la grille horaire qui n'est pas suffisant. Ce n'est pas parce que vous pouvez aller au cinéma à 8 heures du matin que vous remplacez le projet que vous aviez d'aller au cinéma avec votre famille ou vos amis le soir. C'est donc une réorganisation, mais ce n'est pas une solution.
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