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Covid-19 : il n'y a pas assez de médecins pour former les "élèves aux autotests", s'inquiète le Syndicat national des médecins scolaires

"Dans la théorie, tout ça est très bien pensé et va dans le bon sens mais dans la pratique, on se heurte à des problèmes", souligne Claudine Némausat, secrétaire générale adjointe du SNMSU-Unsa Éducation.

Article rédigé par franceinfo
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Un test salivaire réalisé à l'école le 1er mars 2021. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

"J'ai du mal à imaginer que les médecins pourront, à part très ponctuellement, s'occuper de la formation des élèves aux autotests", a expliqué à franceinfo  vendredi 23 avril, le docteur Claudine Némausat, secrétaire générale adjointe du SNMSU-Unsa Éducation, le Syndicat national des médecins scolaires et universitaires. Les conditions de réouverture des écoles, collèges et lycées, avec notamment le déploiement d'autotests, ont été détaillées jeudi par le gouvernement.

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Pour les élèves de plus de 15 ans et le personnel de l'Éducation nationale, le gouvernement a commandé 64 millions d'autotests. Les personnels réaliseront le test chez eux dès la rentrée du 3 mai. Puis, à partir du 10 mai, les lycéens y seront soumis chaque semaine, au sein de leur établissement.

franceinfo : Pour le moment, l'idée, c'est que les lycéens, se testent deux fois par semaine, ça va se passer comment concrètement ?

Claudine Némausat : Pour le moment, je ne peux pas vous le dire puisque nous ne sommes pas destinataires des conditions réelles [d'application] de ces autotests. Donc, je pense que nous aurons des précisions probablement dans le courant de la semaine prochaine. Il faudra que ça soit opérationnel pour le 10 mai. Mais, nous, les médecins scolaires, on est 800 pour toute la France. On a chacun deux ou trois lycées qui sont dans notre secteur et les infirmiers et infirmières sont déjà, eux aussi, très mobilisés sur l'accueil des enfants qui ont des difficultés liées au Covid, que ce soit psychologique ou justement la gestion des cas qui se déclarent et du contact tracing. Donc, sincèrement, j'ai du mal à imaginer que les médecins pourront, à part très ponctuellement, s'occuper de la formation des élèves aux autotests. Comme on dit "autotest", forcément, c'est la personne elle-même qui le fait. Et dans l'allocution de Jean-Michel Blanquer, il a parlé de la semaine du 3 mai, d'activités pédagogiques, de tutoriels et de personnels formés qui, pendant une semaine, expliqueraient aux élèves de quoi il s'agit. Alors, j'aimerais bien savoir qui sont ces personnels ? Par qui seront-ils formés ? Nous n'avons pas de précisions à ce niveau-là.

En attendant, dès lundi, ce sont 400 000 tests salivaires qui vont être déployés dans les écoles. C'est simple à déployer des tests salivaires ?

C'est une grosse organisation au niveau logistique pour les directeurs d'école et pour les chefs d'établissement. Et on a effectivement quelques médiateurs qui ont été embauchés pour aider à la logistique et à la passation des tests. Mais c'est très inégal, c'est-à-dire qu'il y a des endroits où ça marche à peu près bien et il y a des endroits où c'est très, très compliqué. 

"Il faut à l'avance avoir l'autorisation des parents, obtenir les numéros de carte Vitale, faire des tableaux avec les noms, les numéros de carte Vitale pour que le laboratoire puisse éditer des étiquettes pour les prélèvements. Ça ne se fait pas comme ça d'un claquement de doigts."

Claudine Némausat, secrétaire générale adjointe du SNMSU-Unsa Éducation

à franceinfo

C'est une grosse organisation.

Donc vous n'êtes pas prêts ?

Aujourd'hui, on n'est pas prêts. Dans la théorie, tout ça est très bien pensé et va dans le bon sens, qui est de casser les chaînes de transmission. Ça, c'est la théorie. Mais dans la pratique, on se heurte à des problèmes, par exemple l'histoire des capteurs de CO² et des purificateurs d'air, c'est pas du tout, du tout, du tout au point. À chaque niveau, il y a des écueils et quelquefois, la théorie se heurte à la réalité.

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