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Covid-19 : légère reprise des contaminations, quand "un lit se libère, un malade rentre", prévient l'infectiologue Gilles Pialoux

Invité vendredi sur franceinfo, Gilles Pialoux, infectiologue, est revenu sur la recrudescence des cas de Covid-19 et la gestion des patients dans les hôpitaux.

Article rédigé par franceinfo
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Gilles Pialoux, chef du service Maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon à Paris, le 28 octobre 2020. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Un lit se libère, un malade rentre", a assuré vendredi 29 octobre sur franceinfo Gilles Pialoux, infectiologue et chef du service Maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon, à Paris. Dans une quarantaine de départements, la barre symbolique des 50 malades atteints du Covid-19 pour 100 000 habitants est désormais dépassée.

franceinfo : Êtes-vous préoccupé ?

Gilles Pialoux : Oui, on est préoccupé. C'est vrai que l'on n'a pas la même situation que l'Angleterre ou que certains pays d'Europe de l'Est, ça remonte beaucoup plus. On a un taux de vaccination qui est très élevé, mais là, on est dans une situation qui est complètement différente, c'est-à-dire qu'on a à la fois une circulation virale qui augmente sensiblement et qui continue d'augmenter. Puis, on a cette conjonction, cet alignement de problématiques, c'est-à-dire à la fois la reprise du Covid attendue à cause de l'hiver, du relâchement des gestes barrières et de l'insuffisance vaccinale pour certaines populations, et on a l'arrivée des pathologies hivernales aux urgences, et l'épuisement du personnel.

Dans mon service, j'ai huit lits dédiés au Covid : un lit se libère, un malade rentre, à 80% des non-vaccinés.

Gilles Pialoux

à franceinfo

La bronchiolite, effectivement, fait partie de ces maladies hivernales, la grippe ne va pas tarder à arriver, mais dans le même temps, vous avez commencé à le dire, il y a bientôt 50 millions de personnes entièrement vaccinées en France, les trois quarts de la population. Peut-on avoir une cinquième vague dans ces conditions ?

Gilles Pialoux : Il ne faut pas perdre de vue que cette vaccination, qui protège très efficacement des formes sévères de l'hospitalisation, du passage en réanimation et bien sûr des décès, a permis d'atténuer la quatrième vague. Je ne sais pas si c'est une cinquième vague parce que finalement on n'a jamais vu le bas de cette quatrième vague. C'est une remontée par rapport à une circulation virale qui ne s'est jamais éteinte, contrairement à ce qui s'est passé dans l'été précédent, l'été 2020.

La vaccination limite mais, comme vous le savez, la vaccination ne touche pas tout le monde, elle échappe au moins de deux ans, à plusieurs millions d'adultes qui ne sont pas vaccinés, probablement à deux ou trois millions d'adultes qui devraient être vaccinés et qu'il faut aller chercher. C'est une limitation imparfaite et en plus c'est un vaccin qui protège mais qui n'empêche pas la circulation virale. 

Les gestes barrières sont majeurs : c'est ceinture de sécurité, plus airbag, plus limitation de vitesse, sinon on n'y arrivera pas.

Gilles Pialoux

à franceinfo

Les tests de dépistage Covid ne sont plus systématiquement remboursés depuis deux semaines. Leur nombre est en baisse : 2,3 millions la semaine dernière, c'est 700 000 de moins. Est-ce qu'on a perdu un indicateur précieux ?

Gilles Pialoux : Oui, on a perdu un indicateur précieux. Après, on va voir si Santé publique France peut arriver à faire des données corrigées. Effectivement, on a perdu 24% de dépistage chez les asymptomatiques essentiellement parce que c'était eux qui n'avaient pas d'ordonnance et donc ne sont pas pris en charge. C'est une décision politique qui est basée sur l'économie et qui n'est pas basée sur la santé. C'est très important. On n'arrêtait pas de prendre en exemple le Danemark, qui est le premier pays à confiner, le premier pays à faire le pass, le premier pays à enlever le pass.

Le Danemark connaît une résurgence de son virus mais a une force de réactivité qui est très importante. C'est ça qui est important, on ne peut pas prédire, c'est comme la météo. On n'a pas de visibilité au-delà de 7 jours ou de 14 jours du remplissage de l'hôpital et donc il faut une réactivité très importante et le taux d'incidence permet entre autres d'avoir une réactivité sur les mesures et les prises de décision.

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