Covid-19 : "Le mot de vague est trop fort", estime le professeur Alain Fischer face à l'augmentation du nombre de cas
"On est dans un contexte où nous avons un changement de météo favorable au virus", rappelle le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer. Pas d'inquiétude pour l'heure, selon lui, mais il faut rester vigilants.
Alors que le nombre de nouveaux cas de Covid-19 est en hausse depuis la mi-octobre et est repassé au-dessus de l'objectif de 5 000 nouveaux cas quotidiens détectés, le professeur Alain Fischer, qui préside le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, a estimé, jeudi 4 novembre sur franceinfo, qu'il ne fallait pas parler de nouvelle vague. "Le mot est trop fort, l'augmentation est modérée et on est très loin d'une saturation des hôpitaux", explique-t-il.
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Il n'y a pas lieu non plus d'élargir à ce stade la vaccination aux enfants de 5 à 11 ans, comme aux États-Unis, car là-bas, "il y a beaucoup plus d'enfants hospitalisés pour formes graves du Covid". En revanche, le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale appelle les pharmaciens et les médecins à sensibiliser les personnes atteintes de comorbidité, pour qu'elles fassent leur dose de rappel, comme les plus de 65 ans.
franceinfo : Êtes-vous inquiets de l'augmentation du nombre de cas depuis la mi-octobre ?
Alain Fischer : Elle n'est pas très forte, mais elle est présente. Elle nécessite une vigilance. On est dans un contexte où nous avons un changement de météo, favorable au virus. Donc je ne suis pas dans l'inquiétude, mais dans la vigilance. On est très loin d'une saturation des hôpitaux. Il y a malheureusement trop de personnes hospitalisées pour Covid, notamment en soins intensifs. Elles sont environ 1 100 aujourd'hui. À vrai dire, il y a une autre préoccupation qui est celle des enfants, des bronchiolites, qui justifie une action avec un double but. Bien respecter les gestes barrière, le port du masque, le lavage des mains, l'aération dans les espaces clos pour éviter le Covid, mais aussi les infections hivernales, dont les bronchiolites qui, là, peuvent saturer les lits de pédiatrie dans les hôpitaux. En revanche, le mot de vague est trop fort pour désigner l'augmentation des nouveaux cas de Covid-19. Il y a une augmentation modérée, suivie de très près, et qui peut nécessiter des adaptations comme le retour du port du masque obligatoire dans un certain nombre de départements pour les enfants à l'école. C'est une mesure d'adaptation raisonnable.
Une dose de rappel est recommandée pour les plus de 65 ans et pour les personnes fragiles atteintes de comorbidité. La moitié du public a bénéficié de cette nouvelle dose. Est-ce que la communication autour de cette dose de rappel a été à la hauteur ?
Je ne sais pas, on fera l'évaluation plus tard. Ce que l'on observe, c'est qu'effectivement, les personnes âgées se vaccinent bien. Et puis, en plus, elles reçoivent en même temps le vaccin antigrippal. Pour les personnes atteintes de maladies chroniques, cardio-vasculaires, de cancers, en situation d'obésité, de maladies auto-immunes, c'est le rôle de tous les professionnels de santé de bien avertir ces personnes. Il faut les sensibiliser à l'importance de ce rappel, parce qu'elles sont aussi fragiles. Si elles attendent un peu trop, elles risquent éventuellement de devoir subir une hospitalisation pour une forme sévère de la maladie. Il faut vraiment mobiliser toutes les énergies, celles des médecins, des pharmaciens qui vaccinent beaucoup contre la grippe et ont l'occasion de sensibiliser les personnes. Enfin, il y a aussi un million de personnes qui a reçu une injection du vaccin Janssen, un peu moins efficace que les autres vaccins. De ce fait, ces personnes-là doivent aussi recevoir un rappel maintenant.
Aux États-Unis, les enfants âgés de 5 à 11 ans peuvent désormais recevoir le vaccin Pfizer. Recommandez-vous que cet élargissement soit appliqué en France, si l'Agence européenne du médicament donne son feu vert ?
Pas pour l'instant. Aux États-Unis, la situation n'est pas aussi favorable qu'en France. Beaucoup plus d'enfants sont hospitalisés pour des formes graves, liées au fait que beaucoup d'enfants sont en situation d'obésité là-bas. C'est donc légitime, dans ce contexte, qu'ils commencent la vaccination des jeunes enfants. En France, on peut se permettre d'attendre un peu. De voir comment les choses vont se passer aux États-Unis, d'évaluer le nombre d'enfants hospitalisés, la circulation du virus chez les enfants, s'il y a des fermetures de classe.
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